Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Anniversaires & Littérature

Fil des billets

vendredi, mars 20 2009

11 Avril 1970 : John 0'Hara

11 avril 1970, Pottsville (Pennsylvanie) : décès de John O'Hara, nouvelliste et romancier.

Fils de médecin, la mort de son père, en 1924, le prive de la possibilité d'entrer à l'université de Yale. Il s'inscrit donc à celle de Niagara, dans le comté de New-York.

Ses premières nouvelles paraissent dans des journaux new-yorkais. Il devient très vite un vrai professionnel en qui Hemingway n'hésite pas à voir le Tchékhov américain.

Mais il a également écrit un certain nombre de romans dont, en 1934, "Rendez-vous à Samarra."

Le titre vient d'une nouvelle de Somerset Maugham où un homme fuit loin de la Mort, qu'il vient de rencontrer sur la place du marché, jusqu'à la ville de Samarra.Mais, le soir-même, la Mort le croise dans les rues de Samarra ...

Ce roman exemplaire dépeint la course au suicide d'un petit-bourgeois américain qui, un jour, ne parvient plus à supporter la vie qu'il mène.

L'action se situe à Gibbsville, calquée bien évidemment sur le Pottsville natal de l'écrivain. Les rapports entre les sexes y sont décrits avec une vigueur qui choque l'époque. En parallèle, O'Hara s'attaque férocement au puritanisme de ses compatriotes.

Autre roman célèbre de O'Hara : "Une Lueur de Paradis", histoire d'un amour qui, peu à peu, vient à mourir sous le soleil californien. Les protagonistes en sont un jeune scénariste hollywoodien et une libraire qui l'aime mais ne se résout pas à accepter sa demande en mariage. Le retour du père de la jeune fille, qui s'incruste dans leur existence, finira par balayer le tout.

Connu pour son irascibilité et pour ses problèmes d'alcool, John O'Hara a toujours usé d'un style particulièrement vigoureux et incisif.

Ses romans ont été réédités depuis peu en France et, comme il est souvent vrai qu'un bon nouvelliste ne fait pas un romancier aussi efficace, il serait sans doute intéressant de pouvoir accéder à une version complète de ses nouvelles. ;o)

jeudi, mars 19 2009

10 Avril 1882 : Dante Gabriele Rossetti

10 avril 1882, Birchington-on-the-Sea (Kent) : décès de Dante-Gabriele Rossetti, poète et peintre.

Fils d'un poète italien immigré à Londres, le jeune Dante compose, à l'âge de 19 ans, un poème qui influera sur toute son oeuvre : "La Demoiselle Elue."

Ami du peintre Ford Maddox Brown, à qui le lia très jeune une relation extrêmement forte, il fondera avec lui et William Holman Hunt, en 1848, la "Preraphaelite Brotherhood" (= "Fraternité pré-raphaélite"), mouvement artistique surtout connu pour ses oeuvres picturales.

Ils devaient être rejoints par d'autres artistes, dont William Harris et Edward Burne-Jones.

En parallèle de sa production picturale, Rossetti composa un nombre considérable de poèmes - sa soeur, Christina, était également poétesse.

Mais à la mort de son épouse, survenue en 1862, suite à une overdose de laudanum (alors en vente libre), il les fit enterrer avec elle et se laissa submerger par la dépression.

En 1871, il fait cependant exhumer le cercueil et y récupère son oeuvre qui est alors éditée et qui scandalise l'Angleterre victorienne tant y abondent les images sensuelles et érotiques.

Rossetti connut hélas ! une fin de vie maussade, où l'envie d'écrire et de peindre l'avait quitté. Il mourut dans une forme de démence sénile, proche de la paranoïa.

Artiste jusqu'au bout des ongles, il dut, à un certain moment, prendre ses distances avec le mouvement qu'il avait contribué à lancer car - et son oeuvre est là pour le démontrer - au-delà la douceur pré-raphaélite, c'est des emportements romantiques qu'il se réclame avant tout.

Ses poèmes sont aisément accessibles en langue anglaise. On notera qu'il fut aussi le traducteur de Dante pour l'Angleterre. Amoureux passionné du Moyen-Age, l'argument de ses dernières toiles lui fut en grande partie fourni par les chroniques arthuriennes. ;o)

Rossetti peint par William Hunt

mardi, mars 17 2009

9 Avril 1821 : Charles Baudelaire

9 avril 1821, Paris : naissance de Charles Baudelaire, critique et poète.

De son père, mort trop tôt, Baudelaire gardera un souvenir qui, allié à l'amour qu'il porte à sa mère, le fera haïr son beau-père, le colonel Aupick à un point tel que, lors des émeutes de 1848, il déclarera crûment souhaiter voir les insurgés s'en prendre à lui.

Renvoyé pour une peccadille du lycée Louis-le-Grand en 1839, il a tout juste vingt-et-un ans lorsque Aupick le fait placer sous tutelle judiciaire, arguant de l'incapacité du jeune homme à gérer son budget personnel.

Pour le poète, l'humiliation est grande mais bien pire encore est cette servitude qui le condamne à vivoter tristement, toujours à la merci de la bonne volonté de son tuteur.

En 1857, paraissent "Les Fleurs du Mal" dont les 500 exemplaires font scandale. Le poète est poursuivi en justice pour "outrage aux bonnes moeurs" et, moins chanceux que Gustave Flaubert, est finalement condamné à une forte amende ainsi qu'au retrait de sept poèmes jugés particulièrement indécents. Parmi eux : "Lesbos" et "Femmes damnées."

Il faudra attendre 1866 et la possibilité d'une édition hors de France, à Bruxelles, pour que les poèmes exclus soient enfin réédités sous le titre "Les Epaves."

