Lucie Delarue-Mardrus, poétesse saphique (I).
Par woland le jeudi, août 30 2007, 00:12 - Poésie - Lien permanent
Lucie Delarue-Mardrus jeune femme.
Cette jeune fille d'excellente famille, que ses proches surnommaient "Princesse Amande", faillit bel et bien épouser Philippe Pétain - comme quoi celui-ci avait au moins bon goût en matière de femmes.
Mais Lucie Delarue, qui devint Lucie Delarue-Mardrus par son mariage avec un médecin extrêmement tolérant, aima bien plus les femmes que les hommes. Bien qu'elle sculptât et se fît remarquer de la bonne société parisienne également par sa prose, c'est surtout en qualité de poétesse que la mémoire littéraire a conservé son nom. Voici l'un de ses poèmes les plus célèbres :
SI TU VIENS
Si tu viens, je prendrai tes lèvres dès la porte,
Nous irons sans parler dans l'ombre et les coussins,
Je t'y ferai tomber, longue comme une morte,
Et, passionnément, je chercherai tes seins.
A travers ton bouquet de corsage, ma bouche
Prendra leur pointe nue et rose entre deux fleurs,
Et t'écoutant gémir du baiser qui les touche,
Je te désirerai, jusqu'aux pleurs, jusqu'aux pleurs !
- Or, les lèvres au sein, je veux que ma main droite
Fasse vibrer ton corps - instrument sans défaut -
Que tout l'art de l'Amour inspiré de Sapho
Exalte cette chair sensible intime et moite.
Mais quand le difficile et terrible plaisir
Te cambrera, livrée, éperdument ouverte,
Puissé-je retenir l'élan fou du désir
Qui crispera mes doigts contre ton col inerte !
Lucie Delarue-Mardrus après la Grande Guerre.