Putain, ça penche !

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samedi, avril 3 2010

Changement de blog...

Bonjour à tous et à toutes,

Quelque peu mal à l'aise avec l'interface du portail "DotClear", j'ai élaboré un nouveau blog :

http://gouxmathieu.over-blog.fr/

C'est à cette adresse que je mets à jour mon journal intime, en posant diverses choses. J'invite ici celles et ceux qui consultaient ce blog à me rejoindre à cette nouvelle adresse.

Dans l'attente de vous revoir,

Goux Mathieu

jeudi, mai 21 2009

Abécédaire : F comme "Fantasme"

Du nouveau dans ce blog ; voici une nouvellle lettre, bien loin du B : le "F".

Je précise par ailleurs que cet abécédaire est en diffusion continue sur le forum de Nota Bene : http://notabene.forumactif.com/chroniques-au-jour-le-jour-textes-essais-l-ecriture-sur-nota-bene-f12/nouvel-essai-abecedaire-t6549.htm . N'hésitez pas à y faire un saut !

F comme « Fantasme »

Définition

Fantasme (nom) : Fantôme ou spectre. Dans son sens moderne, désigne une scène imaginaire révélant les désirs inavoués, secrets, interdits ou refoulés d’un individu. A volontiers une connotation sexuelle. L’étude des fantasmes est une branche de la psychanalyse, qui y voit un moyen improbable de classifier la personnalité d’un patient. Exemple : L’Amour est un fantasme de romantique absent.

Le fantasme est entre la fantaisie, l’imaginaire et le phantasme, le trouble hallucinatoire bien connu des médecins ; il convient de ne pas confondre ces trois termes. Si la fantaisie et l’imagination sont des processus actifs, le phantasme est dicté par l’abus de drogue ou par un état déraisonné ; la fantaisie se rapproche par sa structure et sa découpe du monde au merveilleux, l’imaginaire en appelle au fantastique. Où se place dès lors le fantasme ? Il s’agit en réalité d’une image perçue en état second, en appelant au merveilleux, mais d’une si grande clarté que son éclat est bel et bien fantastique. Le fantasme naît d’abord d’un rêve ou d’une hallucination ; puis, par sa force ou par sa pertinence, il parvient à se hisser au monde réel et devient, par la force des choses, un but à briguer de toute urgence. Mais jamais l’exactitude du fantasme ne peut être atteinte, toujours en a-t-on des bribes. Le scénario peut certes répondre trait pour trait à ce que l’on rêva, il n’est jamais qu’une réécriture, à la manière de Gus Van Sant qui tourne à nouveau Psycho ; et aussi fidèle puisse-t-il être, ce n’est jamais la vision que l’on caressa en rêve. Tout être normalement constitué, dit-on, est habité par un ou plusieurs fantasmes. Sans être une quelconque preuve d’un désordre mental, il n’est pas plus un élément de normalité. Ce n’est qu’un fait divers, un addendum ; l’étude d’un fantasme ne révèle en rien la personnalité de son possesseur. Tout au plus peut-on dire qu’il aime le chocolat, le port de lunettes, les plages de sable fin. Mais peut-on pour autant cataloguer un personnage qui aimerait écouter de l’opéra ? Cela semble pour le moins surprenant. La question brûle vos lèvres. Attendiez-vous que je la formule à votre place ? Quand bien même vous n’y songiez même pas, je me fais comme un devoir de l’exprimer. Quels seraient donc mes fantasmes ? À dire vrai, à l’instant où je compose ces lignes, je n’en ai « foutrement » aucune idée. Il me semble en avoir, pourtant, notamment du point de vue sexuel ; des scénarios, construits de bout en bout, se passant dans des endroits sordides ou insolites, parkings souterrains, salles de bain luxueuses, cabines d’essayage. Je me présente, seul, unique, puissant ; la dame de mes pensées se trouve devant moi, gorgée de désir, rougeoyante, volontaire. Je ne suis pas dominant, elle n’est guère dominée. Mais nous explosons mutuellement d’un profond vœu, convaincu que c’est ici et maintenant qu’il nous faut nous empoigner. Nous bondissons, et nos râles de plaisir font trembler la terre entière. Nos peaux sont griffées, nos joues rouges, notre énergie se décuple. Notre étreinte dure des heures durant, pas un nuage pour obscurcir notre intense intimité : nous sommes inépuisables, pas un hère pour nous déranger, pas une position qui s’avère inconfortable sur la longueur. Nous en varions autant que faire se peut, tantôt au-dessus, tantôt au-dessous, debouts ou allongés, suspendus même. Nous effeuillons le Kâma-Sûtra, et faisons une croix au fur et à mesure que nous « testons » ses propositions. Alors, las, trempés, apaisés, nous nous accolons l’un à l’autre, ma main dans la sienne, je la presse contre mon torse et elle se blottit, protégée. Je suis heureux. Rien de scabreux, je le crains. Et des détails semble-t-il rapidement expédiés. Ce n’est point ici que l’on se rincera l’œil, j’en ai hélas bien peur. Je ne suis pas de première force pour mettre sur papier ce genre de lutte. J’en ai pourtant fait l’expérience, parfois sur la demande expresse d’un ami qui souhaitait me mettre au défi. Je n’ai décliné l’offre que par politesse, avant d’effectivement m’y atteler le soir venu, afin de me convaincre. J’ai peur, néanmoins, de ne pas avoir été à la hauteur. Écrire ce combat, tout comme écrire un fantasme, relève davantage de l’instinct que du talent ou du génie. Il faut bien plus que du vocabulaire ou de la syntaxe, bien plus qu’une virgule. Il s’agit de se lire, de se lire plusieurs fois même, et de saisir à pleines mains le problème. Ce sont des corps qui s’emmêlent, des soupirs qui s’échangent. Le papier même se doit de transpirer. Sans pour autant tomber dans le vulgaire ou la stricte pornographie, il faut être chamboulé à la lecture, comme si tout s’était, pour ainsi dire, déroulé devant nos yeux. L’exercice, je m’en rends compte à présent, m’apparaît comme excellent pour tâter des capacités écritoires. Car qu’est l’épreuve écrite, l’épreuve d’invention surtout, si ce n’est construire de ces images par la seule force de sigles qui, s’ils sont bien pourtant des dessins, ne sont pas figuratifs ? Si, choisissant ce sujet plutôt qu’un autre, l’effet attendu et produit est bien le bon, alors l’on pourra s’amuser à écrire la Camargue, et les moustiques piqueront le lecteur comme s’il explorait le marais. Le fantasme n’est certes pas nécessaire, mais il reste un atour charmant à exhiber au moment voulu. Cela pimente singulièrement une discussion, cela produit de jolies images, si le conteur est à l’aise ; rien que pour cela, j’en pardonnerai presque aux spécialistes de demander avec insistance de nous les raconter. Les meilleurs sont ceux qui évoquent une odeur d’amour, de haine et de goudron, tant et si bien qu’on le garde dans la bouche pour quelques jours, si ce n’est plus. On raconte d’ailleurs que c’est d’un fantasme que naquit Le grand Incendie de Londres, du moins le titre si j’en crois sa préface ; et diantre, que le titre est beau, pour un si bel ouvrage.

