Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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Alexandrie : Mes Coups de Coeur.

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dimanche, octobre 21 2007

Neuro-Mime (Théâtre) - Quentin Ochem.

Le Thème :

Les robots vivent au milieu des humains, et ont enfin réussi à obtenir cette qualité trouble que l’on appelle l’intelligence. Oui mais, intelligence n’implique pas émotions, et ces créatures de métal ont le coeur frigide. Ce coeur, Théodore est parvenu à le rendre sensible. Il possède deux prototypes qui ressentent, et se prépare à annoncer en grande pompe sa découverte, quand on lui demande de détruire le résultat de ses recherches. Mortifié, il refuse et cache Gaïa, une femelle. Mais l’horloge tourne, et la jeune androïde découvre peu à peu des sentiments qu’elle n’est pas autorisée à connaître ...

Poétique et romanesque, avec cette très mince pellicule d'humour que Quentin Ochem aime à poser sur ses textes comme on ajoute un glaçage subtil à une pièce montée, "Neuro-Mime" est probablement la pièce de théâtre la plus achevée que j'ai lue de lui jusqu'à ce jour. (Il m'en reste quelques autres à lire sur Alexandrie et je m'en régale à l'avance.)

Sous ses apparences futuristes et derrière ses personnages d'androïdes, se dissimule une double réflexion : a) d'abord, après tout, un jour ou l'autre, il y aura des androïdes et que se passera-t-il ? b) et puis, bien sûr, question qui taraude les imaginatifs de tous poils, qu'est-ce que l'âme ? pré-existe-t-elle ? peut-elle s'imposer à des corps non-organiques ? c) ergo, des sentiments aussi complexes que la souffrance, l'amour, la haine ... que deviennent-ils dans tout cela ?

On m'objectera sans doute que le thème est loin d'être neuf. Pour ne citer que l'un de ses meilleurs traitements littéraires, on se reportera au "Frankenstein" de Mary W. Shelley - qui apparaît d'ailleurs, si mes souvenirs sont exacts, dans "Même plus peur" de Quentin Ochem. Soit, ce n'est pas neuf : mais la manière qu'a l'auteur de la traiter, avec une délicatesse et une cruauté qui m'ont évoqué à la fois Anouilh et Giraudoux, séduit et attire.

Bien que ce texte soit prévu pour être dit par des comédiens, on se laisse prendre à sa profondeur, à sa tendresse, à la curiosité intense qu'il révèle envers notre univers (notre univers extérieur et aussi notre univers à nous, celui qu'on ne voit jamais, l'infiniment intangible des sentiments), à son humanisme et aussi, bien sûr, à son humour.

Evoquer les grandes questions existentielles en s'autorisant quelques clins d'oeil et sourires, c'est la meilleure manière de provoquer la réflexion du lecteur et du spectateur lambda. Quentin Ochem l'a compris et c'est sans doute - avec également des dialogues vifs, virevoltants, aiguisés ... - l'une de ses marques de fabrique. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

vendredi, octobre 19 2007

Dieu est une idée - Michel Burlot.

Le Thème :

"Dieu est une idée" ou vingt-cinq preuves de l'existence de Dieu (ceci dit sans prétention) : voici un court manuscrit de vingt-cinq pages. Ce n'est ni un essai ni un recueil de poèmes, mais plutôt un feuilleton philosophique.

Un vrai petit bijou que ce recueil acide, malin, allègre, qui s'amuse et qui amuse ceux, en tous cas, qui savent garder l'esprit ouvert et sans oeillères. (Notez avec cela que, derrière tout cela, se dissimule une réflexion qui mérite qu'on s'y arrête. Seulement, elle se veut modeste et aime visiblement à se dissimuler sous des masques plaisants ou railleurs.)

Les autres - croyants guindés et, bien entendu, fondamentalistes furieux - feront mieux de s'abstenir de le lire : ils n'apprécieraient pas car, hélas ! ces gens-là n'ont pas d'humour et verraient ici un crime de lèse-Dieu qui n'existerait, une fois de plus, que dans leur imagination pervertie. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

jeudi, octobre 18 2007

Contes du Pays des Guignols Gris - Guy Sembic.

Le Thème :

Tayguète, Eridan, mais également d'autres personnages évoqués dans les trois livres de ce "Pays des Guignols Gris", ont rédigé des contes... De leur temps, de leur pays. Voici donc ces contes, rassemblés dans ce quatrième livre du Pays des Guignols Gris ...

J'évalue au plus haut ces "Contes du Pays des Guignols Gris" bien que je les sache reliés à la trilogie des "Guignols gris" et donc peu susceptibles d'être publiés sans cette dernière. Ici encore, je reste stupéfaite devant la facilité et le talent avec lesquels Guy Sembic gère les histoires courtes.

