Aujourd'hui, Flavien avait un pique-nique dans un parc parisien du XVème. Les filles m'ont assuré qu'il avait les larmes aux yeux quand il est sorti de l'école. Pourtant, en rentrant, tout s'est très bien passé.

Tout à l'heure cependant, alors qu'il jouait sur le balcon, il s'est assis sur l'une des chaises de jardin et il est resté à penser. Son humeur a changé, il est devenu triste et il a commencé à exprimer son trop-plein d'émotions en frappant sur les murs, en criant bien sûr (pas trop, Dieu merci !) et aussi en tapant du pied. Il recherchait la fessée mais je me suis contentée de lui dire d'être sage. Et puis, j'ai cherché à savoir. Forcément.

Seulement, détail qui jusqu'ici ne s'était jamais détaché dans son attitude, il y a eu un moment où il est venu vers moi pour me demander un câlin. Il était visiblement tiraillé entre son besoin de crier, de faire le "méchant" et celui de se calmer de façon plus simple et plus logique. Mieux : il s'en rendait compte et cela ne lui faisait plus peur. Je pense qu'il s'agit là de quelque chose d'important. Qu'il ait pu manifester cela, signifie qu'il y a un léger début d'analyse. Et à partir du moment où il pourra analyser ses émotions - même sommairement - sans sombrer en elles, il aura franchi un pas décisif.

J'ai fermé la fenêtre et les volets et comme il ne voulait pas rester avec moi, je lui ai mis "Lilo et Stitch". Lilo, la petite fille qui adore dire : "Non !" - tout comme lui - lui plaît énormément. Quant à Stitch et son absence totale de Surmoi (en tous les cas au début du film), il va de soi qu'il le trouve positiviment génial.

Puis, j' ai laissé l'enfant un peu seul - David m'appelait, cela tombait bien. Et quand j'ai demandé au petit s'il voulait venir lui dire bonjour au téléphone, il s'est précipité, tout joyeux, toutes larmes séchées. Tout est rentré dans l'ordre.

Souvent, quand nous cherchons à communiquer l'un avec l'autre, je songe à mes thèmes et à mes versions de jadis, anglaises, espagnoles ou latines, peu importe. Comme tout était simple, à cette époque : un problème et j'avais toujours le dictionnaire ou le professeur pour m'éclairer. Face à Flavien, je dois travailler sans dictionnaire et sans professeur. Pour lui, c'est pareil. En avons-nous plus de mérite ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c'est que, quand nous apprenons quelque chose de nouveau dans les moyens d'échanger l'un avec l'autre, on ne peut pas être plus heureux que nous le sommes à ce moment-là.