Morphologie

Fantasme évoquera toujours pour moi le fantôme, le spectre. J’ai déjà eu l’occasion d’en voir. J’étais fort petit. Peut-être dix, ou douze ans. Ma grand-mère paternelle venait de décéder, et bien que je ne l’avais que peu connue, j’en portais une certaine détresse dans mon cœur dont l’origine même m’était obscure. Le soir venu, un bruit étrange me tire de ma torpeur. Et au pied de mon lit, la figure de mon aïeule, toute lumineuse et toute blanche, calme, apaisée et apaisante. Je la regarde quelque peu, puis finis par me rendormir. Au lendemain, rien n’y paraissait. Encore aujourd’hui, je peine à croire qu’il ne s’agissait pas d’un de ces songes qui ont l’air si vrai que l’on ignore, jusqu’à ce que l’on se pince selon la maxime populaire, si l’on rêve ou non. Mais cette vision, fut-elle produite par mon esprit torturé ou par un phénomène paranormal incertain, reste profondément ancrée dans ma mémoire. Souvent encore je me la remémore, parfois je m’interroge, parfois je me perds. Je me borne à croire que ce genre de souvenirs forge autant le caractère qu’un matin sucré de printemps, tandis qu’errant, on découvre un ami qui lui aussi nous cherchait. En vérité, notre vie est traversée de fantômes. Des visages vus ou entrevus, qui jamais ne réapparaîtront mais dont on se souvient avec force, sans avoir la prétention d’y mettre un nom ou même de se rappeler où et quand on aurait pu les voir, si on les a effectivement vus, s’ils ne sont pas pures projections mentales. Parfois, un visage est déjà une gageure : on ne se souvient que d’une voix, d’un mot, d’un geste, qui, par sa nature, son incongruité ou sa justesse, nous étonna. Il ne suffit que de cela pour que son écho, comme ces sons lointains qui nous parviennent alors que la fenêtre est ouverte et dont on ignore la provenance, demeure et persiste. Ces « fantômes », tout aussi immatériels, sont pourtant reconnus par la commune engeance, tandis que la première catégorie, étrangement, est rejetée par la masse. Seuls les hurluberlus, prétendent-ils, les vantards, les faux, prétendent les croiser et les rencontrer, parfois même dialoguer avec eux. Si ce n’est pas sur l’essence même de la vision qu’il y a schisme, c’est bien sur la provenance de cette vision que la séparation a lieu. Et cela me dérange nécessairement.