Désormais installé en Belgique, Baudelaire s'y déplaît et y écrit quelques pièces vengeresses contre l'état d'esprit, à ses yeux trop bourgeois, trop figé, des habitants du pays.

Alors qu'il visite l'église Saint-Loup, à Namur, il est pris d'un malaise dû à la syphilis qu'il traîne depuis déjà quelques années. Rapatrié à Paris, il y meurt le 31 août 1867. Il est enterré au cimetière de Montparnasse, près de sa mère et ... de son beau-père.

Laissons aux théoriciens le soin d'analyser son oeuvre et d'y traquer les influences flagrantes, telle celle de Victor Hugo. A dire vrai, pour être sensible à la beauté des poèmes de Baudelaire, il faut surtout les lire et s'y immerger.

Ils constituent un mélange de classicisme et de modernisme absolument unique, où l'équilibre demeure quasi parfait en dépit du caractère extrémiste des thèmes choisis.

La poésie baudelairienne est un miracle devant lequel on ne peut que s'incliner et adorer. Et, comme tous les miracles, elle ne se comprend pas : elle est, c'est tout. ;o)

lundi, mars 16 2009

8 Avril 1810 : Hégésippe Moreau

8 avril 1810, Paris : naissance de Pierre-Jacques Roulliot, dit Hégésippe Moreau, poète et conteur.

Son père, Claude Moreau, professeur à Provins, décéda de tuberculose en 1814, sans l'avoir reconnu et sa mère - qui devait mourir elle aussi de la même maladie - se plaça alors chez une certaine Mme Guérard qui décida de payer de bonnes études à l'enfant.

D'abord élève à Provins, il fut ensuite placé au petit séminaire de Meaux, puis à celui d'Avon (non loin de Fontainebleau).

Sainte-Beuve, qui l'estimait fort, affirme qu'il fut un élève doué, y compris dans l'exercice délicat de la versification latine.

Ses protecteurs - sa mère était morte quand il avait à peu près 9 ans - firent tout pour lui donner une situation dans l'imprimerie.

A Provins, il trouva même le moyen de créer un journal : "Diogène", qui fit frissonner d'horreur les petits-bourgeois et dont la carrière éphémère se solda par un échec et par la brouille de Moreau avec ceux qui, jusque là, l'avaient soutenu.

Il repartit alors pour Paris où, de 1834 à 1838, il vécut dans une grande misère.

Son nom commençait à sortir de l'ombre lorsqu'il décéda à l'Hôpital de la Santé, en 1838, victime lui aussi, faut-il le préciser, de la maladie qui avait emporté ses parents.

Son oeuvre compte surtout des poèmes et des contes en prose, accessibles entre autres sur Gallica.

Par la légèreté et le naturel aisé de son style, ses contes en particulier ne sont pas sans rappeler certains fabliaux moyen-âgeux.

Un poète de plus à découvrir. ;o)

samedi, mars 7 2009

7 Avril 1770 : Wordsworth

7 avril 1770, Cockermouth, Cumberland (Royaume-Uni) : naissance de William Wordsworth, poète, l'un des initiateurs du Romantisme anglais.

Après ses études, il entame son tour d'Europe, encore très prisé à l'époque et tombe en pleine Révolution française.

Impressionné par le phénomène, il se déclare très vite partisan des révolutionnaires, ce qui, par la suite, lui causera quelques problèmes en son pays où on le qualifiera de "girondin."

Il a également une liaison avec une jeune Française, à Orléans, qui lui donnera une fille, dont, après la guerre franco-anglaise et les guerres napoléoniennes, il fera tout pour assurer l'avenir matériel.

De retour en Grande-Bretagne, il publie, en 1793, son premier recueil de poèmes : "An Evening Walk", bientôt suivi de "Descriptive Sketches."

Deux ans plus tard, il fait la connaissance de Samuel Coleridge, qui s'adonne déjà à l'alcool et au laudanum afin de soigner certains troubles de sa personnalité, avec qui il composera "Lyric Ballads", véritable manifeste poétique du Romantisme anglais.

Le recueil, qui paraît en 1798, comporte "Tintern Abbey", l'un des poèmes les plus connus de Wordsworth ainsi que la première version de "Rime of Ancient Mariner", le titre peut-être le plus cité de Coleridge.

La vie sociale et sentimentale de Wordsworth sera assez particulière : il vécut longtemps seul avec sa soeur, Dorothy, et celle-ci demeura auprès de lui après son union avec une jeune fille de bonne famille qui devait lui donner un certain nombre d'enfants.

Victime d'un accident, Dorothy Wordsworth restera d'ailleurs à la charge de son frère, à partir de 1835.

Le poète décèdera en 1850.

Bien que l'on puisse considérer son oeuvre comme datée ou vieillie, certains de ses vers restent parmi les plus marquants de la langue anglaise. ;o)

vendredi, mars 6 2009

6 Avril 1862 : Georges Darien

6 avril 1862, Paris : naissance de Georges Adrien, dit Georges Darien, nouvelliste & romancier.

Fils de commerçants aisés, il perd très tôt sa mère. Le remariage de son père avec une catholique forcenée sera à la base de l'anticléricalisme déterminé dont il fera preuve toute sa vie.

Il a tout juste dix-neuf ans quand, devançant l'appel, il s'engage dans l'armée. Au bout de deux ans, en 1883, son insoumission le fait expédier au camp disciplinaire de Biribi, en Tunisie.

De cette expérience douloureuse, il ramènera un roman, intitulé tout simplement "Biribi" et qui, au début, ne trouvera pas preneur. Il sera finalement publié en 1890.

En 1891, Darien, qui s'est rapproché des milieux libertaires, publie un pamphlet singulièrement violent contre Edouard Drumont : "Les Pharisiens."

