Si tu es comme moi, tu vas aimer les hôtels. A la réception, tu ne sauras pas quoi faire de tes bagages. Tu hésiteras toujours à laisser un pourboire au monsieur qui t'accompagne jusqu'à la chambre. Tu ne déferas jamais complètement ta valise. Tu empileras des livres - deux fois trop - sur la table de nuit. Tu allumeras toutes les lumières, une par une, comme dans ce film... Là, tu te souviens du titre, La Peau douce. Tu téléphoneras pendant des heures, étendu sur le lit, en chaussettes, jambes croisées. Tu regarderas toutes les chaînes de télévision, mais pas plus de quelques secondes chacune. Pour le plaisir, tu utiliseras tous les échantillons de la salle de bains. Tu accrocheras en permanence le panonceau "Do not disturb" sur la poignée de la porte, à l'extérieur. Tu regretteras le temps où l'on déposait ses chaussures dans le couloir, où des grooms les ciraient dans la nuit. Tu écriras des lettres sur du papier à en-tête. Tu penseras aux femmes que tu auras abandonnées à Paris, Nantes, Bordeaux, Venise, Séville, Amsterdam... Tu appelleras le room-service. Tu videras la demi-bouteille de champagne qui repose immanquablement dans le mini-bar. Tu dîneras seul dans le restaurant un peu désert. Tu auras l'air anxieux, même en dormant. Tu porteras des pyjamas qui s'attachent à la ceinture avec une cordelette. Le matin, tu laisseras les quotidiens dépliés sur les draps défaits. Tu auras peur d'attraper des cochonneries en t'allongeant dans la baignoire. Souvent, tu oublieras des affaires dans l'armoire. Tu demanderas un taxi au concierge. Tu régleras avec une carte de crédit parce qu'elle te donnera l'impression de ne pas dépenser d'argent. En partant, tu glisseras dans ta poche une de ces boites d'allumettes publicitaires qui traînent sur les guéridons...