Car je me moque ouvertement des causes, et ne m’intéresse qu’aux effets de cette cause. Le « comment » est à jamais inaccessible. En revanche, le « pourquoi » peut être caressé ; en cela, conviendrait-il mieux de croire que ce monde est bien illogique somme toute. Je crois en l’existence des spectres, des esprits, des poltergeists. Je crois en l’existence de présences qui, ponctuellement, visitent notre monde... Je pense aux Mouches sartriennes, c’est peut-être tout à fait cela, en moins tragique sans doute. Quand je me signe avant d’entrer dans une église, ou quand dans la rue, me souhaitant courage ou me faisant peur à moi-même avant de me faufiler dans une sombre allée je dessine la croix sur mon torse, je ressens une fois le rite achevé une profonde bouffée d’air frais et d’espoir qui m’envahit tout entier, qui s’introduit par ma bouche et prend niche dans mon estomac. Comment expliquer, sinon par la présence de ces « fantômes », le bien-être qui alors soudain m’envahit ? Ce n’est pas une vue de l’esprit. Le malaise, le trouble, peu importe le nom que l’on peut lui donner, est bel et bien physique, existant. Cela ne me fait pas nécessairement croire au Dieu Chrétien, à Jésus ou à Abraham, pas plus qu’à Bouddha ou à Oreste ; mais cela me fait croire que le geste même que je maugrée éveille la bienveillance d’un je-ne-sais-quoi qui tout entier me pénètre et m’aide, sinon passivement, à surmonter les épreuves.

Pour autant, cela ne fut pas toujours le cas. Bien longtemps m’a-t-on envoyé en baptême, en mariage, bien longtemps m’a-t-on invité à faire le signe sans que je n’en ressente aucun des effets décrits. Mais suite à la mort de ma grand-mère maternelle, cette fois-ci, la foi toute entière s’introduisit en moi. J’en avais sans doute besoin : croire me permettait d’aller au-delà de ma tristesse, et de faire en sorte surtout qu’elle ne soit pas vaine. Sans nul doute à cet instant ai-je créé cette présence qui à présent toujours m’accompagne, peut-être est-ce même l’esprit de mon ancêtre qui m’observe par-dessus mon épaule, et se cache lorsque, par surprise, je tourne violemment la tête pour la démasquer. Tous mes efforts en ce sens ont été jusqu’à présent vains. Elle parvient à se dérober à mes ruses les plus élaborées avec une agilité déconcertante, et que je ne lui prêtais guère du reste. La mort, peut-être, propose une remise en forme pour ce cas de figure. Le fantôme de ma grand-mère n’est ainsi jamais apparu devant mes yeux, a contrario de sa comparse paternelle. Timidité maladive, je présume, comme de son vivant. Mais une ruse maligne, qui la faisait et qui doit encore la faire prévoir les coups du sort, et sitôt l’accident arrivé, arrivait-elle brusquement sur les lieux, pour ne pas en perdre une miette et surtout, aider autant que faire se peut. Sa curiosité était, si l’on peut dire, d’ordre humanitaire ; et je ne crois pas autrement que sa présence, à mes côtés, n’a d’autre ambition que de m’aider à traverser les affres de l’existence. Puisse-t-elle demeurer près, tout près de moi ; et de sa main claire m’indiquer, quand le chemin se fourche, quelle route choisir.

jeudi, mai 7 2009

Long time no see, huh ? (2)

Je persiste à croire que je travaille sur ce blog de façon intéressante : quand l'envie m'en prend. Ne pas être tenu par une quelconque obligation, voilà qui me plaît. Du reste, les vicissitudes de l'existence, comme je le pensais, m'ont plus ou moins rattrapé et je n'ai plus autant de temps libre qu'auparavant. Je puis en fabriquer ; mais cela ne m'intéresse pas. Je reste un inénarrable fainéant.