Il semble ensuite avoir beaucoup voyagé mais les détails exacts sur la vie qu'il mena alors font largement défaut au biographe. Toujours est-il que, de Belgique, il ramène un curieux manuscrit - celui qui le fera passer à la postérité - celui du "Voleur" - adapté au cinéma par Louis Malle, en 1967, avec Belmondo dans le rôle principal.

Dans sa préface, Darien affirme avoir découvert ce manuscrit dans la valise d'un inconnu, rangée dans une petite chambre qu'il avait louée dans un hôtel bruxellois.

Avec le manuscrit, un matériel de cambrioleur ...

De fait, "Le Voleur" conte les raisons qui poussèrent le héros, Georges Randal, à embrasser la profession de cambrioleur. On ne s'étonnera pas d'apprendre que ses raisons ont beaucoup de choses en commun avec l'enfance de Georges Darien ...

Dès sa parution, en 1897, Alfred Jarry rangea "Le Voleur" dans sa Bibliothèque du Dr Faustrolle, bibliothèque parfaitement pataphysique, comme on le sait.

Darien fut aussi dramaturge et obtint quelques succès dans le genre avec, entre autres, "L'Ami de l'Ordre." En 1911, on vit le jeune Sacha Guitry tenir un rôle dans l'une de ses pièces.

Tout au long de sa vie, il participa également de manière très active à nombre de journaux anarchistes.

Il mourut à Paris, le 19 août 1921. ;o)

jeudi, février 26 2009

5 Avril 2005 : Saul Bellow

5 avril 2005, Brookline, Massachussets : décès de Saul Bellow, essayiste, nouvelliste & romancier, Prix Nobel de Littérature 1976.

Fils d'immigrés russes d'origine juive et parfaitement orthodoxes, il était né le 10 juillet 1915, à Lachine, au Québec.

Neuf ans plus tard, son père, qui faisait vivre sa famille en faisant de la contrebande d'alcool, emmena toute la famille vivre à Chicago mais Bellow n'oublia jamais tout à fait ses racines canadiennes.

Il fit une belle carrière universitaire en tant que professeur de sociologie mais durant son engagement dans la marine marchande américaine, en 1944/1945, il s'attela à la rédaction de son premier roman : "The Dangling Man" (= "L'Homme en suspens.")

Le héros y annonce tant d'autres héros de Bellow, fondamentalement incapables de trouver une finalité à leur existence s'ils renoncent à la souffrance qui est la leur. "The Dangling Man" est d'ailleurs fortement influencé par Dostoievski.

Mais ce sont "Les Aventure d'Augie March", écrit à Paris où Bellow bénéficiait d'une Bourse Guggenheim, qui va révéler définitivement l'écrivain en 1953.

Fourmillant de personnages soumis au sexe ou à l'argent, parfois aux deux, le roman a quelque chose d'épique et célèbre la civilisation urbaine à laquelle le personnage principal, le très introverti Augie March, cherche avec constance à s'intégrer.

Dix ans plus tard à peu près, en 1964, autre grand roman de Bellow - en tous cas l'un de ses plus connus dans notre pays : "Herzog" dont le héros passe son temps à écrire à un nombre incroyable de personnes, célèbres ou pas, mortes ou encore en vie, leur racontant son existence mais surtout cherchant à débattre avec eux des grands problèmes qui le troublent.

On citera encore, en 2000, "Ravelstein", livre dédié à un proche de Bellow qui était homosexuel et mourut des suites du SIDA.

Bellow, qui était proche des trotskystes à ses débuts, a aussi conté son désenchantement face à la gauche américaine, dans un roman paru en 1970, "Mr Slammer's Planet", et qui moque férocement les étudiants en rébellion, les Black Panthers et les revendications gauchisantes.

Lucide, Saul Bellow déclarait, un peu avant sa mort : "De nos jours, dans ce pays, il y a des questions qui sont devenues taboues et qu'on ne peut plus aborder. C'est dommage et c'est dangereux."

Un auteur à ne pas négliger. ;o)

  

mercredi, février 25 2009

4 Avril 1846 : Lautréamont

4 avril 1846, Montevideo, Uruguay : naissance d'Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont, homme de lettres.

C'est en effet sous cette dernière appellation qu'il est mentionné sur son certificat de décès, établi à Paris le jour de sa mort, le 24 novembre 1870.

Sur sa tombe, on indique qu'il mourut poitrinaire mais on n'en sait pas plus sur la mort brutale de ce jeune homme de vingt-deux ans.

Il était fils d'un Français, chancelier au Consulat de France à Montevideo, et d'une Uruguayenne.

Pour ses études, il est envoyé dans le sud de la France, chez les Jésuites. Cette éducation ne l'empêchera apparemment pas d'être recalé tant au baccalauréat ès lettres qu'au baccalauréat ès sciences.

Il retourne alors dans son pays natal pour y préparer sérieusement le concours d'entrée à Polytechnique.

Il ne semble pas l'avoir présenté. A la place, il écrit un livre étrange, six chants de prose poétique d'une violence tout à fait étonnante pour l'époque : "Les Chants de Maldoror."

Ce recueil, où se mêlent les apostrophes ironiques au lecteur, les images déroutantes, qu'on pourrait croire issues d'un rêve hallucinatoire ou d'un délire à la Jérôme Bosch, et une révolte brûlante absolument contre tout, exercera une influence considérable sur les Surréalistes.

Ceux-ci pourtant auraient pu ne jamais en avoir vent sans l'éditeur belge qui, après la mort de Lautréamont, fit voir ce livre à ses amis et relations.

Après l'avoir lu, Alfred Jarry devait le déclarer hautement pataphysique - le summum pour le créateur du Père Ubu.

