8 mai 2006.

C'est quand il crie que c'est le plus difficile. Il est capable, lorsqu'on lui refuse une chose, de crier pendant des heures. Non de façon continue mais en fractionnant ses cris, en tournant autour de vous, en vous harcelant.

Et quand j'écris "vous", c'est toujours autour de moi, la Mère, le Pilier, le Bloc, Celle-qui-a-réponse-à-tout, Celle-avec-qui-la-Fusion-doit-se-faire.

Ce matin, il n'y avait plus de pain à la maison et c'était, bien sûr, du pain qu'il voulait. J'ai au moins cinq ou six bricks de soupe, celle qu'il mangeait il y a encore un mois, non entamés et qu'il faut liquider. Mais non, il n'en veut plus - et l'on ignore pour quelles raisons. J'ai aussi du jambon et de la compote, dont il se nourrit encore. Mais non : du pain, du pain, rien que du pain ...

Enfin, sa soeur est allée à l'épicerie du coin. Mais il ne s'est pas calmé pour autant. Tête de bourrique en plus, il refuse de comprendre qu'il faut ATTENDRE un peu pour l'obtenir, ce pain. Certes, j'aurais pu dire à Marie de le prendre avec elle mais il était si énervé que j'ai craint qu'il ne se comportât mal sur le chemin.

Voilà pourquoi je l'ai gardé avec moi. Il est debout depuis huit heures ce matin mais il n'a commencé ses scènes que vers les 10 heures. Je constate que cela fait donc près de deux heures que je tiens le coup autant que faire se peut, gardant mon calme, essayant de le raisonner (la chose est possible), bref luttant contre ma propre envie de hurler.

Le week-end s'était pourtant vraiment très bien passé et, de toutes façons, cela va mieux depuis quelque temps. Je suppose qu'il ne faut pas espérer que tout rentre dans l'ordre d'un seul coup. Mais j'ai l'impression que je vais m'effondrer avant de toucher au but.

Avec ça, ma mère "priait pour moi tous les soirs." Mais toutes les prières du monde ne rachèteront jamais le traquenard qu'elle m'a tendu il y a de cela si longtemps.