Le Bloghéro de Mahaut - Julia et les chics typesMi-"Art de vivre instrumental" à montée intense, mi- "épopée héroïque", la Vie est un éternel recommencement qui connaît une progression par "à coup". Voici un petit bout de Boléro héroïque à la mode Mahaut.2024-02-20T02:58:20+01:00Marianne Vivegnisurn:md5:0704021216cb66374171f44a06f374f9DotclearJean (4)urn:md5:39214d48a978064fe2f3a0029f5089232007-07-17T18:17:00+02:002007-07-25T23:46:07+02:00MahautJulia et les chics types<p>Pour Julia tout était nouveau. <br />
Elle avait participé aux réunions du groupe de Liège, assisté aux débats, aux formations, aux "après-réunions" au Carré autour d'une trappiste et de fromage au sel de cèleri : Rochefort pour Pierre, Chimay pour Christian... <br />
Elle se sentait intégrée dans ce groupe, mais...<br /></p> <p>... elle était intriguée de ce grand inquiet qu'elle avait repéré à la gare. <br />
"Il s'appelle Jean, avait dit Henri. Traditionnellement, il prend en charge le journal de la session, souvent avec Michèle."<br />
"Michèle ne sera pas là, avait-il ajouté. Pourrais-tu te charger de sa part de boulot ? Je sais que tu adores écrire et les articles que tu m'as envoyés pour le mensuel sont très vivants. Je suis sûr que tu t'entendras bien avec lui."<br />
<br />
Jean !<br />
<br />
Julia le sentait nerveux, inquiet, en attente de quelque chose et déçu de ne pas l'avoir. Se pouvait-il qu'il ait espéré Michèle ? Acceptera-t-il que Julia la remplace ? <br />
Elle sentait comme une animosité, une résistance. "Encore un qui se sent envahi par mon exubérance, sans doute." <br />
<br />
Julia commençait à en avoir l'habitude. Quand viendrait-il le temps où elle serait simplement aimée, pour elle, pas pour ce qu'elle apportait à l'autre ? <br />
Aimer simplement est-il si compliqué pour un homme ? <br />
Pourquoi avait-elle l'impression qu'il lui fallait en faire tant pour être remarquée ? C'était comme si elle devait sauver le monde à chaque minute ou bien faire le clown au point de remplir tout l'espace.</p>http://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/post/2007/07/17/Jean-4#comment-formhttp://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/feed/atom/comments/1067Jean (3)urn:md5:6dffb85049a40e668f799e3040bc8cef2007-07-09T21:05:00+02:002007-07-09T20:06:55+02:00MahautJulia et les chics types<blockquote><p>C'esteut le pot di vin tchôd<br />
Picha n'faisait nin des boûquettes<br />
Mais une bonne crass' pint' di vin<br />
Avou d'la canelle divin
<br /></p></blockquote>
<p>Divin !</p> <p>Qui sont ces sessionnistes et pourquoi sont-ils là ? <br />
Qu'est-ce qui les pousse de toute la Belgique, de la France... et même du Québec à se rassembler ainsi pour refaire le monde ?<br />
<br />
Ils s'appellent <em>Jeunesses de Monde</em>, <em>S.M.J.</em>, ...<br />
<br />
Dés l'âge de 14 ans, ils sont ouverts à ce qui fait le propre des peuples et à en rencontrer les témoins privilégiés : coopérants, habitants de pays dits <em>émergeants</em>, aux études en Europe et qui préparent leur retour, diplômés, pour oeuvrer au développement de leur pays.<br />
<br />
En cette année où se passe notre histoire, deux sessions sont programmées : une au printemps, à Farnières, dans les Ardennes belges, haut lieu historique des sessions des jeunes belges du S.M.J. ; une autre à l'été, au Québec.<br />
<br />
Cinquante jeunes aînés, de 18 à 25 ans, anciens du mouvement, replongent leurs racines dans le terreau de leur jeunesse, de ces années 70 où le monde passe de la terreur de la possible troisième guerre mondiale à l'insouciance de la quête du plaisir et du plaisir pour tous.<br />
N'eût été Pinochet, Castro, Mao et le communisme soviétique ; n'eût été cette plaie ouverte dans une Palestine déchirée après une guerre de six jours qui en changeait la face - et les résistances qu'elle initiait - on aurait pu croire au bonheur, à un monde renouvelé où, sous les pavés, on trouverait la plage.<br />
<br />
Ce soir, au programme, veillée récréative et "rencontres" organisées.. Il faut apprendre à se connaître.