Lautréamont - qui avait probablement trouvé son pseudonyme dans les pages d'Eugène Sue - écrivit encore deux recueils de poésies, dont le premier parut de son vivant. ;o)

mercredi, février 18 2009

3 Avril 1783 : Washington Irving

3 avril 1783, Manhattan, New-York : naissance de Washington Irving, journaliste, nouvelliste & romancier.

Avocat par formation, il commença à écrire dans un journal new-yorkais qu'avait créé son frère.

Puis, en 1809, il a l'idée d'écrire, sous le pseudonyme de Dietrich Knikerbocker, une "Histoire de New-York" dans laquelle il évoque son enfance et aussi les premières années de Manhattan.

Le succès du livre est tel que le terme "Knickerbocker" est toujours donné de nos jours aux descendants des premiers immigrés d'origine hollandaise vivant à New-York.

"Knickerbocker" qualifiera également l'école littéraire américaine dont Washington Irving sera l'initiateur.

Dix ans plus tard environ, le romancier rassemble, dans les "Cahiers de Geoffrey Crayon", une série de nouvelles inspirées du folklore germanique et hollandais.

Parmi elles, le fameux "Sleepy Hollow" et "Rip Van Winkle" qui vaudront à leur auteur une renommée internationale.

Après la mort de sa mère, Irving résida dix-sept ans en Europe, allant d'Angleterre (où il eut une liaison avec Mary Shelley) en Espagne. Il écrivit d'ailleurs un certain nombre de livres historiques sur l'Espagne.

Washington Irving fut aussi le premier auteur américain à oser évoquer la dégradation des relations entre les tribus indiennes et les colons blancs.

Premier romancier américain à avoir conquis une renommée internationale, il fut le mentor d'écrivains comme Hawthorne ou Poe.

Il est mort le 28 novembre 1859.

mardi, février 17 2009

2 Avril 1840 : Emile Zola

2 avril 1840, Aix : naissance d'Emile Zola, journaliste, critique, essayiste & romancier.

Fils d'un ingénieur italien et d'une Française, il devient orphelin de père à l'âge de sept ans et voit sa mère vivoter vaille que vaille dans les ennuis financiers.

Après d'assez bonnes études à Aix, où il sera le condisciple de Paul Cézanne, lequel restera son ami jusqu'à la parution de "L'Oeuvre", le jeune Emile se présente deux fois au baccalauréat. Il sera recalé deux fois pour défaut ... d'orthographe. ;o)

Dégoûté et pressé par les problèmes financiers, Zola trouve alors un petit emploi dans les Douanes, qu'il abandonne au profit d'un poste de commis aux emballages chez Hachette.

Il ne tarde pas à devenir chef du département publicité de Hachette et c'est là qu'il commence à se faire un certain nombre de relations dans le milieu littéraire.

En 1866, il se fait journaliste mais ce qu'il veut, c'est écrire une seconde Comédie humaine car le futur chef du Naturalisme se maintient pour l'instant dans la droite ligne de Flaubert et de Balzac.

L'intérêt qu'il porte aux progrès de la science, la certitude, un peu naïve, que la science règlera tous les problèmes de l'Humanité, vont pousser Zola à fonder sur ces thèses la pièce-maîtresse de son oeuvre : la série des Rougon-Macquart.

Il y dresse le tableau d'une famille de Plassans, petite ville qui ressemble comme une soeur à Aix, dont l'aïeule, Adélaïde Fouque, va léguer à ses descendants, légitimes et illégitimes, un certain nombre de troubles de la personnalité.

Si la démonstration semble un peu simpliste, les romans, eux, témoignent, à quelques rares exceptions près, d'une puissance et d'un style qui révèlent le créateur de génie.

On ne peut évidemment les citer tous mais on rappellera "L'Assommoir" (le plus puissant, le plus noir de tous), "Pot-Bouille", charge jubilatoire et féroce contre la bourgeoisie, "Nana" qui dresse un portrait tout aussi impitoyable du demi-monde sous le Second empire, "Germinal", véritable hymne aux mineurs ou encore "La Terre" où l'écrivain nous révèle une paysannerie aussi dure et mesquine que la bourgeoisie.

Les Rougon-Macquart prendront vingt-trois ans de la vie de leur créateur, de 1870 à 1893. Puis, Zola mettra en chantier le cycle des "Trois Villes" et enfin, celui des "Evangiles", que sa mort mystérieuse, en 1902, laissera inachevé.

Emile Zola fut un auteur engagé. Il défendit les Impressionnistes contre vents et marées et joua un rôle primordial dans la révision du procès d'Alfred Dreyfus en publiant dans "L'Aurore", le 13 janvier 1898, sa "Lettre ouverte au Président de la République", mieux connue sous le nom de "J'accuse."

La haine qui déferla alors sur "Zola l'Infâme", "Zola le Pornocrate", était la culmination de celle qu'il avait suscitée avec des romans aussi dérangeants que "L'Assommoir" et "Germinal."

La façon dont il mourut, asphyxié dans sa chambre, après le passage de ramoneurs imprévus, a prêté le flanc à polémiques, certains voulant voir là-dedans un assassinat pur et simple.

Quoi qu'il en soit, par son génie, par sa force de travail quasi balzacienne et par le courage dont il fit preuve dans l'Affaire Dreyfus, Emile Zola reste l'un des plus grands écrivains qu'ait jamais eus la littérature française - et mondiale. ;o)

 

lundi, février 16 2009

1er Avril 1966 : Flann O'Brien

1er avril 1966, Dublin : décès de Brian O'Nolan, dit Flann O'Brien, chroniqueur et romancier.

Pour Edna O'Brien, il fait partie, avec Joyce et Beckett, de la sainte trinité des grands auteurs irlandais et James Joyce lui-même le reconnut comme son égal.