Je songe, du moins au cours de ce mois de mai qui s'annonce un tantinet plus calme, me faire plus présent sur ce blog, sur quelques fora que j'avais abandonnés et à d'autres niveaux encore. Je suis, comme de juste, à une nouvelle étape marquante et marquée de mon existence.

Un manuscrit a été soumis sur le site d'Alexandrie online (www.alexandrie.org), j'attends confirmation ; un autre est en phase terminale d'écriture, je devrais l'avoir fini cet été, si tout va bien. Il comporte notamment l'abécédaire que j'avais dévoilé ici-même, il y a quelques temps. Bref.

Que ceux qui suivent ce blog ouvrent les yeux ; des nouveaux messages risquent d'arriver bientôt...

Goux Mathieu

mardi, mai 6 2008

Des bienfaits du "par coeur"

La mémoire fonctionne d'une curieuse façon, à vrai dire. En période d'examen, je m'en rends intimement compte. J'ai pourtant suivi avec assiduité les cours, j'ai compulsé nombre d'ouvrages théoriques, enrichi mes lectures de tout ce que je pouvais trouver, roman, recueil, sites, encyclopédies... Rien n'y fait. Si certaines informations rentrent sans mal, d'autres, en revanche, de même nature pourtant, comme les dates et les noms, peinent à rester.
Ainsi, si je puis me souvenir, et je m'en souviendrais je pense une bonne partie de mon existence, que Chateaubriand rejoignit l'Armée des Princes en 1792, à son retour des Amériques, que le premier manifeste du Surréalisme date de 1919 ou que Fureur et Mystère, de René Char, fut édité pour la première fois en 1962, impossible de me souvenir (je viens de vérifier l'information tandis que je m'apprêtais à écrire) que Pinget est l'auteur de Graal Flibuste, "sur-roman" dantesque où tous les codes du genre, non contraint d'être présents, sont exacerbés, gonflés à la manière d'un ballon de baudruche. Cela, je ne me l'explique pas.

En revanche, je sais que la mémoire s'entretient ; et qu'une information sue et apprise, si bien qu'on pense ne jamais l'oublier, pour peu qu'on ne l'utilise pas pendant un ou deux ans, finie par s'envoler comme par enchantement, tout au plus n'en a-t-on retenu qu'une bribe. J'ai ainsi du "redécouvrir" comment résoudre une équation au second degré (forme ax² + bx + c = 0), m'apercevant tout récemment que je l'avais oublié. Ce qui n'alla pas sans me faire quelque peu grincer des dents.
Que dire de plus ? J'espère que les informations qui me manquent, et dont j'aurai nécessairement besoin dès le lendemain, ne me feront point défaut. Et j'espère sincèrement ne plus avoir, à l'avenir, à retenir des pages et des pages de noms et de dates, pour la seule pédanterie estudiantine qui nous assaille encore aujourd'hui, celle de la faculté qui préfère apprend le nombre brut plutôt que le nombre raisonné, malgré tous les discours.

On est plus proche d'Holoferne que de Ponocratès...

vendredi, avril 18 2008

Abécédaire : B comme "Barbarisme"

Bonjour à tous ;

Je prépare, pour un futur recueil, un abécédaire qui tiendra une place de "nouvelle" au sein dudit recueil. Je compte en distiller ci et là quelques échantillons. Voici donc la lettre "B".

B comme « Barbarisme »

Définition

Barbarisme (nom) : Terme condamné par les puristes comme ne faisant pas partie du bon usage, issu le plus souvent d’une connaissance approximative de la langue. Se distingue de l’anacoluthe par l’involontaire de sa création, et de l’amphigouri par la persistance de la compréhension générale. Exemple : Le terme « transcendantal » est un barbarisme.

