Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Alexandrie : Mes Coups de Coeur.

Fil des billets

vendredi, avril 20 2007

Soliloques - Pierre-Alain Gasse.

Le Thème :

Ces neuf nouvelles sont des « je » divers, des fictions écrites à la première personne. À chaque fois, l'auteur a tenté d’entrer dans les pensées d’un personnage, qu'il a laissé s’exprimer : un médecin d'ONG face à un amour de jeunesse dans "Le Baiser de la Toussaint", une veuve, mère de quatre enfants, aux derniers jours de sa vie, dans "Ad Patres", un jeune criminel par amour et amitié dans "Tu feras gaffe où ton cœur se pose !" ou encore un punk en rupture de bans familiaux dans "In Memoriam".

À trois reprises, il s’est agi de personnages réels, placés par des circonstances adverses sous les feux de l’actualité. Qu’ils lui pardonnent cette liberté ! En une autre circonstance, c’est dans la peau du personnage d’un autre qu'il s'est glissé (Retour perdant). Enfin, l'auteur a repris partiellement la main, pour prolonger ou conclure ces « soliloques » dans le "Journal d'Alexandra" (journal intime des années 70) et "Galerie Marchande" (histoire d'un SDF).

Je sais, je suis une inconditionnelle mais c'est toujours avec un grand plaisir et beaucoup de curiosité que je me plonge dans les oeuvres de Pierre-Alain Gasse. Essentiellement, je pense, parce qu'il unit une profonde originalité à une grande tendresse envers l'espèce humaine.

Parmi les nouvelles de "Soliloques", je donnerai peut-être ma préférence à celles qui, coïncidence, portent des titres latins : "Ad Patres", toute en pudeur et en authenticité, et "In Memoriam", dont la chute impeccable souligne la noirceur tout aussi implacable.

Mention spéciale à "Le Vent m'emportera" où j'ai cru saisir (peut-être à tort) un souffle de "Noir Désir" - et que l'auteur sache que je partage entièrement son point de vue sur la question - et à "Coup de tête" : là aussi, nous sommes d'accord.

Pour ceux qui ont déjà dévoré "Noir à l'Ouest", je signale que "Le Journal Secret d'Alexandra" a un lien avec "Les Amants du square Thomas Beckett", nouvelle qui ouvrait ce précédent recueil.

Je l'avoue sans honte : je suis une gassomaniaque.

Et je trouve scandaleux que ces nouvelles n'aient pas trouvé de maison d'édition.

A télécharger sur Alexandrie.

Et sur le site de l'auteur.

jeudi, avril 19 2007

Personnages Secondaires - Sylvie de Béarn.

La quatrième de couverture :

Pas le temps de comprendre la magie, juste le temps de s'émerveiller... Comment faire pour marcher dans la poussière et ne jamais se ternir ? Tous semblables et si différents....

ne rend guère justice à cette suite de nouvelles au style riche, où les idées foisonnent dans une floraison macabre, obsessionnelle et souvent vénéneuses. L'ensemble a vraiment de quoi séduire car il révèle une véritable nature d'écrivain qui aime à travailler et peaufiner les mots dont il se sert. Il y a ici quelque chose d'indubitablement baudelairien, à la limite parfois de Huysmans. Et cette obsession de la mort et du sexe, de la maternité et de la souffrance, de la douleur et du mépris est tout à fait singulière.

Tel quel, "Personnages Secondaires" demeure à ce jour l'un des ouvrages les plus intéressants que j'aie lus sur Alexandrie.

A télécharger sur Alexandrie.

mercredi, avril 18 2007

Les Poteaux Roses - Julien Dupond.

Le Thème :

Histoires d’un peuple étrange, sans bras ni jambes, pourvu d’un œil énorme qui fait le tour de leur tête, vivant sur l’horizon. L’évolution s’en mêlant, ils finissent par prendre apparence humaine, leur œil se fend en deux, les membres apparaissent et ils peuvent ainsi conquérir le monde, pour le malheur des autres habitants de la planète rose.