Certes, ces contes du Pays des Guignols gris sont moins drôles que les "Petits contes yugibiens" mais ils n'en demeurent pas moins maîtrisés et même poignants pour certains d'entre eux. Je le répète - et n'hésiterai pas à le répéter : l'auteur est "fait" pour les textes courts où il peut donner la mesure de son talent sans tomber dans les lourdeurs et les inégalités qui font à mon avis de sa trilogie un ouvrage beaucoup plus chaotique.

Bravo encore, Guy ! ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Les Temps Périlleux ou La Table de Merlin - Raymond Derynk.

Le Thème :

Les CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE, légende du fond des âges que nous avons tous imaginée, animée de nos propres rêveries, avec ARTHUR PERCEVAL, LANCELOT, GALAAD. Tout l'amour que MERLIN porte à VIVIANE l'encourage à créer LA TABLE RONDE car lui, le mage sait que l'homme doit atteindre sa maturité d'homme tout en gardant sa fraîcheur et son désir en passant par la QUETE DU GRAAL, pur et mystérieux. MERLIN a trouvé son maître; VIVIANE. La légende, comme la barque sur le sable, échouée, ne garde-t'elle pas la forme de la mer ?

Ouvrage de conception très curieuse, mi-poème, mi-théâtre ... mi-quoi encore ? ... l'un des plus intelligents "résumé" que, en tant que Celte, j'aie jamais lus sur les chroniques arthuriennes. Deux questions cependant à l'auteur : il me semble que, à un certain moment, Morgana trouve le moyen d'emprisonner Merlin ou fais-je erreur ? et bien entendu, où est passé Mordred, le fils incestueux de l'union entre Morgane et Arthur ?

S'y trouve admirablement mise en relief la récupération faite par le christianisme des légendes celtiques : Merlin, fils d'une mortelle et de Lucifer en personne, l'obsession de pureté sexuelle, le lien entre la Femme et la Tentation, etc ...

Un ouvrage remarquable, qui ne peut donner qu'envie de retourner aux racines celtes des chroniques arthuriennes. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

L'Arbre Qui Voulait Avoir Deux Pieds - Christel Desportes.

Le Thème :

C'est l'histoire d'un arbre qui rêve d'avoir deux pieds parcequ'il n'en peut plus de ses racines qui l'empêchent de visiter le monde. Alors il passe son temps à imaginer des ailleurs de l'autre côté de la route ou de l'autre côté de la Terre... peu importe tant qu'il s'éloigne un peu de lui même. L'arbre qui voulait avoir deux pieds est un conte sur l'éternel balancement entre soi, les éléments et cette folle impression qu'aussi loin où l'on part, on part toujours avec soi !

Une histoire d'arbre qui touche au plus profond de nos racines personnelles ... ;o)

J'ai lu ce conte comme une allégorie : l'arbre symbolisant l'homme ou la femme qui n'a pas trouvé sa voie en ce monde, impatient tout d'abord d'aller, de venir, de découvrir ce qu'il y a de mieux en fait pour lui. Certes, au début, là où il est né, l'arbre protège et réconforte les gens du littoral qui ont tant à souffrir de la mer mais, s'il le fait, n'est-ce pas un peu un hasard ?

Et puis, après avoir croisé le Temps, ce grand révélateur, après avoir entendu l'histoire d'un second arbre - australien celui-là - qui, lui aussi, avait deux pieds, l'arbre-héros de Christel Desportes finit par trouver un endroit bien vert, bien frais où lui vient l'envie de poser ses valises. (Si tant est qu'un arbre puisse en avoir, bien sûr ... ;o)) Et ses deux pieds se réconcilient, prennent à nouveau racine ...

... et l'arbre redevient à nouveau un porteur d'espoir et de réconfort, cette fois-ci pour un jeune garçon en mal de jeux. Mais - et c'est là la morale de ce conte, telle que je l'ai ressentie - l'arbre ne donne plus tout ce qu'il a à donner par hasard. Ses deux pieds, avant de se figer à nouveau en une seule racine, l'ont mené là où il pouvait, de son plein gré, accorder paix, sérénité, sécurité. Un peu parce qu'il a conquis sa stabilité personnelle, il peut vraiment en donner aux autres : il a désormais non seulement ce qu'il y a de mieux pour lui mais aussi pour lui et les autres.

Tout cela écrit de façon simple quoique poétique et avec beaucoup de naturel. Bravo à l'auteur ! ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Crocus - Fabrice Herbert.