J’ai toujours eu une grande admiration pour les institutions qui étudient le fonctionnement logique de la langue. J’ai un grand respect pour ces théoriciens qui ont une observation réfléchie sur le langage, qui relèvent les exemples chez les auteurs. Certains hapax pourtant résistent encore et encore à l’interprétation. Pourtant, que l’homme du peuple l’utilise sans le vouloir, sans connaissance même de son existence, et sitôt le désigne-t-on ; et sitôt l’exile-t-on ; et sitôt dit-on qu’il a tort. Il y aurait-il donc un choix fait quant à la validité d’une expression ? Une telle sera formidable, fort bien trouvée, peut-être même passera dans la langue, la lexicalisera-t-on ; mais la même dans une autre bouche, même dans un lieu identique, même dans une belle répartie, meilleure peut-être que celle d’un Hugo ou d’un Valéry, sera conspuée et raillée. La répètera-t-on en vain, encore et encore dans ces dîners arrosés de curieuses libations, déformée : un tel imitera la voix du premier en caricaturant ses traits ; l’autre prendra une apparence incertaine que tout un chacun identifiera, excepté l’intéressé ; enfin, tout tombera dans l’oubli. L’invention seule ne compte guère. Les conditions d’invention ne comptent guère. L’homme seul compte. Que l’on prenne le premier avant qu’il ne commence sa carrière, qu’il jette son mot à la face du monde et qu’il observe : la plupart se tairont, certains ricaneront ; les plus puristes de tous enfin lapideront le malheureux. Qu’il devienne riche, qu’il édite, qu’il soit reconnu : et qu’alors il vomisse sa création. Tous, si ce n’est quelques rares attardés, ou les derniers puristes, se prosterneront.

Comment reconnaître un barbarisme ? Qui a le pouvoir ? Qui s’approprie le pouvoir ? Si je décide à présent que tous les mots que j’ai tressés jusqu’à maintenant, dans ce texte, sont des barbarismes, me faudrait-il tout réécrire ? Ou bien me faudrait-il reconnaître ma totale incompréhension des règles ? Me faudrait-il avouer que toute ma syntaxe est fausse, que je respecte les dires de mon professeur ou qu’au contraire je la défasse ? Je ne veux pourtant pas inventer le langage à la manière de ces surréalistes ; ni même le déconstruire comme le décomposé de « cratorse » (lira celui qui voudra). Je veux utiliser les mêmes mots, la même grammaire. Mais leur insuffler des sens autrement différents. Non remotiver les expressions figées ou toute autre glace de la langue ; les laisser tel que mais les considérer autrement, comme brusquement le reflet du miroir deviendrait un simple assemblage d’os et de chair : l’œil traverse la simple apparence de la personne et voit la réalité physiologique de l’être. Ainsi j’aimerai regarder le mot : non plus le mot lui-même, mais un assemblage disparate et pour tout dire inconséquent de lettres. Plus même de sons. L’écriture elle-même n’est-elle point cela : une vue sans cœur sur des mots sans substance, des assemblages de signes sans relations aucunes entre eux si ce n’est celles que l’on aura bien voulu leur donner ? Soudain, beaucoup de choses me semblent vides, et comme dénués de tout sens commun. Si tous mots sont barbarismes, si tous mots sont imbéciles : que me reste-t-il ? Serait-ce la mort de ce que je considérais comme le seul tremplin possible de communication ultime et sans compromis ? Et quand j’écrivais que le ciel était bleu, le devenait-il, même en pleine nuit, ou bien ne l’était-il que parce que je le savais et que celui qui me lisait le savait de même ? Créais-je le monde, ou bien ne faisais-je que le dépeindre ?

Analysais-je les crises, ou bien ne faisais-je que le dessiner ? Apportais-je quelque chose de plus, ou bien ne faisais-je que rajouter une couche d’enduit à un mur qui jamais n’en a eu besoin ? Beaucoup de choses me semblent vides. Soudain, c’est toute une volonté créatrice qui semble partir en fumée. Ah ! Me souvins-je pourtant des premières fois que je me mis à composer. Je n’étais pas habité, je m’en rends compte à présent, par une folie créatrice ; mes premiers émois furent dans la rédaction d’histoires déjà contés par vidéos, par théâtre, par sons : et d’y apposer des mots. Ma réflexion à l’époque était de l’ordre du défi : pouvait-on tout dire par des lettres ? Pouvait-on retranscrire toute la complexité d’une scène de cinéma, la couleur, le ton, la parole, la musique, la profondeur de champ, en un mot ? En deux peut-être ? Ou bien trois ? Combien ? De quelle nature ? Pourquoi surtout, si cela était possible, choisir le mot plutôt qu’une autre forme d’expression ?

