Si l'on en juge par le nombre astronomique de blogs, billets, messages, articles, etc ... qui circulent sur le Net, certains d'excellente qualité, d'autres plus modestes et d'autres encore rédigés - bêrk ! bêrk ! bêrk - en "langage SMS", l'internaute moyen voue un véritable culte à l'écriture électronique.

Il faut reconnaître que rédiger un texte sur l'écran de son PC paraît bien plus simple, j'ajouterai même bien moins "pédant", que le fait de prendre son Montblanc ou son Bic pour se lancer dans l'écriture. Dans le contact franc, direct, entre l'écrivain-lecteur et son écran-manuscrit, le rapport est encore plus décomplexant que celui jadis entretenu avec les Underwood et autres petites merveilles d'un âge révolu.

Et puis, sur l'écran, c'est tellement plus facile de corriger un premier jet ou les inévitables fautes de frappe. Pour les fautes d'orthographe authentiques, c'est un peu plus ambigu : en ce qui me concerne, je ne les vois vraiment bien que si j'imprime mes textes (vous voilà prévenus !) Et je ne dois pas être la seule.

D'un coup, presque du premier, le texte apparaît clair, précis et bien plus réel qu'il ne l'était par la seule magie de l'encre et du papier. Tel quel, il semble, aux plus naïfs comme aux plus égomaniaques, déjà paré pour une édition éventuelle. Qu'il peut d'ailleurs trouver sur les sites d'édition en ligne.

Cette apparence trompeuse - car qu'est-ce que l'écriture sinon qu'une vaste, complexe et presque éternelle remise sur le métier ? - explique en partie l'ardeur qu'apportent tant d'entre nous à scribouiller sur la Toile.

Cependant, pour reprendre une expression que Goscinny adorait placer dans la bouche de ses héros, "il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus."

Mais que restera-t-il de tout cela mettons dans un siècle ? Parce que, depuis Gutemberg, on n'avait pas vu une telle révolution ...