The Blood Doctor Traduction : Johan-Frederik Hel-Guedj

En dépit de quelques longueurs et de pas mal de complexités qui peuvent rebuter le lecteur lambda, "Crime par Ascendant" est un roman passionnant que l'on dévore d'un bout à l'autre bien que, on le sent tout de même, nous soyons loin avec ce livre d'un crime classique.

Comme dans "Le Journal d'Asta", c'est un peu comme si Rendell affinait la définition du mot "meurtre." Je m'explique : un parent qui abuse sexuellement de ses enfants ne les "tue" pas au sens physique du terme ; mais il tue pourtant en eux quelqu'un qui ne ressuscitera plus jamais au cours de leur vie d'adulte. Pourtant, même si la loi reconnaît ce parent passible d'un crime dans le cas où il se fait prendre, elle ne saura le condamner pour meurtre.

Et pourtant, il s'agit bel et bien d'un meurtre.

Dans le cas de Henry Nanther, médecin ordinaire de la reine Victoria et spécialiste de l'hémophilie, c'est d'un crime moral ou spirituel qu'il s'agit, doublé au moins d'un crime physique qui cependant aurait pu être très difficilement jugé devant une cour.

Pas d'inceste cependant, pas d'agression sexuelle. Il semble bien qu'Henry ait été porté sur les hommes plus que sur les femmes mais ce victorien exemplaire était aussi un terrible refoulé. Sa vie sexuelle est celle de tout gentleman bien né de l'époque : une maîtresse qu'on entretient et que l'on abandonne lorsqu'on se marie, une épouse fidèle et une flopée d'enfants. Et puis le travail, la situation sociale - pour lui privilégiée.

Henry n'a guère aimé ses filles mais il mourut après le coup fatal que lui porta le décès du dernier de ses fils, George. De quoi le jeune garçon est-il mort justement ? Tout le problème est là.

Très lentement, la vérité va s'imposer à son descendant direct, Martin, quatrième lord Nanther, qui a entrepris de rédiger sa biographie. Une vérité qu'il a tout d'abord bien du mal à distinguer puisque, en parfaite harmonie avec le siècle où vécut "le docteur sanglant", elle apparaît tout d'abord surchargée de détails plus ou moins auxiliaires, semblables à ces bibelots et à ces ramasse-poussière dont les intérieurs victoriens se trouvaient envahis.

Peut-être le lecteur comprend-il avant Martin mais le plaisir d'une intrigue bien menée reste tout de même au rendez-vous de ce livre qui tient plus du roman psychologique classique que du roman policier. ;o)