Je pris le parti de décider que tout était, d’une manière ou d’une autre, racontable. Qu’un mot est plurivoque, et que ce sont la somme de tous ces sens qui permet d’atteindre l’encyclopédisme. Lorsque j’écris « formidable », je me rattache tant à la peur étymologique, qu’à la grandeur néologique. Les sens se complètent sans pour autant se détruire, s’accumulent : il n’y a pas à proprement parler de redite. Je suis atteint d’une légère forme de daltonisme, que je ne saurai médicalement nommer ; ainsi, n’est-il pas dit qu’au même instant, je vois la couleur du ciel, s’il faut rester sur cet exemple, de la même façon que mon voisin. Et si je lui attribue le mot « bleu », cela désigne ma propre vision du monde. Mais, par un enchantement particulier, le même mot sonne différent à celui qui le lit, et il lui accrédite sa propre couleur. Tout un chacun voit ce qui lui convient. Reprenons ma réflexion première : comment écrire une scène d’un film ? Surtout, comment sera-t-elle lu ? Je la décrirai de la manière la plus sincère possible, puis, on lira ; celui qui connaîtra l’œuvre reconnaîtra la scène, et ce sera bon ; celui qui la méconnaît l’inventera, et ce sera bon ; et si un jour ce dernier observe avec attention le film qu’alors il ignorait, sa vision n’en sera que modifiée par ce qu’il a lu auparavant. Sans le savoir, il fit l’épreuve du barbarisme : un terme incongru, incapable de restituer toute la normalité d’une émotion ou d’un objet, mais que l’on peut rattacher systématiquement à un élément du monde connu.

L’existence même du barbarisme me pose un sérieux problème. Certains mots existent pour leur beauté, tout comme il existe des pièces de peinture, ou de sculpture, qui n’existent que pour leur seul esthétisme. Il ne faut chercher le message nulle part, car il n’existe tout simplement pas : et ce serait tordre, dissoudre, neutraliser la beauté première de vouloir à tout prix rattacher une morale à une œuvre qui en est par essence dépourvue. Ainsi, un barbarisme, un mot inventé, peut l’être uniquement pour ses talents sonores ou esthétiques ; c’est un mot vide de toute compréhension. Je trouve ce point parfaitement fascinant.

Morphologie

Quand je prononce le mot « barbarisme », j’entends surtout « barbare », et par là « barbe », les deux mots ayant une étymologie fort proche. Le barbare est, pour les Grecs, l’autre, celui qui ne parle pas la langue du philosophe ; c’est un intrus vulgaire. Cette vulgarité nécessite une absence voulue d’hygiène ; et par là ne se rase-t-il point, et la barbe de le lui pousser. J’aime ma barbe.

J’avoue que primitivement, je me la fis pousser pour des raisons de commodités, et d’ennuis : je ne désirais pas me raser. Je trouvais la contrainte trop forte, cela m’ennuyait. Je décidais de prendre la solution de facilité. Je n’étais pourtant pas avare de ces voyages matinaux, voire nocturnes, dans les salles de bain : je sentais le savon de Marseille, et je découvris que le shampooing pouvait pertinemment bien servir à nettoyer cette pilosité qui grandissait de jour en jour sur ma face, d’abord comme un collier, puis comme un prophète. J’en prenais soin, je la taillais ci et là, m’arrangeais pour qu’elle pousse de manière homogène. Quand bien même cela restait un effort, je jugeais la dépense moins éreintante que le rasage pur et simple. Puis, me vint un jour un changement d’orientation estudiantine ; je faisais tabula rasa ; et je décidais donc tout simplement de devenir glabre. Mais au fur et à mesure du temps, la tentation me fut trop forte : et je me remis à patienter, du reste, avec l’aval de mon amie, qui me préfère, dit-elle, avec cette étrange pilosité.