<br />
Dans un panier, à l'entrée de la salle, des badges : des fruits pour les uns, des arbres pour les autres ; à charge pour chacun de trouver son alter-ego, de s'isoler un instant avec lui pour se découvrir mutuellement, puis de le présenter au grand groupe.<br /><br /></p>
<p>Jean connaissait tout cela par coeur : de la déclaration d'amour par tirage au sort, à la découverte du "mollet-test" où, en aveugle, trois jeunes femmes devaient reconnaître le propriétaire des-dits mollets poilus. Mais il s'y prêta de bonne grâce. <br />
Pourquoi a-t-il fallu que l'aveugle fut Julia ? <br />
Pourquoi Picha lui avait-il fait cela ? <br />
Et comme ses mains sont douces...</p>http://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/post/2007/07/09/Jean-3#comment-formhttp://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/feed/atom/comments/959Jean (2)urn:md5:9c086386197331605b6c80ca7edb51242007-05-20T15:22:00+02:002007-07-25T23:46:40+02:00MahautJulia et les chics types<p>« Ah ! Le train. <em>Ti djo</em>, ils nous en ont mis un vieux. T'as vu le simili rapiécé ?<br />
- Oui, dis-je, la SNCB a besoin de sous. Déjà bien content qu'ils maintiennent la ligne. Ils parlaient de la supprimer. Merci Luxembourg, merci l'Europe. »<br />
<br />
Dans le train, nous retrouvons des anciens : Pierre, Jean-Marie, Pascal,... et des épouses.<br />
Tiens, encore une que je ne connais pas. Mmh !Mignonne.<br />
Bon, c'est pas tout ça, mais où est Michèle ? Pas là ? Pourvu qu'elle monte à Esneux.<br /><br /></p>
<p>Esneux. Pas de Michèle. Bah, elle sera allée en voiture avec Picha. (Pierre-Charles, NDR)<br />
<br />
« Referas-tu le journal ? me demande Henri.<br /></p>
<p>- Oui, Tu sais que j'adore cela et pas seulement pour la trappiste de minuit. »<br />
<br />
Ah les pintes de plaisir... et de franche rigolade qu'on a prises la nuit, quand les sessionnistes dormaient...<br /></p> <p>... et qu'il fallait écrire le compte rendu des journées, taper les stencils et tirer le tout à la Gestedner ; les galopades du dernier jour : l'assemblage des feuilles, L'agrafage pour que tous repartent avec le journal bouclé. J'adore cette atmosphère fébrile<br />
<br />
C'est là que j'ai connu Michèle, à deux dans le petit bureau près de l'escalier monumental du hall ; entre deux tirages : surveiller les rotatives, le plaisir de la dépanner quand cela bourrait et qu'elle se mettait un petit point d'encre sur le bout du nez. Ça l'avait fait beaucoup rire, le point noir sur le nez, un petit bout de nez de clown. C'était si ravissant quand elle rougissait.<br />
<br />
Devant, moi, ce matin, un autre spectacle : la fille de tantôt, Julie ? Non, Julia, je crois... ne sais plus ! en train de jouer au whist avec Henri, Paul et Hervé... Se débrouille pas mal, la bougresse. Et ses yeux ! Expressifs ! Mais elle rit vraiment trop fort.<br />
<br />
Trois-Pont. Allez, on arrive. <br />
Je me prépare, le coeur battant. La Deudeuche, où est la Deudeuche de Michèle... et la Fiesta de l'oncle Gus ?<br />
Ah, la voilà... la Fiesta. Mais pas de Deudeuche.<br />
Sur le quai, Pierre-Charles et Oncle Gus. Pas de Michèle.<br />
<br />
« Salut, Jean.<br /></p>
<p>- Salut, Picha, tout seul ?<br /></p>
<p>- Oui, Marie-Jean nous attend au château avec Léon.<br /></p>
<p>- Et Michèle ?<br /></p>
<p>- Elle ne viendra pas.<br /></p>