Les histoires, contes et petits textes qui suivent, illustrent l’expansion des Poteaux Roses et les présupposés sur lesquels ils ont construit leur empire : l’information, les frontières, les lieux communs, leur quête perpétuelle du travail ou de n’importe quelle activité donnant un sens, mais aussi la vie d’autres espèces menacées (les tables basses, les aspirataures…), les dangers et les invasions imminentes qui menacent la planète rose …

Les Poteaux Roses, ce sont les êtres humains. Dans cette soixantaine de pages, Julien Dupont nous décrit, avec un humour grinçant et beaucoup d'imagination poétique, comment, d'un simple poteau de couleur rose qui, au départ, n'avait pas d'yeux et rien qu'une touffe de cheveux, nous sommes passés au modèle actuellement en cours.

Au passage, nous apprenons que les paillassons sont des animaux qui redoutent l'humidité, qu'il existe des aspirataures, que les chronologues ont bien du mal à se repérer dans le temps et une foule de petits détails, comiques ou tragiques mais toujours dépeints sur un ton allègre et avec ce recul sans pareil que donne l'ironie.

Un roman serait, paraît-il, en préparation. Espérons que nous pourrons un jour le lire car, s'il est du même tonneau que ces "Poteaux Roses et autres histoires du Pays rose", nous y trouverons certainement notre part.

A télécharger sur Alexandrie.

mardi, avril 17 2007

Gnomons - Philippe Mermod.

Le Thème :

Qui sont les gnomes et que se passe-t-il dans leurs petites têtes bourdonnantes ? Ne vous êtes-vous jamais mis à la place d'un grain de poussière ? Pourquoi le monde existe-t-il, et qu'est-il arrivé au mammouth ? Voici douze nouvelles aux formes aussi expérimentales que variées, qui tournent toutes autour du même thème: la création, la perpétuation, la vie au sens large.

C'est vrai que les gnomes apparaissent dans l'avant-dernière nouvelle, de façon à la fois humoristique et poétique - j'ai adoré leurs noms. A part cela et en dépit du titre, ces nouvelles en comportent cependant fort peu, sous leur forme mythique.

Il y a, dans cet ouvrage, en dépit de ses inégalités, quelque chose de fascinant qui m'a incité à me fendre d'une promesse d'achat en sa faveur. La poésie, tout d'abord, de nombre de textes (je vous recommande tout particulièrement "Histoire d'un grain de poussière" qui est sans doute l'une des plus belles aspirations à l'Infini et à l'Universel qu'il m'ait été donné de lire autrement qu'en vers), l'humour bien sûr mais aussi la sensation que, derrière tout cela, se dissimule une réflexion profonde sur ce que nous sommes bien entendu, sur notre univers également mais aussi sur tout ceux que nous ne connaissons pas. L'esprit de l'auteur reste ouvert. Sa nature poétique le garde des excès de certitudes qui sont (trop) souvent l'apanage des scientifiques.

Voilà pourquoi "Gnomons", malgré ses inégalités, dégage un charme certain et incite son lecteur à prendre son temps pour le lire - le déguster - à haute voix par exemple, chez lui, sur une édition papier.

A télécharger sur Alexandrie.

dimanche, avril 15 2007

Ecritures Rouges - Thomas Desmond.

Le Thème :

Si par mégarde vous vous égarez dans les souterrains sombres d'une Abbaye perdue loin dans la vieille Europe de l'Est, vous pourrez découvrir ce qui se trame la nuit dans des maisons de retraite assez spéciales, ainsi que les raisons pour lesquelles certaines écoles primaires sont victimes de vampires sanguinaires. Vous comprendrez ce qu'il y a au bout du tunnel et connaîtrez la dégénérescence infernale de certaines villes fantômes! Suivez la lumière des cierges et descendez plus bas, toujours plus profondément, là vous pourrez jeter un œil sur le quotidien de familles cannibales et découvrirez l'intimité de fins gourmets amateurs de chair fraîche. Suivez le guide, et que le spectacle commence !

Le genre fantastique et épouvante n'est pas facile à traiter. D'abord et essentiellement parce que tout semble y avoir déjà été dit et écrit. Pourtant, ces nouvelles, qui usent de situations et de personnages appartenant au folklore littéraire si cher aux amateurs d'horreur, le font avec bonheur et humour.