''Le Thème'' :

Il était arrivé tôt le matin. La rosée imprégnait encore nos corps de sa tendre humidité. La lumière du jour ne faisait que poindre à l'horizon et ne mettait pas encore en valeur ma robe soyeuse. J'en avais un peu honte, mais après tout il n'était pas mieux loti. Pourtant, dès le premier instant, je l'ai trouvé beau. Je ne sais pas pourquoi. Il était beau. Quelque chose en lui m'attirait, sans que je puisse en donner une explication rationnelle ...

Quel merveilleux petit conte ! Quelle fraîcheur ! Quelle poésie également et surtout, quel naturel !

Je ne sais trop pourquoi, cela m'a évoqué Lewis Carroll et ses univers qui ont fini par s'incorporer à notre imaginaire parce qu'ils révèlent, en fait, un autre nous-même.

L'auteur en a-t-il d'autres de la même veine ? Si oui, il faudrait les rassembler. Sinon, il faut, indiscutablement, continuer. :polichap:

A télécharger sur Alexandrie.

lundi, octobre 15 2007

Membres d'Alexandrie, Votez Pour le Prix Alexandrie 2008 !

Chères lectrices, non moins chers lecteurs,

A compter d'aujourd'hui, 15 octobre 2007, les membres d'Alexandrie peuvent voter pour l'ouvrage qui aura retenu leurs suffrages dans les catégories : Roman - Nouvelles - Mixte.

J'ai personnellement voté pour :

1) Roman : trois romans avaient retenu mon attention :

- "Rosa Rosarum" de Mathieu Goux - qui peut cependant prétendre encore mieux au Prix Spécial du Jury qu'au Prix du Roman de cette année ;

- "La Sagesse des Fouch" de Jérôme Nodenot : un roman voltairien, à la construction impeccable, aux personnages anti-conformistes, dont j'avais regretté que son arrivée sur le site en 2006, après la Sélection habituelle, l'eût empêché de participer au Prix Alexandrie 2007.

- "Les Enfants de l'Ô" de Vanessa du Frat : un roman de SF peut-être classique mais d'une maîtrise vraiment incroyable.

Après de longues et ultimes hésitations, j'ai tranché en faveur de "La Sagesse des Fouch" - et je me retrouve avec mes interrogations relatives à "Rosa ..." et aux "Enfants ..." pour le Prix Spécial du Jury. ;o)

2) Nouvelles : j'ai longuement hésité entre "Soliloques" de Pierre-Alain Gasse (un auteur dont j'ai regretté plus d'une fois que son "Noir à l'Ouest" n'eût pas été couronné l'an dernier) et "Presque Rien" de Jean-Christophe Heckers, avant de me décider (de fort peu) en faveur de ce dernier : les nouvelles contenues dans "Presque rien" révèlent pleinement le tempérament d'écrivain de leur auteur.

3) Mixte :

Là encore, il s'en est fallu de peu entre Georges Philippe Rieker et Janik Pilet. Mais la balance a finalement penché du côté de ce dernier.

Il faut noter que le Prix Spécial du Jury sera par contre décerné par les membres du Comité de Lecture.

Je rappelle que les critiques que j'ai pu faire sur les ouvrages en lice sont disponibles sur ce blog, soit dans "Alexandrie : Mes Coups de Coeur", soit dans "A Lire sur Alexandrie."

Et n'oubliez pas de voter ! Surtout si vous avez évalué des ouvrages sur notre base car cette année, les votes seront indexés en fonction du nombre d'évaluations faites par le votant - initiative qui règlera définitivement certains problèmes, dont celui des "fans-clubs" qui déferlaient sur Alexandrie uniquement quand il s'agissait de voter.

(Et, en plus, vous pouvez commenter : sympa, non ? ;o))

samedi, octobre 6 2007

Presque Rien - Jean-Christophe Heckers.

Le Thème :

Dix nouvelles où l'amour et l'étrange font parfois bon ménage. Histoires fantastiques ? A peine. Un doigt de science-fiction ? En marge, alors. Plutôt des vies qui s'emmêlent, se nouent ou se défont, des instants de cristallisation, des moments de bascule. Difficile à dire. En écrivant ces mots, l'auteur sait bien qu'ils ne parviennent pas à exprimer ce qu'ils devraient. « Mieux vaut, dit-il, ne pas se risquer plus avant dans une mauvaise quatrième de couverture : au lecteur de lire, de juger, voire d'aimer... et c'est bien mon seul souhait. »

Des nouvelles qui, pour moi - lectrice pourtant exigeante et ne jurant volontiers, en matière de nouvelles, que par Mansfield, Tchékhov, Maugham, etc ... - ne sont pas loin de la perfection : subtiles dans l'analyse des sentiments et des situations évoqués, pleines de pudeur et de tendresse même si, parfois, le désenchantement est présent, avec cela révélant une sensibilité d'écorché vif que Jean-Christophe Heckers dissimule d'habitude très habilement dans ses oeuvres plus branchées "SF."

