Il est paradoxal de constater avec quelle facilité Louis XIV, qui avait eu toute son enfance pour réaliser le danger qu'il y a à donner trop de puissance aux princes du sang et aux Grands, sombra dans l'erreur de renier ses principes par amour et orgueil paternels.

Son père avait dû lutter toute sa vie contre les complots de son frère cadet, Gaston d'Orléans, père de la Grande Mademoiselle. A cette époque, Gaston épaulait surtout leur mère, Marie de Médicis.

Devenue Régente, Anne d'Autriche avait dû subir elle aussi les folies de Monsieur, allié cette fois-ci aux Grands - dont les Condé.

Hantée par l'idée que son cadet, Philippe, pût un jour s'opposer à Louis, Anne, avec la bénédiction de Mazarin, fit d'ailleurs tout pour féminiser les goûts du plus jeune de ses fils. On sait qu'elle y réussit fort bien.

Dans la même optique, Philippe, que la mort de son oncle Gaston avait fait "Monsieur", fut toujours fermement invité à réfréner les qualités pourtant importantes qu'il semblait posséder quant à l'art de la guerre.

Pourtant, rien de tout cela ne devait empêcher Louis XIV de faire conférer à ses bâtards un rang et une puissance qui choquèrent les contemporains. Son instrument principal en cette affaire fut le président de Harlay.