J'ai beaucoup apprécié la troisième (l'auto-stoppeuse, si je ne me trompe) et la dernière m'a rappelé "Twillight Zone" et pas mal de bons films. Les chutes sont impeccables et le lecteur éprouve, en y parvenant, cette jubilation unique que tout aficionado de nouvelles, fantastiques ou pas, connaît bien. L'on sent ici quelque chose de neuf, comme si l'auteur pensait qu'il y a encore quelque chose à inventer et que, peut-être ...

J'espère que Thomas Desmond persévèrera et nous donnera d'autres nouvelles - et peut-être un roman, qui sait ? ... A part ça, côté style, un peu de peaufinage sans doute. Mais, pour un début, c'est vraiment remarquable.

A télécharger sur Alexandrie.

samedi, avril 14 2007

Coeurs de Femmes - Marcel Nüss.

Le Thème :

Quatre nouvelles et un prénom féminin pour chacune d'elles : Elise, l'épouse de marin-pêcheur, mariée trop jeune et qui finira par quitter son mari pour un autre type d'amour ; Sophie, l'infirmière anti-conformiste, qui tombe amoureuse d'un patient condamné ; Anne, à qui un événement en apparence mineur va faire tourner le dos à tout ce qui fut son existence aux côtés d'un gentil "beauf" ; Eve enfin, handicapée-moteur, qui réclame sa part de joies.

Quatre femmes attachantes, chacune à sa façon.

Il y a là-dedans de très réelles qualités, malgré quelques lourdeurs aux entournures de certaines phrases. Ce qui m'a frappée, bien sûr, c'est l'analyse de la mentalité féminine - après tout, l'auteur est un homme - mais, plus encore, la qualité des dialogues. C'est assez rare pour que je le souligne.

Il m'a semblé toutefois que l'auteur manifestait plus d'aisance dans les deux dernières nouvelles. Mais cela peut-être subjectif.

Si Marcel Nüss a écrit d'autres textes, qu'il n'hésite pas à venir nous les présenter. Au reste, il me semble qu'il a déjà été édité chez L'Harmattan.

A télécharger sur Alexandrie.

mercredi, avril 11 2007

Trois Roses Rouges - Jean-Marc Pagan.

Résumé :

"Trois roses rouges" met en scène deux personnages dans une histoire d'amour à la fois impossible et inévitable. Dans leurs deux vies humaines, la question du divin surgit, bouscule, les éloigne l'un de l'autre sans jamais les séparer totalement.

Cette nouvelle est un authentique petit bijou. Avec un sujet qui, sous une autre plume, aurait facilement sombré dans la mièvrerie et le "cucul", Jean-Marc Pagan a bâti un petit chef-d'oeuvre (et je pèse mes mots) de pudeur, de sobriété, de tendresse et de beauté.

Ses personnages n'ont rien de caricatural ou d'excessif : ils sont simples et vrais. C'est qu'ils n'agissent pas pour paraître : ils veulent être eux-mêmes et se préoccupent surtout de ce qu'il y a derrière l'être.

Avec cela un style fluide, clair, dépouillé qui me rappelle le meilleur Giono avec, en prime, de superbes descriptions d'un pays grand par l'Histoire s'il ne l'est par la surface : l'Islande. Des personnages qui auraient facilement pu se laisser tenter par la caricature sainte et auxquels on ne cesse de croire un seul instant, Une construction millimétrée, un souci constant du travail de l'écriture qui achève de me convaincre quant à moi de la nature d'écrivain qui est celle de Jean-Marc Pagan.

Bref, on en redemande. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

mardi, avril 10 2007

Damien - Isabelle Chapuis.

Quatrième de couverture :

Damien Montale n'est finalement pas très différent des autres adolescents de son âge. Comme eux, il mange ses crottes de nez et ne range pas sa chambre... Toutefois, il demeure persuadé de détenir un pouvoir digne de personnage de Manga : celui de déplacer les objets par la pensée. Et si son acharnement finissait par aboutir ?

Avec "Damien", Isabelle Chapuis poursuit dans le conte cruel en posant en outre une fin qui laisse planer un doute soit sur la santé mentale de la mère de l'enfant, soit sur la réalité de l'histoire vécue. C'est du moins l'effet que j'en ai retiré.