Ce fonctionnaire, qui fut secrétaire de nombre de ministres irlandais, oeuvra cependant toujours, sans exception, dans la veine satirique.

Son premier roman, "La Kermesse Irlandaise", parut en 1939, en partie grâce à Graham Greene qui s'en était régalé.

Il a pour héros un étudiant cossard et alcoolique qui imagine pas moins de trois débuts pour un livre qu'il compte écrire sur un certain Tallis, lequel écrit lui aussi, et sur des gens ayant eux aussi envie d'écrire sur Tallis.

En 1940, O'Brien propose aux éditeurs - qui seront unanimes à le refuser - le manuscrit du "Troisième Policier" où le héros (qui est mort mais ne le sait pas encore), se retrouve dans une contrée où le vol de bicyclette est activement combattu par des policemen qui, en fait, volent eux-mêmes les bicyclettes dans l'intérêt des autochtones ...

En 1941, O'Brien rédige, mais cette fois en gaélique, le plus connu de ses textes : "Le Pleure-Misère", allégorie sur la famine qui sévit si longtemps en Irlande et où apparaît Bonaparte O'Coonassa, une espèce d'anti-héros.

Vingt ans plus tard, ce sera "Une Vie de Chien", axé sur deux frères dont l'un gagne sa vie en donnant des cours par correspondance de funambulisme ...

Pour O'Brien, l'humour est le seul mode d'approche qui permette d'aborder à peu près tous les sujets.

Un humour fortement marqué au coin du loufoque et du cynisme, un humour jubilatoire également car, à bien la regarder, la Vie, malgré ses noirs, n'est-elle pas risible ?

Pas un seul instant cependant, O'Brien n'oublie la tendresse qu'il porte à son pays. Ce qui ne l'empêche pas de railler doucement le rôle de victimes si cher aux coeur de trop d'Irlandais. Un auteur à découvrir, ça ne fait pas un pli. ;o)__

  

mercredi, janvier 21 2009

31 Mars 1926 : John Fowles

31 mars 1926, Leigh-on-Sea (Essex) : naissance de John Fowles, essayiste et romancier.

En sortant d'Oxford, il devient professeur de littérature et part enseigner en France et en Grèce.

En 1963, il publie un premier roman : "L'Obsédé", qui, par son réalisme, l'alternance des deux points de vue opposés (celui du ravisseur et de sa victime) et enfin la montée crescendo de l'horreur dans les deux dernières parties du livre, le propulse immédiatement sur la liste des best-sellers.

On y voit un jeune fonctionnaire londonien, maniaque des collections de papillons, qui décide d'enlever la femme sur laquelle il fantasme et de la tenir dans sa cave, ainsi qu'il y retiendrait un spécimen rare.

Le succès du roman est tel que le cinéma s'en empare : Terence Stamp et Samantha Eggar recevront chacun un oscar pour leur interprétation des deux héros.

Dans "Le Mage", son second roman, Fowles prend pour héros un jeune professeur parti enseigner en Grèce où il sera confronté à deux jumelles et à leur père, lesquels vont l'amener à se poser tant de questions sur lui-même qu'il en frôlera la folie.

Autre roman extrêmement connu de John Fowles : "Sarah & le Lieutenant français", dont l'action se déroule en Angleterre, à l'époque victorienne, et qui relate le parcours d'une femme profondément anti-conformiste.

Là aussi, le succès inspirera un film, avec Meryl Streep et Jeremy Irons.

Par le style et les idées, John Fowles semble s'être classé de son vivant dans le courant post-moderniste, aux côtés par exemple d'un Paul Auster ou d'un Vladimir Nabokov.

Mais quand on le lit, on se rend compte qu'il est tout-à-fait atypique. Par la construction soignée de ses intrigues et son amour de la digression, ce sont les grands du XIXème siècle qu'il rappelle. Mais par le recul qu'il apporte dans sa description des faits et des états d'âme de ses personnages, il est très XXème siècle.

A noter ses réflexions sur l'écriture et les mots, toutes plus enrichissantes les unes que les autres. ;o)

lundi, janvier 19 2009

30 Mars 1844 : Paul Verlaine

30 mars 1844, Metz : naissance de Paul Verlaine, poète.

La difficulté qu'avait rencontrée sa mère pour mener une grossesse à terme fera de Verlaine un homme éternellement dépendant de son complexe d'Oedipe et favorisera ses tendances bisexuelles.

Bon élève au lycée Condorcet, à Paris, il tombe sous la double fascination de l'absinthe et de la poésie baudelairienne alors qu'il a tout juste seize ans.

Mais l'étroit noeud de vipères que forment en lui son goût pour la bohême et le respect pour les ambitions petites-bourgeoises de sa mère le pousse cependant à passer des concours administratifs qui le transformeront à ses débuts en employé municipal de la Mairie de Paris.

A la même époque à peu près, il tombe amoureux de Mathilde Mauté, la soeur de l'un de ses amis, et envisage on ne peut plus sérieusement l'épouser.

Ce qu'il fait effectivement en 1870. Un an plus tard, Mathilde, qui a eu un fils de son mari, demande le divorce.

Ce n'est pas tant la prise de position du poète pour la Commune - qu'il reniera ensuite - qui est ici en cause. Ce sont son alcoolisme envahissant, sa brutalité (y compris envers son fils), ses sautes d'humeur et, bien entendu, sa relation avec Arthur Rimbaud. Amoureux éperdu du jeune homme, Verlaine a en effet quitté sa femme et son fils pour suivre "l'homme aux semelles de vent" en Belgique.