L’on peut, de même que le mot, considérer la barbe sur deux niveaux : on peut y lire un message, de sagesse, de saleté, d’appartenance à un groupe ou à une école, comme une marque de fainéantise ; mais on peut également ne la considérer que comme une manière d’évoluer dans le temps et dans l’espace, comme un simple ornement esthétique. Ou comme le simple fait que l’on s’en foute. Je crois que c’est surtout ça. On peut prendre mon désintéressement pour du nihilisme ; mais c’est bien plus simple que cela. Le monde m’est partagé en deux : ce qui me soulève, et ce qui me laisse de marbre. Me laisser pousser la barbe appartient résolument à la deuxième catégorie. Que cela plaise à mon amie ou à mes proches, ce ne sont que des « dommages collatéraux » ; que cela me plaise de même. La seule raison valable est, peut-être, de me faire économiser une dizaine de minutes le matin avant que je ne parte étudier ou réviser, et encore. Ces dix minutes-ci, sans doute les aurais-je rattrapé tôt ou tard. L’on ne court jamais contre le temps, on joue toujours avec lui. Il n’est point notre ennemi : sans lui, rien ne se ferait, ou plutôt, tout se passerait au même instant. N’est-ce point une invention humaine des plus pratiques, qui fait que l’on peut voir le soleil se lever et disparaître, la barbe pousser et être rasée et repousser encore, et ce bonheur ineffable de voir son reflet dans le miroir évoluer au fur et à mesure du temps ? J’hésite à parler de néologie physique. Je reste le même, mais j’influe mon sens, et la perception que l’on peut avoir de moi. Le simple esthétisme renforce les amitiés, et amplifie les haines : rares sont ceux qui y restent purement indifférents.

Le barbarisme, peut-être dans de rares méconnaissances de la langue, et encore je puis douter de cela, est toujours issu d’une volonté sincère de plaire, d’abord à soi, ensuite aux autres. Parce que le mot plaît et flatte l’oreille et la bouche, on le lance en espérant trouver un public raisonnable qui saura saisir sa beauté pleine. J’ai une profonde admiration, pour cette raison, pour ma mère, qui avance qu’un mot devrait avoir le nombre de lettres qui lui plaît. Ne l’ai-je pas souvent entendu dire, après avoir proféré une grossièreté, que x lettres n’étaient pas assez pour exprimer toute la haine ou tout le dégoût qu’elle pouvait ressentir à cet instant ? Et ainsi de construire un mot valise qui ferait frémir le père Ubu lui-même, mais dont la force tant en beauté qu’en sens faisait frémir toute l’assistance. C’est là les seuls débordement qu’elle prétend se permettre, et je la crois : ne buvant que de l’eau et mangeant sa purée sans sel ou beurre, elle est catholique tant elle est universelle. J’ai un profond amour pour ma mère, non oedipien mais bien comme un fils aime sa génitrice. J’espère être un bon fils. Aime-t-elle ma barbe, la considère-t-elle comme belle ou bien, comme moi, s’en fout-elle gracieusement ? J’espère qu’elle s’en moque. Une autre réponse me ferait, étrangement, beaucoup de peine.

samedi, avril 5 2008

Si tu as de la destinée...

Un petit mot afin de faire connaître un proverbe lu ci et là, que j'aime beaucoup :

"Si tu as de la chance, traverse. Si tu as de la destinée, avance."

Qu'est-ce que cela signifie ? Beaucoup de choses, je pense. Je ne suis pourtant pas fortement imprégné de l'idée de destin, de destinée ou de prédestination. Je me borne au contraire à croire en l'absolu liberté d'actions de tout un chacun, de l'idée du choix, et de l'absence, non du choix, mais des autres manifestations des possibilités. Quand, se promenant, flânant par les beaux jours qui commencent à revenir, l'on choisit de tourner à gauche et non à droite en ville, l'on ne connaît à cet instant qu'une des deux rues. Et le savoir précis, "qu'aurais-je vu dans l'autre si j'avais pris un autre chemin" est irrémédiablement perdu. L'Art de venir suppléer ce manque. Les fictions ne sont pas fabulations malades d'un esprit envolé, mais plutôt peinture de ce qui aurait pu être.

De même, je considère trois niveaux de récits, en fonction de la "teneur de réalité" des évènements contés :

- les évènements qui sont ; - les évènements qui ne sont pas ; - les évènements qui auraient pu être.

Le premier est l'apanage des récits "historiques" ; le second, des récits "prospectifs", ou "analytiques" ; le troisième recouvre toutes les fictions, sans autres précisions. Libre à chacun, par la suite, d'affiner cette vision des choses. Mais je crois sincèrement que la hiérarchie écritoire commence par ce découpage. Graphiquement, l'on pourrait se le représenter ainsi : la bosse, le creux, et le marteau dont on ne sait s'il va frapper, ou s'il s'éloigne déjà.

Ainsi, je m'essaie à comprendre, à tout instant quand je tente d'écrire, non pas quels mots je puis dire et tenter de les comprendre, me rappeler toujours "comment" (auquel cas je considèrerai l'espace fictionnel au même niveau que notre réalité, et la fiction d'y perdre, précisément, son nom), mais au contraire me demander "pourquoi", à savoir "pourquoi ai-je inscrit ces mots-ci, et non d'autres ?". Je tente, à mon tour, d'y voir ce qui aurait pu être, et non ce qui est. Et d'aimer énormément l'absence et l'indécision, le chaos.