L'auteur nous confirme par là même qu'elle a beaucoup d'idées et qu'elle sait les traiter : la construction, ici, est pratiquement impeccable. Il est regrettable que, depuis quelque temps, elle n'ait rien déposé sur Alexandrie, dont elle demeure l'un des écrivains les plus prometteurs.

A télécharger sur Alexandrie.

Et sur le site de l'Auteur.

lundi, avril 9 2007

Magie - Jacob Thomas Matthews.

La quatrième de couverture nous donne :

Compte rendu de rêves et de rencontres bien oniriques qui ont eu lieu - ou devaient avoir lieu - dans la ville grise, Poitiers il me semble, autour de 1997 1998, le tout écrit avec la conviction que la poésie se doit d'être opérationnelle, c'est dire influer sur les supposés choix des personnes qu'elle touche et conduire Léah jusqu'au pas de ma porte où elle sonne et je la fais rentrer...

Voilà un texte qui surprend - et en bien. S'y élèvent une foule de visions, autour d'un terroriste au double visage dont on ne sait vraiment pas s'il en est un et d'une femme, probablement assassinée par le narrateur (mais est-ce sur l'ordre de quelqu'un ?) dont on peut croire parfois qu'il n'est autre que le terroriste.

Tout cela est trouble et émerge des vapeurs hallucinogènes d'une poésie incroyable retranscrite en simple prose, à l'aide d'un futur simple de l'indicatif qui semble parfois être l'unique maître du jeu.

Cela ne se raconte pas, cela se lit et se savoure.

A télécharger sur Alexandrie.

Pour tous ceux qui s'intéressent à Jim Morrison, un regard à jeter également sur le site de l'auteur.

On notera que Jacob T. Matthews a consacré un ouvrage au chanteur des Doors, paru aux éditions de l'Harmattan :

dimanche, avril 8 2007

Piège dans le Cyber-Espace - Roberto di Cosmo.

La quatrième de couverture annonce très clairement la couleur de cet essai :

Sous couvert des progrès technologiques, les sociétés informatiques livrent bataille pour le contrôle de l'information. Mais leur puissance commerciale est aujourd'hui telle que le consommateur est véritablement pris en otage. Faut-il mourir idiot au pays des TechnoCrétins ? "Piège dans le cyberespace", qui détaille la stratégie hégémonique de Microsoft, a été consulté près de trente mille fois sur le Web en moins de trois semaines !

Court, simple, précis, vipérin mais argumenté, cet essai de Roberto di Cosmo révèle bien des petits secrets de l'Empire Microsoft - en se basant sur l'exemple du calamiteux Windows 95 - qui s'inscrivent dans la logique de mondialisation made in USA - même si une partie de l'opinon américaine, Di Cosmo a l'honnêteté de le souligner, y est farouchement opposée.

C'est bien d'un kidnapping à l'échelle mondiale dont il s'agit : kidnapping sur les goûts, les numéros de codes privés, les habitudes, voire les déplacements de l'internaute qui possède une confiance aveugle en Bill Gates et les siens. Seule alternative : le logiciel libre. Encore faut-il s'en sentir le courage et en avoir surtout les moyens de réflexion informatique - ce qui n'est pas évident pour tout le monde. En tous les cas, voici un petit traité à conserver dans sa bibliothèque, non loin de l'ordinateur. :polichap:

A télécharger sur Alexandrie.

samedi, avril 7 2007

Cogito les pieds dans l'eau - Georges-Philippe Rieker.

Pour la quatrième de couverture :

L’auteur expose une réflexion basée sur les idées et les faits qui, avec le temps, sont devenus notre mémoire et le confort de nos habitudes et croyances quotidiennes. Le monde est, au sens large, ce que les Humains en font, activement ou en laissant faire. La société des humains est embarquée sur une nef qui navigue désormais à vue, sans destination particulière et sans autre ambition que l’exploitation des uns par les autres, partout où le bateau jette l’ancre.

Aussi, pour retarder le chaos que semble annoncer notre proche avenir, il est temps de retrouver les liens positifs qui rapprochent les contenus des contenants et faire cohabiter harmonieusement les aspects matériels et moraux d’un tout auquel, bon gré, mal gré, nous participons existentiellement pendant un certain temps. Notre souci de parents est de faire en sorte que la “Terre-Mère” demeure et continue d'offrir à nos enfants, ainsi qu'à leurs descendants, tout ce dont la vie a besoin pour se perpétuer, longtemps encore.

