L'Oiseau de Malheur.
Par woland le mardi, juin 5 2007, 15:23 - In Danielis Memoriam. - Lien permanent
Hier, David devait conduire Fanchette, la chatte de notre mère, chez le vétérinaire. Mais c'était tout ce que je savais : de l'heure du rendez-vous, je ne connaissais rien.
A 16 heures, coup de fil. RM effondrée au téléphone. J'en conclus que le médecin a découvert quelque chose de grave chez le petit animal - après tout, Fanchette a plus de vingt ans et cela n'aurait eu rien d'étonnant.
Réponse de RM :
- " ... Mais non : David n'est pas encore passé chez le vétérinaire : il avait rendez-vous à 16 h 30. Je pleure parce que ma maison est si vide sans elle ... Et si elle meurt, que vais-je devenir ? ... Je n'ai plus qu'elle ..."
Là, brusquement, tout ce qui m'entourait s'est trouvé aboli. Je me suis assise, j'ai pris une longue inspiration et j'ai non pas revu mais senti une bonne partie de ma vie. Plus exactement, j'ai senti mon enfance, mon adolescence et mes premières années de jeune fille qui soufflaient sur moi en tempête, à jamais contaminées par cet art où notre mère n'a jamais rencontré son égal et qui consiste à se plaindre copieusement d'un malheur qui n'existe pas encore. et qui, si ça se trouve, ne prendra jamais corps. Jadis, je lui disais que, en agissant ainsi, elle attirait le Malheur. Jadis, j'essayais de la consoler. Jadis, je croyais en elle. Mais hier, je n'ai rien dit de tout cela. Cela fait si longtemps maintenant que je crois plus en sa sincérité.
J'avais envie de lui taper desssus - avec quelques pédophiles aperçus au détour d'une enquête télévisée, notre mère est la seule personne qui me fasse cet effet-là - et de lui dire des choses horribles. Mais je me suis dominée - avoir écrit toute la matinée m'a préservée. J'ai parlé le langage de la raison - il est si froid, c'est si facile - mais le coeur, lui, s'est tu. Et elle l'a senti.
Mais dans le fond, qu'importe ? Après tout, tout au fond d'elle-même, elle sait bien qui a aidé à tuer cette enfant qui la consolait ...
Commentaires
Arriver à se dominer est tout un art. Néanmoins c’est indispensable car, dans le cas contraire, il n’en résulterait aucune consolation. La frustration persisterait parce que, dans le fond, tout au fond d’elle-même, elle n’est pas consciente du mal qu’elle répand. Sincèrement, tu ne crois pas ? Ces personnes-là sont tellement centrées, concentrées sur leur nombril que nul autre n’a d’importance. Je suis presque certaine qu’elle doit te considérer égoïste, insensible, sans cœur… De quoi bouillir ! Essaie de zapper, même si ce n’est pas simple. Pense à ton petit bout qui, lui, a besoin de toi et de tout l’amour que tu lui donnes, celui que tu n’as pas eu. Tes enfants, ton essentiel, eux au moins n’en manqueront pas. Venge-toi, décharge cette spoliation d’amour en écrivant, comme tu sais si bien le faire. Je ne connais pas d’autres remèdes, mais je sais que c’est un bon.
Je t’embrasse
Merci, chère Mary. ;o)
C'est vrai que l'écriture est le meilleur des remèdes.
Bises :
W. ;o)
Le malheur, chère Sylvie, je ne le sais, je ne le vois, je ne le sens... que l'orsqu'il se couche devant ma porte, tel un chien jaune aux côtes saillantes et au regard vitreux, subitement apparu. Je ne l'attends jamais comme on attend un train qui va sûrement venir. Je ne veux pas que l'on me le brandisse à l'avance... alors qu'il n'est pas venu... et qu'il ne viendra peut-être pas!
Le malheur, je l'écris... Tout comme le bonheur d'ailleurs...
... Quant aux pédophiles dans les enquêtes et les reportages télévisés... Et plus encore dans la vraie réalité, ce sont les seuls êtres de ce monde à l'égard desquels j'aurais des idées "racistes"... A tel point qu'il m'arrive de souhaiter qu'on les emprisonne tous, qu'on les parque derrière des clôtures électrifiées, et qu'en définitive on les élimine (par injection par exemple) ... Les pédophiles, ce sont mes "juifs", mes "bougnoules", ma "racaille" à moi! Mais bon... Comme je disais l'autre jour : Au delà des réactions épidermiques, brutales, irréfléchies, haineuses et violentes... "Lorsque je commence à réfléchir et à avoir un autre regard, ça se complique"... Alors je me mets à penser, à oser penser, que l'on peut faire encore bien mieux que Dieu, avec son pardon, son amour, ses élus et pas élus, sa vengeance, sa colère, ses récompenses et ses punitions... A ce "niveau là"... de pensée si j'ose dire... Qu'est -ce qu'ils sont loin, loin, les "juifs", les "bougnoules", la "racaille", les pédophiles... Et d'une manière générale, tous ceux qui, paraît-il, n'ont rien compris,