Il s'agit en gros d'un journal tenu par l'auteur au temps où il était STO en Allemagne. Trois cent-vingt-neuf pages que j'ai dévorées en une seule journée et qui m'ont paru captivantes de bout en bout.

Ce n'est pas le style de l'ouvrage, bien qu'il soit honorable, qui a retenu mon attention mais de la leçon d'Histoire sur le vif qui nous est ici donnée. L'auteur ne cache pas son anglophobie non plus que sa méfiance envers le communisme. Il ne cache pas non plus avoir été volontaire pour le STO mais, ainsi qu'il le fait remarquer non sans malice, pourquoi les communistes, en arrivant au pouvoir après la Seconde guerre mondiale, ont-ils voué ces malheureux aux gémonies puisque celui qui allait devenir leur premier secrétaire, Georges Marchais, en était, lui aussi ?__

Jean Pasquiers n'écrit pas "politiquement correct" et c'est tant mieux. Même si je ne le suis pas quant à son opinion sur De Gaulle, j'avoue que sa vision de cette époque et de ses acteurs va plutôt dans le même sens que celle que je possède, moi qui n'ai pourtant pas traversé ces années-là. Il y a là un désir réel de rompre avec le manichéisme qui plane sur cette période de notre Histoire.

Pasquiers aime l'Allemagne et son peuple, non le Nazisme. Il n'a aucune sympathie pour le stalinisme et s'il expose l'ambiguïté du terme "Résistance", il n'hésite pas à railler férocement le fait que, en dépit du pacte germano-soviétique, c'est le PCF français qui a tiré son épingle du jeu en 1945, loin devant un De Gaulle qui, de toutes façons, allait bientôt se retirer pour 10 ans. Il n'aime pas non plus les volontés guerrières des dictateurs qui sacrifient l'innocent pour satisfaire leurs ambitions. Il y a quelque chose d'impitoyable dans cette lucidité mais cela fait l'effet d'une bonne douche.

Dans son ouvrage, se succède toute une ribambelle de personnages agaçants, émouvants, étonnants mais toujours authentiques. Ajoutez à cela que, du point de vue du rapport des événements historiques, sa démonstration est précise à souhait et vous aurez une idée de l'ensemble.

Je trouve cependant - personnellement - que le titre "STO : Journal d'un déporté du Travail" conviendrait mieux. Essentiellement parce que, en lisant "Jeannot chez les Nazis" comme titre, certains s'imagineront qu'il s'agit encore d'une énième resucée du combat Bons-Mauvais de la Seconde guerre mondiale. Quant à la couverture, inspirée d'une affiche de propagande nazie en faveur du STO, elle est superbe.

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