Je me rends compte qu'il peut y avoir là un point de vue quelque peu romantique à cette vision. Mais, baste ! Si c'est bien ce que je crois...

En attendant, j'avance. Non parce que j'ai de la destinée : mais parce que je ne puis rien faire de plus.

mardi, mars 18 2008

Long time no see, huh ?

Oui, cela fait longtemps n'est-ce pas ; fort longtemps. C'est que j'ai eu tendance à "oublier", purement et simplement (m'en voudra-t-on ?) que j'avais jadis ouvert un blog. Et de six mois en six mois, je me permets un petit billet. J'y songe, de temps en autres. Un billet pour préciser quoi, en réalité ? Peu de choses.

Que je travaille de façon continue, que ce soit dans mes études, dans ma vie sociale, dans ma vie privée, dans ma vie écritoire, que j'espère se voir poursuivre quelques années encore, si l'on me prête force et courage ; que j'ai justement parachevé plusieurs textes, dont certains sont sur Alexandrie.org, d'autres, plus confidentiels, encore au chaud dans mes dossiers, que je relis et réécris, que je montrerai un jour, sait-on jamais ; que je persiste à essayer, et que j'espère que mes efforts seront récompensés, à un niveau ou à un autre.

Il se peut que je tienne ce blog de façon plus régulière dès à présent ; c'est une possibilité.

Mais qui suis-je pour le savoir ?

mercredi, juin 6 2007

Pastis

Voici ce qui devrait être, si l'on me prête force ! le premier texte d'un recueil de nouvelles que je dois encore terminer...

Pastis

J'ai longtemps hésité
Avant de me décider:
Pour parler du midi, je devais caresser une
Forme parfaite, et des mots judicieusement choisis.
Car quinze années au soleil marquent lourdement le coeur,
Comment avoir alors le talent pour broder ce bonheur ?
Des images et des parfums, voilà ce qui me parle.
Quand les noms de Naurouze, ou de Narbonne,
De Perpignan, de Limoux ou de Carcassonne
Viennent à être prononcés,
C'est mon âme et non mes oreilles
Qui soudain s'éveille.
En quelques mots, j'aimerais peindre
Avec toute la force d'un chanteur de jadis
Cette symphonie de parfums aux couleurs anisés,
Ce miel, ce jasmin,
Ce thym,
Qui m'amusent et font amuser.
Au soleil, on boit pour se rafraîchir
Et pour parler, surtout pour parler. On
N'est jamais sombre au soleil. Quand
L'alcool vient peindre les oranges en bleu,
Quand le ciel s'amuse à être poète un peu,
Quand il vient comme faire un drap sur les plaines,
La cerise se change en miel et même les enfants boivent.
Là-bas, l'alcool serre les mains et frappe le dos.
Un étranger s'y sent chez lui.
Et s'il a peur de ne pas s'y intégrer,
Au bout d'un verre il est du pays.
On aime les visiteurs comme nous-mêmes,
Et le fromage et le pain accompagnent le vin
Mieux qu'au dernier repas du Christ.
On y danse et on y chante comme si demain allait mourir,
Et on boit et on rechante après avoir bu.
Le soleil est dans les verres et dans les mains,
Dans les prières,
Dans les yeux.

Et quand on ne voit autour de soi
Plus des amis mais des frères,
Et que chaque frère est le plus précieux de tous,
Que les terrasses sont belles et les filles aimables,
Et qu'on les aime comme des mères,
Comme des soeurs,
Alors l'eau elle-même enivre,
Et on garde toujours en soi
Un parfum d'anis et de lavande,
Un sucre de cerise
Et le goût de l'amande.

vendredi, avril 6 2007

Premier message

Bonjour à chacun ;

Ceci est le premier message de ce qui sera, je l'espère, un blog me permettant de présenter quelques menues réflexions sur ceci et cela, mais servant surtout de "tremplin" afin que de faire diffuser quelques textes courts ou d'autres, plus longs, qui pour des raisons diverses ne sauraient être proposé directement sur le site d'Alexandrie.org.

J'espère pouvoir très prochainement y afficher quelques lignes... je vous dis donc à tous à bientôt, en espérant que ce qui y sera affiché saura sinon vous plaire, du moins vous intéresser.

A bientôt,

Mathieu G.