Cet essai qui fait alterner la logique et la sûreté du trait avec un petit ton pince-sans-rire (sauf sur la fin) est à découvrir. Il me semble d'inspiration nettement rousseauiste et je trouve certaines des propositions émises (là encore sur la fin) assez utopistes mais il a le mérite de croire en l'Homme pourvu que celui-ci se réconcilie avec la Nature. Quoi qu'il en soit, la réflexion est solide, argumentée et rédigée en un style tout à fait accessible.

Des pensées à découvrir donc avec la nécessité de revenir sur certaines d'entre elles (comme celles sur l'éducation ou encore l'emploi des chômeurs) pour méditer un peu. En outre, le titre tout comme les illustrations dégagent une grande et salutaire impression de fraîcheur et de sérénité - ce qui ne fait qu'ajouter au charme de l'ensemble.

Donc, écologistes et amis de la Nature qui traînez par ici, allez télécharger cet ouvrage sur Alexandrie. Vous ne devriez pas vous en repentir. ;o)

vendredi, avril 6 2007

Laetitia - Isabelle Chapuis.

Les amateurs de textes courts seront ici servis car il s'agit d'une nouvelle assez brève. Le thème : une femme qui cherche à séduire un homme mais qui choisit un moyen vraiment stupide pour parvenir à ses fins et qui passe par l'apprentissage de la cigarette.

Franchement, je ne m'attendais pas à la chute - ce qui est rare chez moi - mais celle-ci est frappante et bien amenée. Assurément, cette nouvelle - écrite par une infirmière de profession - dégoûterait n'importe quelle personne intelligente de commencer la cigarette, c'est tout dire. De plus, il y a une recherche timide dans le style et l'histoire n'est pas dépourvue de cette cruauté ironique que l'on rencontre si souvent dans la vie.

Alors, un roman - non, rien en vue ? ... Je sais, je pose toujours la même question mais il me semble qu'elle s'impose quand un texte court est aussi bon que celui-là.

A télécharger sur Alexandrie.

Et sur le site de l'Auteur.

jeudi, avril 5 2007

L'Homme Qui Aimait Les Chats - Jean-Marc Pagan.

Charly vit seul, dans une ferme, avec sa mère, avec laquelle il entretient une relation d'amour et de haine que l'on rencontre plus souvent qu'on ne le croit, hélas ! Le temps d'un été, deux enfants vont l'aider aux travaux de son exploitation et la vie de cet homme volontiers taciturne et dont la seule passion semble être les chats s'illuminera, très brièvement.

Pour évoquer les personnages comme il le fait, on peut penser que l'auteur transpose directement une expérience personnelle ou alors qu'il a bien connu quelqu'un qui ressemblait à ses héros. (Mais je penche pour la première hypothèse.) L'histoire qu'il en a tirée est pudique, amère, douloureuse et triste.

On voit parfaitement le milieu rural dans lequel tout cela baigne mais ces développements sont peut-être un peu longs - c'est surtout sensible dans la première partie de la nouvelle. C'est le seul reproche que je ferai à ce manuscrit.

Enfin, j'aimerais bien savoir si l'auteur n'a pas pensé un instant en faire quelque chose de plus long - un court roman plutôt qu'une assez longue nouvelle en fait ? Le texte y gagnerait parce qu'il permettrait une analyse plus fouillée des sentiments du héros. Là, on reste un peu sur sa faim - et on a l'impression que l'auteur aussi.

Jean-Marc Pagan, si vous me lisez, venez me répondre. Merci. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

A Noter : bientôt en ligne ici un billet sur "Trois Roses Rouges", autre nouvelle de Jean-Marc Pagan : un vrai petit bijou !

mercredi, avril 4 2007

Aime le Mot Dit - Gaël Labanti.