Mais jusque dans ses liaisons homosexuelles, Verlaine conserve son caractère violent, excessif, inquiétant. Rimbaud, qui n'est pas lui-même un ange mais ne tient guère à mourir plus tôt que prévu, se lasse et porte plainte après que son amant ait cherché à lui tirer dessus. Il retirera très vite sa plainte mais Verlaine atterrit en prison.

Là, cet homme étrange connaît une crise de mysticisme aussi sincère que l'étaient ses débauches, et qui le jette droit dans les bras du catholicisme. Son enfermement est en outre période faste pour le poète qui compose là quelques uns de ses meilleurs vers.

D'excès en excès, d'homme en femme et de femme en homme, toujours soumis à la Fée Verte, Verlaine passera le reste de sa vie à traîner à la remorque de sa mère. Usé, alcoolique mais révéré par les Symbolistes et tête de file des Décadents, il mourra dans la misère, à l'âge de 52 ans, quelque temps après le décès de Mme Verlaine.

Délicats, fondés sur l'assonance et la rime impaire, d'une finesse sans égale, ses vers expriment le plus souvent la mélancolie, la fadeur triste des vieilles nostalgies ou alors la glorification d'une chair que, pourtant, le poète ne peut s'empêcher de lier étroitement à la Mort. L'un de ses plus beaux recueils porte d'ailleurs le nom de "Les Saturnales" et, par là-même, semble revendiquer l'antinomie foncière qui, pas un seul instant, ne cessa de présider à la vie comme à l'oeuvre de Paul Verlaine, le Prince des Poètes. ;o)

dimanche, janvier 18 2009

29 Mars 1902 : Marcel Aymé

29 mars 1902, Joigny (Yonne) : naissance de Marcel Aymé, nouvelliste, dramaturge et romancier.

De son enfance dans le Jura, à une époque où triomphait la séparation de l'Eglise et de l'Etat, Marcel Aymé tirera l'un des thèmes majeurs de son oeuvre : les tensions villageoises entre anti-cléricaux et cléricaux.

Elève assez médiocre, il fait un certain nombre de petits métiers avant de se tourner vers l'écriture.

En 1929, son roman "La Table aux Crevés", qui se déroule justement dans un petit village tiraillé entre divers clans, reçoit le Prix Renaudot et fait connaître son nom.

En 1933, il s'installe définitivement dans la littérature française avec "La Jument Verte", autre chronique villageoise où, sur fond d'anti-cléricalisme, s'affrontent les deux plus puissantes familles du coin. Le succès en est exceptionnel.

Aymé rédige également nombre de nouvelles et ce sont essentiellement des nouvelles qu'il donnera à "Je suis partout" sans jamais se compromettre pour autant avec l'idéologie de l'occupant.

Son indépendance autant que sa fidélité à ses amis collaborationnistes (Céline et Brasillach entre autres) le font montrer du doigt à la Libération. Mais Marcel Aymé, anarchiste et franc-tireur dans l'âme, ne l'entend pas de cette oreille et, dès 1948, sort "Uranus", roman d'un rare courage où collabos et partisans sont renvoyés dos à dos.

A la même époque, il remporte de grands succès avec des pièces comme "Lucienne & le Boucher" ou "Clérambard" et le cinéma achète les droits de nombre de ses oeuvres, dont la fameuse "Jument ..."

L'écrivain a presque toujours mis son style, précis et sans fioritures mais non dénué de poésie lorsqu'il décrit la nature et les petites gens, au service du fantastique ("La Vouivre" - "Les Oiseaux de Lune") et de l'absurde (l'essentiel de ses nouvelles), le tout assaisonné d'une dose prononcée d'allègre férocité et d'humour noirissime ("La Tête des Autres".)

Volontiers cynique et sans guère d'illusions sur l'espèce humaine, Marcel Aymé reste un prodigieux conteur qu'on a toujours grand plaisir non seulement à lire mais encore à relire.

Si vous ne connaissez de lui que les incontournablement scolaires "Contes du Chat Perché" avec Delphine & Marinette, courez donc vous procurer d'urgence d'urgence "La Jument Verte", "Le Passe-Muraille" ou "Uranus" sans oublier l'intégrale de ses textes pour le théâtre : vous découvrirez ainsi ainsi quel grand auteur fut et demeure Marcel Aymé. ;o)

samedi, janvier 17 2009

28 Mars 1868 : Maxime Gorki

28 mars 1868, Nijni-Novgorod : naissance d'Alexei Maximovitch Peshkov, mieux connu sous le pseudonyme de Maxime Gorki (= Maxime l'Amer), essayiste, nouvelliste et romancier.

Orphelin très jeune de père, orphelin de mère à dix ans, il fut élevé par un grand-père violent et une grand-mère douce, gaie et pieuse dont il restitue admirablement les caractères dans "Enfance", premier volume de ce que l'on peut considérer comme son autobiographie.

Son grand-père l'enleva de l'école pour le mettre au travail alors qu'il n'avait que douze ans. Puis, à la mort de sa grand-mère, en 1887, le jeune homme fait une tentative de suicide qui laissera des séquelles à l'un de ses poumons et permettra plus tard à la tuberculose de triompher.

Son expérience de la vie chez les pauvres en Russie, en milieu rural ou urbain, Gorki s'en sert dès son premier ouvrage : "Essais & Histoires" qui paraît en 1898 et dont le succès dépasse les frontières de la Russie.

Dès l'année suivante, Gorki affiche sa sympathie pour les socialistes, ce qui lui vaudra très vite la surveillance de la Tchéka tsariste.

Au demeurant, toute sa vie, Gorki sera épié et surveillé par les polices russe, puis soviétique. Bien qu'il ait fait la connaissance de Lénine en 1902 et ait sympathisé avec lui, le même Lénine lui adressera une lettre dépourvue d'équivoque pour le menacer de mort lorsqu'il commencera à critiquer le régime bolchevique - ce qu'il fit très tôt.