L'un des thèmes de ces nouvelles est l'identité sexuelle ainsi que la difficulté de la vivre dans un monde qui, en dépit de ses déclarations grandiloquentes, se détourne encore avec horreur de l'homosexualité, du lesbianisme et peut-être plus encore (si la chose est faisable) de la bisexualité. Le choisir, c'est toujours risquer de tomber dans le scabreux ou la provocation : rien de cela chez Jean-Christophe Heckers qui fait montre d'une puissance de réflexion et d'une lucidité exemplaires.

Je citerai, parmi mes nouvelles préférées, "Ces petites choses" (si cruel et si authentique), "Passages" (qui analyse l'ambiguïté de ce qui ne s'avoue pas), "Peut-être" (peut-être la meilleure nouvelle du lot avec sa coloration fantastique), la gaieté du "Maître" ...

J'ajouterai que, dans un commentaire sur "L'Etoile des Chiens" - si mes souvenirs sont exacts - je parlais du style de l'auteur comme donnant l'impression de se chercher encore. Eh ! bien, ici, aucun doute : son style, il l'a trouvé.

Lisez, vous verrez bien. Mais pour moi, Jean-Christophe Heckers a, sans conteste, du talent.

A lire sur Alexandrie.

vendredi, octobre 5 2007

Dieu ou la Pierre Philosophale du Physicien - Janick Pilet.

Le Thème :

Dieu ou La Pierre philosophale du physicien est l'exposé de la vision du monde que peut avoir un scientifique confirmé, au delà du strict domaine réservé aux sciences exactes. L'examen du problème de la conscience en particulier le conduit à proposer une vision personnelle et originale de la spiritualité, compatible avec les connaissances actuelles et en résonance avec les sagesses les plus anciennes.

Ce qui m'a frappée et séduite dans "Dieu ou la Pierre philosophale du physicien", c'est l'honnêteté de la démarche entreprise. On peut partager ou ne pas partager les idées de Janick Pilet mais en aucun cas on ne saurait mettre en doute le soin et l'ouverture d'esprit qu'il a cherché à y préserver, non seulement pour lui mais aussi pour ses lecteurs.

Plus qu'une oeuvre "scientifique" (encore faudrait-il se mettre d'accord sur la définition exacte de ce terme), j'ai découvert ici un ouvrage philosophique qui, tout en respectant son lecteur, a l'humilité de lui épargner un certain jargon trissotinesque et, de ce fait, en ne rebutant pas le profane (et je suis une profane convaincue ! ;o)), l'incite au contraire à s'intéresser, à réfléchir, à établir le cas échéant des comparaisons et, bien sûr, à méditer sur la nécessité absolue que nous avons tous de devoir conserver l'esprit ouvert tant lorsqu'il s'agit d'une création "accidentelle" (style "Big Bang") que d'une création voulue et concertée (style Jehovah).

Il faut beaucoup de passion et beaucoup d'efforts spirituels personnels pour amener quelqu'un à écrire de cette façon-là sur pareil sujet, surtout si le quelqu'un en question a reçu une formation scientifique. Et cela m'inspire le plus grand respect.

J'ajouterai que l'agnostique que je suis ne peut que recommander un pareil livre : simple, net, non dépourvu de poésie dans certaines descriptions et surtout - valeur inestimable - animé d'une sincérité qui, pour être totale, ne tombe pas pour autant dans le piège grossier de certaines naïvetés.;o)

A lire sur Alexandrie.

dimanche, septembre 23 2007

Les Enfants de l'Ô - Lambda - 1 - Vanessa du Frat.

Le Thème :

Lambda, 2572, une étrange jeune femme est découverte dans une forêt, à des centaines de kilomètres de toute civilisation. Elle donne naissance à deux enfants hors du commun, et se retrouve au coeur d'un complot qui ne tarde pas à prendre des proportions incontrôlables...

Terre, 2064, Line et Lúka tentent de survivre sous le joug d'un père violent et manipulateur. Leur destin semble inextricablement lié à celui de cette jeune femme et de ses deux enfants. Quelle terrible vérité leur cache cet homme impitoyable ? Et que sont réellement ceux qu'il nomme les Enfants de l'Ô ?

Une saga familiale sur fond de science-fiction et de drame psychologique, à découvrir en ligne sans tarder...

