L'un des plus grands poètes français et l'un des pères fondateurs de la Pléiade :

             
                  Joachim du Bellay - 1522-1560

Pour ceux qui ne sont jamais allés plus loin que le premier vers, voici l'une de ses oeuvres les plus connues :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un long voyage

Ou comme ceystui-là qui conquit la Toison,

Et puis est retourné, plein d'usage et raison,

Vivre entre ses parents le reste de son âge.

Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village

Brûler la cheminée et en quelle saison

Reverrai-je le clos de ma pauvre maison

Qui m'est une province et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,

Que des palais romains le front audacieux ;

Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,

Plus mon Loire Gaulois que le Tibre Latin,

Plus mon petit Liré que le mont Palatin

Et plus que l'air marin, la douceur Angevine

Ce sonnet, qui appartient, il me semble, aux recueil des "Regrets", fut composé, dit-on, alors que Joachim occupait à Rome la place de secrétaire du cardinal Jean du Bellay. Sa perfection tient non seulement dans sa forme mais surtout dans la sincérité et la douceur mélancolique des sentiments exprimés. Tous ceux qui ont, un jour ou l'autre, ressenti le mal du pays se reconnaissent instinctivement dans ce poète qui pleure son exil. ;o)