La quatrième de couverture nous dit :

"Prenez deux vocables, mariez-les en ne vous attachant qu'à leur apparence et vous obtenez un joli mot qu'aucun dictionnaire n'acceptera de reconnaître. Voilà pourtant un enfant qui risque de vous procurer un plaisir sans nom, surtout si vous lui trouvez une définition drôle, spirituelle, inattendue, mais qui devra cependant, le plus elliptiquement possible, évoquer ses chers parents. C'est toute la raison d'être de cette pratique ludique, voire poétique, baptisée "mot-valise". Partez donc à la découverte de quelques uns de ces étranges vocables au fil de ce recueil conçu par un étudiant en lettres de 24 ans passionné par les jeux sur le langage."

Quand je suis tombée sur "Aime le Mot Dit", je relisais Brantôme et je m'émerveillais de certains mots passés de mode mais qui ont bel et bien existé, comme l'adjectif "marmiteux." Or, errant sur Alexandrie, je rencontrai "Aime le Mot Dit" et j'y découvris "fellasioniste", "lesbien raisonnable", "roméothérapie" et d'autres encore, tous nés de l'imagination et du sens de l'euphonie de Gaël Labanti et donc pas encore reconnus par l'Académie - ont-ils jamais une chance de l'être d'ailleurs ? Sans doute pas et c'est fort dommage.

Bref, je me suis bien amusée ce jour-là et je trouve que ce petit ouvrage de 58 pages, en dépit de sa modestie, vaut largement le détour et un petit coup de chapeau.

A télécharger sur Alexandrie.

mardi, avril 3 2007

Classé x minuscule - Jean-Pierre Guillet.

Quatrième de couverture :

Dans les romans érotiques comme dans les sites de même confession, les hommes sont quasiment tous de vigoureux étalons et les femmes des bacchantes infatigables. Les états d'âme n'ayant guère voix au chapitre, les problèmes psychologiques se font discrets jusqu'à l'inexistence. Les circonstances demeurent favorables avec autant de variété qu'une ligne droite indéfinie. Les copulations et ruts divers vont donc jusqu'à leur conclusion logique avec des orgasmes sans l'ombre d'un retard sur le cahier des charges. En émergeant de telles lectures, on aurait donc naturellement tendance à vouloir forniquer avec le monde entier en ne connaissant jamais la moindre défaillance. Peut-être est-il alors temps de se méfier un peu.

Un seul mot pour définir ce second recueil de nouvelles de Jean-Pierre Guillet :

EX-CEL-LENT !

Que cet ouvrage n'ait pas trouvé d'éditeur prouve bien le malaise de la littérature formatée dans notre pays.

A télécharger sur Alexandrie.

Chroniques de la Vie Banale - Jean-Pierre Guillet.

Jean-Pierre Guillet, qui bénéficie d'un nombre de téléchargements révélateur sur Alexandrie, est un auteur à découvrir, tout d'abord avec ces "Chroniques de la vie banale", série de nouvelles au héros récurrent (un double de l'auteur, sans doute) et difficilement racontables. Comment d'ailleurs les citer toutes - même si le manuscrit ne comporte que 36 pages en caractères normaux ?

Parmi elles, je me rappelle celle des petits bergers de Ste Gourde les Clopinettes - une histoire d'apparition de la Vierge mais avec l'accent - "Le Nom du Père" aussi (je crois que c'est elle qui ouvre le recueil) mais surtout la force de l'ensemble, son style travaillé et toujours l'originalité en filigrane. Une nouvelle peut être bonne mais soutenir la qualité tout au long, c'est autre chose - surtout avec humour et naturel.

Si cela vous intéresse, allez télécharger le tout au rayon "Recueils de nouvelles" de la Bibliothèque d'Alexandrie.

L'auteur n'a malheureusement pas de site. ;o(

Eden 436 - Christophe Van Kerrebroeck.

Ce recueil de petits contes est à lire et à relire. J'ai vraiment aimé ce délire qui dissimule en fait - mais peut-être suis-je un peu obsédée - une réflexion plus profonde qu'il ne semble sur l'idée de Dieu et les raisons de notre présence sur cette f ... pardon ! sur cette admirable planète. C'est drôle, c'est bien enlevé, c'est cynique aussi (j'aime le cynisme), il y a de l'espoir mais guère en un dieu créaeur, style Jéhovah et ses dérivés. Mieux : on veut savoir comment s'achèvent ces histoires même si on se doute parfois de la fin prévue (rarement, tout de même).Et cela, c'est un point capital pour un lecteur et pour un écrivain.