Un récit d'une rare maîtrise et qui, pour moi, appartient au club (assez fermé) des meilleurs textes que j'ai lus sur Alexandrie, aux côtés par exemple de "Virtualodrome" de Zlotzky et des oeuvres de Jean-Pierre Guillet.

Plus que l'aspect SF des "Enfants de l'Ô", ce sont leurs sous-entendus psychologiques et freudiens qui m'ont interpellée, toute cette ambiguïté Père-Enfants qui pourrait, avec un zeste d'imagination en plus, évoquer les rapports Créateur-Créatures (si tant est que le ou les Créateurs existent, ce qui est une autre histoire. :devilstraight:)

Bref, il m'a été impossible de décrocher de ce texte de tout l'après-midi, c'est tout dire. En outre, ce qui ne gâte rien, le style court net, loin des clichés habituels et n'a aucun mal à s'imposer : nul doute que l'auteur, en dépit de sa jeunesse, l'ait soigneusement travaillé au fil des années et des essais.

Vanessa du Frat me paraît un auteur très prometteur et c'est sans hésiter que, dès que j'en trouverai le temps - je ne l'ai pas toujours, hélas ! - j'irai lire sur son site personnel la seconde partie des "Enfants de l'Ô." ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Et également sur le site de l'auteur.

Les Voleurs d'Anges - Mary J'Dan.

Le Thème :

Après une rencontre programmée par le destin, Lou-Anne et Romain donnent naissance à la belle Shana, dotée de dons exceptionnels. Cette famille, jusqu'alors sans histoire, se retrouve confrontée à un terrible complot qui les mènera dans le sud de la France, à Perpignan, au Campo Santo, cloître historique où règnent perfidie, malveillance et maléfice.

Les anges pourront-ils les garder de Damnhell ? Lou-Anne, prise au piège de ce mystérieux cloître, et Romain réussiront-ils à sauver Shana ? Les disparus reverront-ils le jour ?

C'est là qu'interviennent l'inspecteur Stéphane Carrio et Prudence, la puissante médium. Mais ses dons seront-ils assez puissants ? Toujours est-il qu'elle vous met en garde : attention aux rencontres "providentielles".

Voici donc le deuxième tome de la trilogie - dont j'apprécie particulièrement la couverture qui me fait penser à Loïe Fuller. Je l'ai aimé plus que le premier - mais c'est un peu normal puisque le premier tome était un tome d'exposition, en quelque sorte.

Le privilège du romancier, petit ou grand, réside en la capacité de rendre authentique l’histoire la plus farfelue. Le plus illustre exemple de cette constante demeure à mes yeux Ponson du Terrail, le créateur de « Rocambole. »

Alors, bien sûr, je n’irai pas comparer Mary J’Dan à Ponson du Terrail. Et pourtant, tous deux oeuvrent dans ce que j’appellerai – sans rien de péjoratif, bien au contraire – le « roman populaire », teinté, dans le cas de l’auteur alexandrin, de mysticisme et de futurisme-SF. L’exercice est toujours délicat car le romancier de cette espèce est comme le funambule qui travaille sans filet et risque toujours de s’écraser par terre. Par un miracle qui ne s’explique pas, Mary J’Dan, elle, continue à évoluer gracieusement dans les airs pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. Il faut dire qu’elle a l’art de conter.

Ses personnages tiennent la route, son intrigue (qui s’étale quand même sur trois volumes) fait de même jusque dans ses ramifications les plus extrêmes et même si tout cela nous a une petite allure de composé à mi-chemin entre les grandes séries populaires du XIXème et les mêmes, revues pour l’essentiel à la sauce des séries télévisées américaines, on veut y croire jusqu’au bout et savoir si la fin que nous avons devinée trouvera bel et bien sa place – comme si le contraire pouvait se produire. ;o)

Bien entendu, si vous n’aimez ni le populaire, ni le rêve, ni la poésie – ciment indispensable pour relier tout cela – passez au large. Et n’oubliez pas qu’il faut de tout pour faire un monde. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

Coffiots, la Fin des Casses ... ? - Bruno Leclerc du Sablon.

Le thème :

"Coffiots, la fin des casses... ?" est autant une « comédie policière » qu'un polar.

Maurice, un ancien marin reconverti, par vengeance, dans les casses de banque, sous une couverture de garagiste collectionneur de vieilles voitures, mène une vie de famille « sans reproche », avec une épouse issue d'un milieu très « comme il faut » et un enfant de quatre ans « qui promet ». Il s'est associé les deux employés de son garage, tous les deux assez maladroits. La bande vient d'effectuer son dernier casse quand une loi - la loi « Ysoult » - entre enfin en application qui interdit désormais aux agences des banques de détenir des fonds. Maurice et sa bande doivent se reconvertir.

