Mouais ...

Plusieurs remarques :

1) Je trouve aberrant qu'on ait fait, du plus épais à ce jour des romans de la série, le film le plus court (2 h 17). Je conçois très bien qu'il soit impossible de faire tenir une intrigue aussi complexe dans un film mais là, franchement, je n'ai pas l'impression qu'on ait cherché à faire quelque chose de cohérent ! La seule chose dont je suis sûre, c'est qu'on a voulu pulvériser les records de brièveté !

2) Pourquoi avoir changé de scénariste alors que Steve Kloves avait fait de l'excellent travail avec "La Coupe de Feu" ? C''est une faute impardonnable. S'il y a bien une technique à maîtriser pour devenir scénariste, il y a aussi une intitution, un sens de l'image et du dialogue qui sont indissociables de cette profession et que ne possède manifestement pas le scénariste de "L'Ordre du Phoenix."

3) Pourquoi ce montage visiblement bâclé ? Les coupes sont d'autant plus visibles pour ceux qui ont lu le roman - et je ne dis rien des cinéphiles. Il est clair - pour moi, cela ne fait aucun doute - que Yates a tourné d'autres scènes. (On prétend même que, à l'origine, le film durait 3h 30 !) Et qu'elles ont été coupées en dépit du bon sens, uniquement, semble-t-il, pour pouvoir dire qu'on avait coupé et que le film était donc plus court. Hitchcock, je crois, disait que tout se jouait au montage. Mais alors là, avec cet "Ordre ...", tout est perdu à l'avance !

4) Ces dialogues, si plats, si mièvres ! ... A côté d'eux, ceux des opus de Colombus étaient de la dynamite !!!

5) Enfin, toutes ses invraisemblances !!! Plus aucune rage chez Sirius Black, plus aucune rebellion ! L'attaque des détraqueurs est mise sur le compte de Voldemort alors qu'il est impossible, psychologiquement parlant, qu'un type comme lui délègue le pouvoir de tuer Harry Potter à deux minables détraqueurs !!! La maison du square Grimaurd n'a pas été suffisamment exploitée. Non plus que le personnage de Kreattur ...

Le roman de Rowling dépeint en fait l'étouffement et l'incompréhension qui assiègent son héros et coïncident si souvent avec l'adolescence. La remise en question du Père, aussi bien par le personnage de Sirius, le père adoptif, que par celui de James Potter, entrevu dans les souvenirs de Rogue et même par celui de Dumbledore, le père "mythique", constitue (à mon sens) le pivot même du livre.

Eh ! bien, rien, rien dans le film. Tout y est bâclé et comme au ralenti - ceci malgré de beaux effets spéciaux, notamment pour les sombrals et les détraqueurs (plus repoussants mais aussi, hélas ! plus hollywoodiens que dans l'épisode 3. La remarque vaut aussi pour les masques des Mangemorts, que j'avais trouvés tout bonnement géniaux dans le 4 et qui ont été remplacés ... par des hybrides, un tiers Dark Vador, un tiers "Scream" et un tiers "Terminator.")

Daniel Radcliffe, Alan Rickman, Imelda Staunton et quelques autres (dont les jeunes acteurs qui entourent habituellement Radcliffe) s'en tirent très bien et cela est tout à leur honneur. Quant au cinéaste, ma foi, je n'ose aucune critique : vu le rapport qu'il a cherché à établir entre la sexualité d'Ombrage et le plaisir sadique qu'elle prend à punir les élèves - rapport que sous-entend parfaitement Rowling dans le livre - je répète qu'il a certainement tourné autre chose et qu'il est impossible qu'il ait eu accès au montage. Ou alors, il est complètement schizophrène !!!! (Dieu merci ! Les pontes hollywoodiens de la Warner n'ont, semble-t-il pas, saisi l'ambiguïté d'Ombrage en ce domaine, ce qui a valu à la scène d'être préservée !)

Bref, ce film, qui aurait dû être un hymne à l'anti-conformisme - comme l'est d'ailleurs le roman - est une morne plaine, sans relief et aussi bien ordonnée et sans surprises que les chatons sur les assiettes d'Ombrage.

La semaine prochaine, ma cadette et moi, on relit le livre : ça nous fera du bien. ;o)