L'an dernier, un très gros problème d'arthrose - mon père a légué à ses deux enfants survivants, mon demi-frère et moi même, une très lourde hérédité osseuse qui a fait éclore les "becs-de-perroquet" sur notre colonne vertébrale alors que nous venions à peine d'atteindre la trentaine - m'a retenue au lit pendant plusieurs mois et je souffrais tant que, si l'on excepte la lecture, je ne pouvais plus faire grand chose. J'ai donc cessé d'écrire mais je savais que ce n'était que provisoire.

Depuis que j'ai repris l'écriture du PDT, je me suis aperçue d'une chose : c'est que les rapports avec ma mère s'étaient subtilement modifiés. Plus précisément, disons que, quand je l'entends mentir et oublier ce que le passé a de gênant pour elle, l'être qui, en moi, à ce moment-là, était prêt à la passer au fil de l'épée, cet être-là ne bronche plus. Oh ! un petit soupir agacé, de temps en temps ! Mais pas plus.

Ce n'est pas que sa haine soit morte. Il n'est que haine et souffrance et la mort de l'une comme de l'autre entraînerait sa disparition dans le néant. Mais plus l'écriture remodèle cette haine et cette souffrance, plus cet être gagne en équilibre, en puissance - et en sérénité. Je sais qu'allier la sérénité à la haine et à la souffrance est un paradoxe : c'est pourtant de cela qu'il s'agit ici.

Par l'alchimie de l'écriture et sous réserve d'un travail sérieux et pas toujours facile, on transforme la boue la plus infecte en or fin.