Pour des raisons de santé, pour des raisons policières aussi, Gorki alternera donc les séjours à l'étranger et les retours dans son pays natal à peu près jusqu'en 1929 où Staline entreprend de le convaincre de s'établir définitivement en URSS.

On ne sait toujours pas avec exactitude pourquoi Gorki, homme pétri de contradictions mais conscient de l'hypocrisie des dictateurs, quels qu'ils soient, finit par accepter datcha et avantages dispensés par Staline. Certains - dont Soljenitsyne - avancent des soucis pécuniaires importants.

Toujours est-il que le système soviétique récupérera l'auteur de "La Mère", roman emblématique de l'écrivain qui demeure pourtant l'une de ses plus mauvaises productions en tant qu'écrivain.

Il est d'ailleurs assez triste - mais guère étonnant - de constater que, autant la plume de l'écrivain se fait alerte dans toute la part réaliste et poétique de son oeuvre, autant elle devient lourde et plate dans ses textes engagés.

Maxime Gorki est mort le 18 juin 1936, dans des conditions jugées douteuses. Officiellement, ce fut une pneumonie, alliée au chagrin qu'il avait ressenti à la mort brutale (et tout aussi douteuse) de son fils, Maxime, en 1935, qui l'aurait emporté. Officieusement, des rumeurs ont couru imputaient à Staline l'assassinat pur et simple de l'écrivain.

Une chose est certaine en tous cas : aux obsèques de Gorki, qu'il avait ordonnées comme devant être nationales, Staline figurait parmi les porteurs du cercueil ... ;o)

vendredi, janvier 16 2009

27 Mars 1922 : Stefan Wul

27 mars 1922, Paris : naissance de Pierre Pairault, mieux connu sous le pseudonyme de Stefan Wul, nouvelliste et romancier.

Enfant déjà, il vendait à ses condisciples de petites histoires qu'il écrivait. Pourtant, c'est tout-à-fait par hasard que ce chirurgien-dentiste entre en littérature, après avoir entendu son épouse se plaindre d'un roman de S.F. qu'elle était en train de lire.

Stefan Wul (le pseudo fut calqué sur le patronyme d'un scientifique soviétique) pense tout d'abord à tâter du roman policier mais bifurque très vite vers la Science-Fiction où il continue, après sa mort, survenue le 26 novembre 2003, à occuper une place bien spéciale.

En 1956, paraît son premier roman : "Retour sur O", sorte de space opera se déroulant entièrement dans l'espace et où l'auteur se cherche encore.

Mais, un an plus tard, il sort ce qui deviendra l'un des classiques de la S.F. mondiale : "Niourk", épopée post-apocalyptique qui voit un jeune enfant noir, rejeté par son "clan" d'origine, partir à la recherche du Vieux, le sorcier qui préconise pourtant qu'on le sacrifie aux dieux._

C'est ainsi que l'enfant noir, qui ne se donnera lui-même un nom (Alf, en hommage à l'alphabet) qu'à la fin du roman, chemine de Santiag de Cuba jusqu'à Niourk (ex-New-York) où il rencontre et est soigné par deux Vénusiens ...

Autre grand succès de Stefan Wul : "Le Temple du Passé", qui prête à l'Homme des origines atlantes, ou encore "Oms en série", qui sera adapté au cinéma par Roland Topor dans les années 70.

L'origine de l'Homme mais aussi son évolution à venir, la radio-activité, ses avantages et ses faces d'ombre, la science en général et ce qui peut en découler, en bien comme en mal, tels sont quelques uns des thèmes traités, de façon presque toujours très originale, par le romancier français.

Son style, simple et sans fioritures, n'a pas non plus cette froideur un peu mécanique de certains auteurs de S.F. Quant aux chutes de ses intrigues, elles surprennent en général beaucoup.

Un auteur différent qui, comme Stanislas Lem, prouve que la S.F. européenne existe bel et bien. ;o)

jeudi, novembre 27 2008

26 Mars 1911 : Tennessee Williams

26 mars 1911, Colombus, Mississipi : naissance de Thomas Lanier Williams, dit Tennessee Williams, poète, nouvelliste et dramaturge.

Dans un foyer d'où le père, voyageur de commerce, s'absentait souvent, le jeune Tennessee fut essentiellement élevé par une mère possessive et des grands-parents auxquels il devait rendre hommage en adoptant son pseudonyme.

Autre personnage-clef de cette enfance un peu spéciale : sa soeur Rose qui développera une personnalité schizophrène à laquelle on tentera de remédier en lui faisant subir une lobotomie en 1937. (C'est cette opération qu'il transposera plus tard dans "Soudain l'été dernier").

Cette décision de ses parents provoque d'ailleurs la rupture avec leur fils qui n'admet pas le bien-fondé de ce traitement médical extrême et, ainsi que le prouvent discrètement ses mémoires, se sentira toujours coupable à la fois de ne pas avoir partagé la différence de sa soeur et de ne pas s'être opposé à la lobotomie dont elle fut la victime.

Essentiellement homme de scène, Tennessee Williams écrit sa première pièce à 33 ans. Il s'agit de "La Ménagerie de Verre" où apparaît déjà le personnage de Rose.

Jusqu'au bout de sa carrière de dramaturge, le succès se maintiendra aux côtés de l'écrivain dont nombre de pièces ("Soudain l'été dernier", "La Chatte sur un Toit Brûlant" ...) seront adaptées au cinéma.

Tous les cinéphiles ont encore à l'esprit celle qu'Elia Kazan fit de son "Tramway nommé Désir". Brando y triompha d'abord à Broadway, puis à Hollywood. A ses côtés, Vivien Leigh interprétait avec de troublants accents de vérité le personnage, lui aussi atteint de folie, de Blanche Dubois.