Ce dernier casse a tourné à la tragédie, mais la suite s'avère si « heureuse » pour Maurice, sa famille et sa bande qu'il en fait sa nouvelle stratégie, à l'image du jeu « en mort inversé » - une manière de jouer certains coups au bridge, ce jeu qu'il a appris quand il était quartier-maître dans la « Royale » et dont il raffole.

Si l'on tient compte du fait - et il faut en tenir compte - que "Coffiots ..." a d'abord été diffusé en feuilleton sur le blog alexandrin de l'Auteur, on ne peut que saluer ici le résultat obtenu.

Commencée en drame, l'histoire tourne vite à la comédie vaguement audiardesque. Les personnages sont bien campés, les dialogues savoureux, le rythme bien enlevé : même si la "morale" s'en trouve un peu égratignée, le lecteur n'y trouve pas moins son compte, à savoir s'amuser en se délassant.

Une toute petite remarque cependant : il est un peu trop facile pour les Le Ménech d'adopter le jeune Sébastien. J'ai constaté que l'Auteur avait tenté d'y parer mais cela reste tout de même un point critique.

Comme c'est le seul de "Coffiots ...", il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.

lundi, août 27 2007

La Vie Extraordinaire d'Adam Borvis - Jérôme Nodenot.

Le Thème:

Il est écrit, dans l'un des contes de J-L Borges, que la vie d'un homme peut se résumer à quelques scènes. Adam Borvis est un fugueur invétéré : quatre fuites qui constituent chacune une partie de ce petit livre. Dans la première, il a six ans, échappe à la vigilance de ses parents, se perd dans une montagne et fait une rencontre qui s'avèrera déterminante. Dans la seconde, tout juste majeur, il s'enfuit dans un pays où il découvrira sa propre « vérité » et deviendra écrivain. La troisième se déroule au Canada, où il s'est exilé et fera sa plus grande trouvaille : le fondement ontologique de l'homme ; ultime fugue physique qui permettra l'écriture, enfin, de la quatrième partie (un exil imaginaire cette fois) : la figure du clochard comme expérience essentielle. « Ce texte, nous dit l'auteur, m'évoque toujours l'un de mes films préférés : Itinéraire d'un enfant gâté ; il y a du Sam Lion chez mon personnage, dans cette exigence de se pousser aussi loin que possible."

Disons-le tout de suite : j'ai vraiment aimé ce récit d'une vie qui est surtout un hymne à l'anti-conformisme pensé et vécu comme une mode de vie./b Les petits contes qui viennent gonfler ce recueil avec quelques poésies m'ont tout aussi séduite.

Autre chose qui m'a particulièrement frappée dans "La Vie ..." : la réflexion qui y est faite sur l'écriture et la littérature. Outre le fait qu'elle est passionnante et rédigée dans un style simple et "qui ne se la joue pas", elle m'a semblé complémentaire de celle que j'ai pu lire cette année ici même sur Alexandrie avec "Rosa Rosarum" que Mathieu est venu nous présenter ici l'autre jour.

J'ai retenu cette phrase : "A partir du moment où l'on prend une plume pour noircir du papier, on n'est jamais très loin de Dieu." Comme c'est exact ! Comme il est bien vu, le lien inextricable et incompréhensible qui relit l'artiste à la force cosmique ! ...

A lire sur Alexandrie.

jeudi, juin 7 2007

Zéphyr - Jean Matrot.

Les terribles bataillons d’Afrique, en 1923. Eugène, comme tant d’autres, y subit les conséquences d’une naissance misérable. Un soir, parmi les nouveaux arrivants, il reconnaît Ernest, ancien compagnon d’errances. Ces retrouvailles vont changer le cours de sa vie…

Que dire, sinon que Jean Matrot est un conteur né ?

Son récit, cette fois situé dans les années vingt, emmène le lecteur d'Afrique du Nord aux Etats-Unis en passant par un Paris populaire où se mêlent ouvriers, gangsters et tapineuses. Malgré un début qui pourra paraître trop long à certains - mais il faut bien que l'écrivain "expose" son projet et chacun possède son propre rythme - l'intrigue, à mi chemin entre le roman populaire de l'entre-deux guerres et le roman noir traditionnel, n'a aucun mal à tenir le lecteur en haleine.

On se doute bien qu'Eugène retrouvera Madeleine et leur fils comme on se doute que tout cela finira assez mal - même si la mort du héros est traité avec une infinie tendresse par son créateur. Mais on joue le jeu car, dans ce genre de romans, c'est bien ce qui les rend crédibles.

