Juin 2006.

Je n'y peux rien, tu sais, Daniel. Désormais, mes relations avec RM sont purement formelles. Deux ou trois mots - toujours les mêmes - et rien de plus. Et j'ai l'impression qu'elle s'en rend compte.

Curieusement, ce n'est pas là méchanceté de ma part. C'est simplement que je suis trop lasse pour agir autrement. J'ai jeté l'éponge. Je sais que, pour obtenir d'elle une parole de regrets, il faut qu'elle ait la faux de l'Ankou sur la veine jugulaire. Dès que celle-ci s'éloigne, RM redevient telle qu'elle est - telle qu'elle a toujours été : égoïste, ne pensant qu'à elle et estimant que tout lui est dû.

Ce qui me gonfle le plus, c'est qu'elle ose traiter David comme la cinquième roue de la charrette. Elle n'arrête pas. Elle, qui devrait être heureuse d'avoir cette chance que quelqu'un s'occupe d'elle chez elle, elle s'obstine à traiter cette personne comme un esclave.

A son retour chez elle, c'est vrai, elle était faible. Mais maintenant, elle abuse de cette "faiblesse" qui n'a plus rien à voir avec la fatigue qui l'accablait à sa sortie de l'hôpital. La preuve : si David va en soirée, elle trouve le moyen de se lever toute seule dans la nuit pour se faire un petit en-cas. Il y a deux ou trois jours, c'était un artichaut. Sur l'assiette, David avait déposé les queues de deux autres artichauts : il aime bien les grignoter. Du coup, RM les a jetées à la poubelle bien qu'elle sût pertinemment que David y trouve une gourmandise.

Puis, elle a laissé tomber du beurre sur le sol, uriné à droite et à gauche, piétiné dans le tout ... et elle est repartie se coucher.

Le lendemain, elle attendait l'éclat mais David n'est pas tombé dans le piège. Il s'est contenté de nettoyer en silence. Ce qui a certainement frustré notre mère car elle aime les disputes, les tensions et la violence, toi et moi sommes bien placés pour le savoir.

Ce n'est plus "Tatie Danielle" mais Tatie RM.

Franchement, je le maintiens : RM ne fut qu'un accident dans ma vie. Le plus pénible des accidents sans doute mais rien de plus.

Et j'espère bien que, là où tu es, tu es enfin parvenu à penser comme moi. ;O)