La mémoire fonctionne d'une curieuse façon, à vrai dire. En période d'examen, je m'en rends intimement compte. J'ai pourtant suivi avec assiduité les cours, j'ai compulsé nombre d'ouvrages théoriques, enrichi mes lectures de tout ce que je pouvais trouver, roman, recueil, sites, encyclopédies... Rien n'y fait. Si certaines informations rentrent sans mal, d'autres, en revanche, de même nature pourtant, comme les dates et les noms, peinent à rester.
Ainsi, si je puis me souvenir, et je m'en souviendrais je pense une bonne partie de mon existence, que Chateaubriand rejoignit l'Armée des Princes en 1792, à son retour des Amériques, que le premier manifeste du Surréalisme date de 1919 ou que Fureur et Mystère, de René Char, fut édité pour la première fois en 1962, impossible de me souvenir (je viens de vérifier l'information tandis que je m'apprêtais à écrire) que Pinget est l'auteur de Graal Flibuste, "sur-roman" dantesque où tous les codes du genre, non contraint d'être présents, sont exacerbés, gonflés à la manière d'un ballon de baudruche. Cela, je ne me l'explique pas.

En revanche, je sais que la mémoire s'entretient ; et qu'une information sue et apprise, si bien qu'on pense ne jamais l'oublier, pour peu qu'on ne l'utilise pas pendant un ou deux ans, finie par s'envoler comme par enchantement, tout au plus n'en a-t-on retenu qu'une bribe. J'ai ainsi du "redécouvrir" comment résoudre une équation au second degré (forme ax² + bx + c = 0), m'apercevant tout récemment que je l'avais oublié. Ce qui n'alla pas sans me faire quelque peu grincer des dents.
Que dire de plus ? J'espère que les informations qui me manquent, et dont j'aurai nécessairement besoin dès le lendemain, ne me feront point défaut. Et j'espère sincèrement ne plus avoir, à l'avenir, à retenir des pages et des pages de noms et de dates, pour la seule pédanterie estudiantine qui nous assaille encore aujourd'hui, celle de la faculté qui préfère apprend le nombre brut plutôt que le nombre raisonné, malgré tous les discours.

On est plus proche d'Holoferne que de Ponocratès...