La Mort, le drame, la sauvagerie, l'homosexualité, la folie, la marginalité engendrée par la différence, tels sont les thèmes récurrents dans l'oeuvre de Tennessee Williams qui, à ce jour, reste l'un des plus grands auteurs américains du XXème siècle.

Il a également écrit un roman nostalgique : "Le Printemps romain de Mrs Stone" et enfin d'assez décevants "Mémoires d'un Crocodile" qui en révèlent beaucoup moins sur l'homme que ne l'ont fait ses pièces.

Tennessee Williams mourut à New-York, le 25 février 1983, seul dans sa chambre d'hôtel. Alcoolique notoire, il avait tenté d'ouvrir une bouteille de whisky avec ses dents et, suite probablement à une quinte de toux, avait avalé le bouchon métallique qui resta coincé dans son pharynx et l'étouffa.

Une fin digne de l'un de ses personnages ... ;o)

mercredi, novembre 26 2008

25 Mars 1914 : Frédéric Mistral

25 mars 1914, Maillane : décès de Frédéric Mistral, poète, romancier, lexicographe, Prix Nobel de Littérature 1904.

Instruit chez ses parents, des ménagers aisés par lesquels il était apparenté aux plus vieilles familles provençales, Frédéric Mistral n'entra à l'école qu'à l'âge de 9 ans.

Il se destinait au droit et c'est pendant ses études à Aix qu'il découvrit l'histoire de la Provence sans oublier le rôle politique qui avait jadis été le sien.

Il s'en fit alors le champion et décida de rendre ses lettres de noblesse à la langue du pays.

Tout d'abord en composant des oeuvres - des poèmes, entre autres - en occitan mais aussi en créant une association destinée à promouvoir le provençal.

Cette association prit le nom de "Félibrige" et compta, parmi ses fondateurs, des poètes catalans exilés sur l'ordre d'Isabelle II d'Espagne.

L'oeuvre la plus célèbre de Mistral, que Gounod devait adapter pour l'opéra, c'est bien sûr "Mireille", où sont contées les amours de Mireille et de Vincent.

On aura garde d'oublier "Lou Tresor dou Felibrige", premier dictionnaire occitan-français en deux volumes, qui impose une première graphie officielle de la langue occitane et fait encore autorité aujourd'hui.

Pour mémoire, Mistral était né à Maillane, le 8 septembre 1830. ;o)

mardi, novembre 25 2008

24 Mars 1834 : William Morris

24 mars 1834, Essex : naissance de William Morris, poète, romancier, peintre et architecte.

Cette étrange et fascinante figure de l'Art britannique vit le jour dans un milieu aisé et songea un temps à entrer dans les ordres.

Mais sa rencontre, en 1856, avec Dante-Gabriele Rossetti allait le faire s'engager définitivement dans le chemin d'un art polyvalent où il occupe une place tout-à-fait exceptionnelle.

Sur le plan littéraire, il produisit quelques poèmes, des essais sur l'Art, bien entendu et aussi un certain nombre de romans dont le très connu - mais non traduit apparemment : "Dream of John Bull."

En tant que peintre, son oeuvre a largement contribué à l'essor du mouvement pré-raphaélite.

A noter que cet utopiste attiré par une société idéale et fortement marquée au coin du socialisme de l'époque, fut aussi l'un des fondateurs du mouvement Arts & Crafts (qui préfigure l'Art Nouveau) et se fit décorateur d'intérieur, éditeur de luxe, etc, etc ... ;o)

lundi, novembre 24 2008

23 Mars 1952 : Kim Stanley Robinson

23 mars 1952, Illinois : naissance de Kim Stanley Robinson, nouvelliste et romancier.

Par les thèmes qu'il aborde autant que par son sens de fresquiste, Kim Stanley Robinson occupe une place à part dans la S.F.

C'est en 1984 que sort le premier de ses romans qui fera date : "Les Menhirs de Glace", axé sur trois grands thèmes majeurs : l'exploitation des planètes par l'Homme, les problèmes qu'entraîne une longévité accrue et enfin le rôle de l'Histoire au sein de tout cela.

Ce roman, que certains jugeront trop long, est d'ailleurs une variation sur le thème de la mémoire, de ce qu'elle retient, de ce qu'elle oublie et de toutes les conséquences qui peuvent en découler, tant sur le plan individuel qu'universel.

On y rencontre déjà une Terrienne née sur la planète Mars colonisée - son "Journal" constitue la première partie du livre - et certains événements qui se sont déroulés sur Mars, dont l'une des deux fameuses révolutions entraînées par l'opposition entre les partisans du maintien de la planète dans sa minéralité première et ceux qui, au contraire, voulaient la transformer en une nouvelle Terre, avec océans, etc, etc ..., y sont évoqués.

Robinson n'hésite pas à étaler ses intrigues sur plusieurs siècles, les techniques de prolongation de l'existence humaine qu'il imagine lui permettant largement de le faire.

Le fait est déjà patent dans "Les Menhirs ..." mais tourne carrément au cycle millénaire dans la trilogie sur Mars qui lui a conquis une définitive notoriété : "Mars la Rouge", "Mars la Verte", "Mars la Bleue".

A propos de ce cycle monumental, on a évoqué ce qu'avait échafaudé Franck Herbert avec "Dune."

Pourtant, il n'y a ici aucun travail sur la langue elle-même, on assure au contraire que le style de Robinson, précis et scientifique, est plutôt froid.

Mais les trouvailles imaginatives, la complexité des personnages, l'enchevêtrement des intrigues et des boucles du temps confèrent à l'ensemble une richesse absolument unique.

A découvrir, si ce n'est déjà fait pour vous. ;o)

- page 2 de 5 -