<p>- Ben, qui fera le journal alors ?<br /></p>
<p>- Toi, si tu veux bien, et Julia. »<br />
<br />
Quoi ! La brunette de tantôt ? Je n'en crois pas mes oreilles. Elle doit avoir un caractère impossible et le besoin de prendre toute la place. Devoir me la coltiner toute la semaine...<br />
« Ah, oui, continue-t-il, Marc viendra demain, il sera avec vous trois jours pour les exposés. »<br />
<br />
Marc ! Au moins une bonne nouvelle : un accordéon, une guitare et un <em>fest noz</em> en perspective. On aura au moins ça pour s'amuser.<br />
<br /><img src="http://users.skynet.be/donboscodiffusion/Farnieres/photosfarnieres/vueaerienne.jpg" alt="" /><br />
<br />
Et où vais-je dormir. Je joins le hall où on me dit que je suis dans le cloître. Ouf, tant mieux, pas de souci pour la nuit si on prolonge. Au moins on ne risquera pas de réveiller quelqu'un.<br />
<br />
<br /><img src="http://users.skynet.be/donboscodiffusion/Farnieres/photosfarnieres/eglisexter.jpg" alt="" /><br />
<br />
Je pose mes bagages et je descends pour le vin chaud de bienvenue. C'est quand même bon, les traditions.<br />
<br />
Mais pourquoi diable, Michèle n'est-elle pas venue.</p>http://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/post/2007/05/20/Jean-2#comment-formhttp://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/feed/atom/comments/493Jean (1)urn:md5:bc813906927b25135a1e1cb69ff0b6052007-05-02T08:30:00+02:002007-07-25T23:47:08+02:00MahautJulia et les chics types<p>Sept heures, gare des Guillemins.<br />
Dans la salle des pas perdus, je commence à m'inquiéter sérieusement : combien serons-nous ? Qui sera là ? Le train part dans une demi-heure et je n'identifie toujours personne. Pourvu que Michèle vienne, j'ai hâte de la revoir, qui sait, peut-être de la tenir à nouveau dans mes bras...<br />
Allez, on y va.<br />
Ouf, ce sac, lourd ! Qu'est-ce qui m'a pris de prendre le syllabus de pathologie digestive, probablement pas le temps de m'y plonger. Cette session à Farnières est une vraie folie. Mais le dixième anniversaire du groupe, ça s' loupe pas.<br />
<br />
Comme cette gare a changé. Le marchand de hot-dogs est fermé, le buffet aussi, et le hall est encombré de boutiques qui bouchent l'horizon.<br />
<br />
Personne en vue ! <br />
Monter sur le quai ? Le train sera gare latérale. Pierre-Charles a-t-il bien demandé l'arrêt exceptionnel en gare de Grand-Halleux ? Il oublie parfois. Quand j'étais gosse, tous les trains s'arrêtaient à Grand-Halleux, sauf le Luxembourg-Vintimille. Et Oncle Gus ? Sera-t-il bien là, avec la Fiesta pour monter les bagages ? C'est que, pour aller à Farnières, 'y a que 2 kilomètres, mais ça grimpe <em>caretge</em> !<br />
<br />
7h15, toujours personne. <br />
A moins que... <br />
Ah, si, voilà Henri. Ouf, ça me rassure, je me demandais si je ne m'étais pas trompé de train.<br />
<br />
« Salut Jean, dit-il en me serrant la main.</p> <p>- Salut Henri, que deviens-tu ?<br />
- Prof. de religion, j'ai fait Louvain-la-Neuve. Et toi ?<br />
- Médecine, dernière année.<br />
- Sais-tu qui sera là ?<br />
- Non, à part Pierre-Charles, évidemment.<br />
- Quel quai, le train ?<br />
- Quai 6, comme d'hab', mais ce qui m'inquiète, c'est de ne voir personne.<br />
- Allez, tu me charries, tu as dû voir Hervé et Paul, Linou et Julia qui sont arrivés juste avant moi, le temps que je paie le taxi. Regarde, ils sont là, au guichet. »<br />