(Cet ouvrage fit partie de la Sélection pour le Prix Alexandrie 2006.)

A télécharger sur Alexandrie.

Ou sur le site de l'Auteur.

lundi, avril 2 2007

Prisonniers - Nuax Ov.

J'ai lu cet ouvrage assez bref il y a de cela un certain temps et, en dépit du thème un peu aride, j'en étais sortie plutôt satisfaite. Et aujourd'hui, je le place même parmi mes coups de coeur personnels.

Ce livre, qui n'est à conseiller ni aux asthéniques, ni aux dépressifs, est tout bonnement étonnant. Avec cela, un côté kafkaïen qui sous-tend l'hypothèse d'un cauchemar en dépit des allusions à un régime totalitaire qui parsèment le chapitre II. Mais le gardien Albert, qui ne se pose pas de questions, n'est-il pas, en un sens, aussi prisonnier que celui qu'il garde depuis vingt ans ? ... Toute la question est là et c'est une question désespérée.

Une curiosité, une petite perle noire et morbide à lire en paix. Elle fut sélectionnée pour le Prix Alexandrie 2006.

A télécharger sur Alexandrie.

Et sur le site de l'Auteur.

dimanche, avril 1 2007

Camille - Bernard Fauren.

Il n'y a pas à dire, cela empoigne le lecteur. L'impression que j'en ai retirée - outre une grande mélancolie qui n'en est peut-être pas - se définit comme un mélange de mysticisme et de poésie.

Je pense cependant que certaines choses gagneraient à être approfondies : le rôle du Dr Lévy par exemple. Et la progression me paraît parfois trop rapide. J'entends par là que Camille et Pierre sont des caractères très complexes : leur psychologie devrait être encore plus approfondie. Par moments, Camille est trop sybilline et Pierre ... D'accord, on devine qu'il a tué mais en fait, on n'en sait pas grand chose. La partie qui se déroule à l'hôpital me semble également plus "travaillée," avec des fondements plus réels.

D'un autre côté, on peut penser qu'on se trouve ici - toutes proportions gardées - comme dans "Le Cabinet du Dr Caligari", à savoir que deux interprétations sont possibles : ou bien cette histoire, racontée d'ailleurs par un pensionnaire d'asile psychiatrique, est une rêverie sous l'effet des médicaments ; ou bien les faits sont réels, Camille est vraiment "l'Attente des Autres" et Pierre, qui paraît avoir eu des vies antérieures agitées pour ne rien dire des meurtres auxquels il s'est livré dans sa vie actuelle, est "sauvé" par elle en une forme de rachat christique. Mais je ne parviens pas à trancher. :oops:

(Ce roman fut sélectionné pour le Prix Alexandrie 2006 et c'est avec lui que Bernard Fauren a participé dernièrement à la Fête du Livre à Grenoble.)

A télécharger gratuitement sur Alexandrie.

Et sur le site de l'Auteur.

Patience - Jean-Christophe Perret.

Cet ouvrage délicat incite l'esprit à s'interroger sur le bien-fondé des choix faits par l'être humain. Je l'ai beaucoup apprécié lorsque je l'ai lu, il y a quelque temps et je regrette beaucoup de ne pas avoir eu de professeur de philosophie capable de tenir un tel discours - j'entends un discours rigoureux et compréhensible - à l'élève que je fus jadis. Bien des choses auraient sans doute été différentes ...

Le thème : un jeune homme, en qui on peut voir le double de l'auteur, rencontre un jour sur un banc un personnage énigmatique nommé Patience et qui deviendra son guide spirituel. Mais qui est Patience, lequel réapparaîtra systématiquement à chaque tournant décisif dans la vie de l'auteur ? Une espèce d'ange gardien ? une matérialisation de l'Inconscient ? Dieu Lui-même ?

En tous les cas, j'ai apprécié à tel point que, ma foi, je me suis fendue d'une promesse d'achat. C'est tout dire.

Si cela vous intéresse, vous pouvez d'ailleurs y jeter un coup d'oeil.

- page 3 de 4 -