Matrot sait camper des personnages "vrais", aussi vrais, je le répète, que ceux interprétés par Gabin dans le cinéma populaire des années trente. "Zéphyr", d'ailleurs, aurait été idéal pour un Gabin jeune mené par Duvivier ou Carné. Les dialogues, qui usent évidemment beaucoup de la langue verte, sont un régal, et pas seulement pour l'initié (rassurez-vous : un glossaire est prévu à la fin de l'ouvrage ;o).) Ils sont, eux aussi, d'un naturel quasi parfait.

Une question me taraude maintenant : à quand une grande "saga" sur la pègre française par Jean Matrot ? Il en a le souffle et la passion : alors, pourquoi hésiter ?

jeudi, mai 24 2007

L'Innocence Même - Jean Matrot.

Le Thème :

Jean-Luc est comme tout le monde, il a quelques copains un peu « limite ». Le problème, c’est que de l’autre côté de cette limite se cachent des choses pas très propres. Alors quand la balance commence à pencher du mauvais côté, il vaut mieux éviter de se trouver dessous…

Bien que nos politiciens aient dévoyé comme à plaisir les termes "populiste" et "populaire", il faut oser reconnaître ici à Jean Matrot un talent similaire à celui qui animait Eugène Dabit ou encore Francis Carco et qui a trouvé sa meilleur expression cinématographique avec le Marcel Carné de "Le Jour se Lève" ou de "Quai des Brumes."

Si les petits voyous parisiens se sont considérablement bigarrés depuis Carco, dans le fond, ils n'ont pas changé. Toujours aussi violents et cruels. Simplement, comme nous sommes en 2007 et non dans les années trente, tout est mis noir sur blanc, sans complaisance aucune d'ailleurs - saupoudré d'humour au passage parce qu'il en faut bien un peu pour survivre dans cette jungle.

Bref, après "Place aux Amateurs", Jean Matrot nous confirme ici avec superbe qu'il possède bel et bien un style, vif et gaillard que sert admirablement son sens hors de pair du découpage et de l'action.

Contrairement à "Place ...", la fin de "L'Innocence même" s'entoure d'une tristesse déchirante qui, par le retournement qu'elle amène, ne pourra que combler le lecteur curieux et observateur. __ Un livre à lire et à recommander, qu'on se le dise. ;o)__

lundi, mai 21 2007

Impitoyable Destin - Gérard Barrau.

Le Thème :

Les effets d'une malédiction sur les générations suivantes dont les conséquences peuvent êtres multipliés par les soubresauts sociaux que provoque la période de sortie d'une guerre.

Passionnant ! Et ceci malgré une mise en page qui mériterait - à mon sens - d'être revue et quelques fautes et lourdeurs qu'il faudrait supprimer dans l'intérêt même de ce texte remarquable, poignant et pourtant sobre, où l'auteur a su faire passer toute la douleur causée par la mort injuste de son père.

Quelques vérités sont ici écrites noir sur blanc - notamment sur les RDH ou "Résistants de la Dernière Heure" qui se conduisirent de façon infâme à la Libération.

Cette période de notre Histoire étant malheureusement taboue depuis trop longtemps - même si les choses sont en train de changer, et c'est heureux - je doute que ce manuscrit très court (78 pages) trouverait preneur chez un éditeur "classique" même s'il était revu par son auteur afin de lui conférer un maximum de puissance.

C'est l'un des privilèges du Web - d'Alexandrie, de Nota Bene et de ce blog - de permettre que ce genre de silence soit en partie levé, malgré tout. Un texte à lire et à faire connaître !

A télécharger sur Alexandrie.

jeudi, mai 3 2007

Impression Viêtnamiennes - Sylvie Brisset.

Le Thème :

Sylvie, part 6 mois au vietnam. Ce pays, elle en rêvait depuis toute petite, son père ayant vécu là-bas entre 1940 et 1945 à la période Indochine. Elle l’a visité durant 5 ans, pendant ses vacances, rêvant de s’y installer. Par train, moto, jeep, bus et vélo, elle va rencontrer et connaître le vrai Vietnam. Elle va dormir dans des hôtels locaux pour 5 euros et manger dans des petits restaurants où seul les autochtones descendent. Un très beau pays à découvrir au fil de son voyage. Dans ce récit tout se mêlent: aventure, humour, détresse, rire, interrogation. Le Vietnam dans toute sa vérité et sa nuance Asiatique !

Récit vif, haut en couleurs, passionné, par une femme pour qui le Viêt-nam est une seconde patrie. Avec cela, beaucoup d'humour - ce qui ne fait jamais de tort - et une bonne dose de tendresse et de respect pour ce peuple industrieux qui semble ne jamais vouloir se laisser abattre.

C'est bien simple : "Impressions Vietnamiennes" donne envie de se rendre au Viêt-nam, pratiquement dans des conditions similaires à celles qu'a connues Sylvie Brisset.

La chaleur et la convivialité de ce livre sont telles qu'on ne peut qu'engager son auteur à corriger certaines fautes frappantes ("de suite" pour "tout de suite" par exemple) et certaines lourdeurs qui apparaissent çà et là. Si cette révision était faite, je serais, quant à moi, prête à rehausser ma note de deux points - et la faire donc atteindre 9 - c'est tout dire.

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vendredi, avril 27 2007

La Sagesse des Fouch - Jérôme Nodenot.

Le Thème :

Antoine est ingénieur commercial dans une entreprise pharmaceutique. Jusqu'ici en adéquation avec son temps, il se trouve dans une mauvaise passe. En pleine dépression il fait la connaissance de ses nouveaux voisins, les Fouch qui, dans une démarche à la fois voltairienne (en ce sens où ils opposent une sagesse du bon sens aux idéologies dominantes) et gidienne (en faisant s'exprimer leur "authenticité" sans compromission) essayent d'exister différemment. Tous les personnages de ce livre cohabitent dans la même résidence à Toulouse (dont l'auteur lui-même). Enfin, la SDF serait aussi une tentative de conciliation entre la vie moderne et une certaine identité française.

Bref mais incisif, tout en ironie et en cynisme, ce roman est un conte dont Voltaire n'aurait pas renié le bien-fondé. La société que nous appelons moderne y est implacablement dénoncée avec un sourire qui, pour justifié qu'il soit, fera grincer nombre de dents.

Il n'y a pas précisément d'intrigue, rien qu'un fil conducteur : le narrateur, qui envisage d'écrire un roman sur ses voisins, les Fouch, les observe avant d'aborder M. Fouch et de lui soumettre son idée. En parallèle, d'autres habitants de la résidence des Cèdres, où les Fouch possèdent un appartement à Toulouse, passent et repassent, avec des silhouettes du quartier, tels Pablo, le patron de bar et son ennemi, le boulanger.

C'est fin, c'est féroce, écrit d'une plume allègre et la fin est terrible ... pour nous et notre société. A lire !

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mardi, avril 24 2007

Les Observations de l'Aquoiboniste - Philippe Grédisset.

Le Thème :

"Les observations de l'aquoiboniste" se résume à un maigre florilège d’observations, sur des sujets extrêmement variés et intéressants, comme l’anniversaire du Christ ou le téléphone portable. Cela n’a peut-être pas l’air très sérieux. Pourtant, et au risque de choquer, l’auteur pense sincèrement tout ce qu’il écrit.

Je n'avais jamais pensé qu'Alceste pût se réincarner au XXème siècle - a fortiori que nous pussions être parfaitement contemporains, lui et moi, à une année près.

Et jamais je n'aurais pensé qu'il eût songé à jeter ses pensées noir sur blanc et à les propulser ensuite sur un écran d'ordinateur.

Eh ! bien, j'avais tort : il l'a fait avec ces "Observations de l'Aquoiboniste" dont le titre m'attire depuis longtemps parce que, je l'avoue, très souvent, je me dis moi-même : "A quoi bon ? ..." (Mais je me force à aller de l'avant, ne vous inquiétez pas. ;o) )

Douces et amères, teintées de cynisme et fleurant un désenchantement - ou une lucidité ? - inquiétant, cette lecture est à éviter aux asthéniques et aux dépressifs. Dieu merci ! l'humour, même s'il est noir, est aussi au rendez-vous. Bravo à Philippe Gredisset et, en ce qui me concerne, j'espère pouvoir le relire un jour.

Nota Bene : l'illustration de couverture est de Marie-Alix Faivre-Gargadennec.

A télécharger sur Alexandrie.

dimanche, avril 22 2007

J'Aime Pas - Frédéric Bonnet.

Le Thème :

Recueil de billets d'humeur, de coups de gueules, en rapport avec l'actualité ou la vie quotidienne, écrits avec un mélange d'humour, de cynisme et, quelquefois, de rage.

En arrivant à la fin de l'ouvrage, beaucoup d'entre vous se diront, je l'espère, comme moi : "Dix-sept pages seulement ? Mais c'est bien trop court !"

C'est qu'il y a de l'insolence, de l'humour, de la férocité et un grand bon sens dans ces petites pensées qui touchent au plus juste. Et pourtant, elles n'en demeurent pas moins sans aucune prétention.

Aussi une seule question à l'auteur : a-t-il d'autres manuscrits à nous faire lire ? Pour moi, ce sera un plaisir. ;o)

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