<br />
En effet, Linou, Hervé et Paul sont bien là, attendant dans la file, avec une fille que je ne connais pas. Henri les rejoint, je le suis, j'embrasse Linou, salue Paul et c'est Hervé qui me présente :<br /></p>
<p>« Tu connais Julia ?<br />
- Non, Bonjour julia.<br />
- Elle vient de Bressoux, me dit Hervé en apparté, c'est la deuxième fois qu'elle vient.<br />
- Moi, c'est Jean, dis-je ahuri. »<br />
<br />
Quel regard ! Des yeux vert-bleu, pailletés d'or, qui vous fixent intensément. Et cet air bravache derrière une retenue de façade. Ca bouillonne là-dedans : une vraie liégeoise. Trop pour moi !<br />
<br />
Nous nous dirigeons vers le quai. Mais qu'est-ce qui m'a pris de prendre mes syllabus et mes bouquins !</p>http://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/post/2007/05/02/Jean-1#comment-formhttp://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/feed/atom/comments/392Julia et les chics types - Prologueurn:md5:91f17b7ddb286105df521cbd219c654e2007-04-28T00:00:00+02:002007-05-19T17:19:07+02:00MahautJulia et les chics types<blockquote><p>C'esteut l'nut dè Noyé<br />
Li Mame féve des boûkètes.<br />
Et tos les p’tits effants, rassonnés dilé l’feu,<br />
Rin qu’à houmer l’odeûr qui montéve del pêlette,<br />
Si sintient l’èwe al boque et s’ralètchient les deugts.<br /></p></blockquote>
<p><em>Georges Ista (1874 - 1939)</em><br />
<br />
Li mame, c'était Grany. Et comme tous les Noëls, elle tenait à ce que la porte reste ouverte, grande ouverte, à ceux qui rentraient de la vigile natale.<br />
<br />
Et l'odeur de ces crêpes à la farine de sarrasin, traditionnellement piégées - l'une d'un fil, l'autre d'un bout de papier - inondaient le quartier. Ah, le plaisir de la confiture et du sirop de Liège...<br />
<br />
Mais la boûkète de ce soir <em>emmacralerait</em> Julia.<br /></p> <p><br />
<em>Li boûkète emmacralèye</em>, mon bon monsieur est une texte traditionnel liégeois, mais en cette nuit de Noël 2000, à l'aube du millénaire, pour cette brunette <em>spittante</em>, commence une aventure magique.<br />
<br />
La crêpe, sans poil ni noirceur, juste une crêpe partagée avec l'hôte du jour - enfin de la nuit - serait ensorcelée !
Car Grany, sa marraine, sa bonne fée, inquiète des années qui passaient, a résolu de pendre les amours de Julia dans sa main bienveillante.<br />
<br />
« Tu verras, ma petite fille, c'en est fini de la solitude et de la morosité, ta marraine veille sur toi. Tu vas apprendre l'amour, pas celui des romans mais celui de la vraie vie.</p>
<blockquote><p>Cette nuit, sans savoir, <br />
Celui avec qui ta boûkète tu partageras, <br />
Ton coeur tu donneras, <br />
Et lui de même pour toi. <br />
Ainsi il en sera <br />
Chaque fois qu'à Noël <br />
Une crèpe partageras. »<br /></p></blockquote>
<p><br />
"Il est né le divin enfant"<br />
Le chant monte du choeur. Les "Bengalis", appelés pour l'occasion, ont animé la messe et Grany, Julia et leurs amis sortent de l'église, disent bonjour à ce saint homme, curé de la paroisse, avant de regagner la maison où repose la pâte.<br /></p>
<p>Julia donne le bras à Grany. Cahin-caha, elles font route, joyeuses de retrouver les hommes restés à la maison. Vous comprenez, mon bon Monsieur, entre un poker menteur et la messe, pour eux, la messe est dite.<br /></p>
<p>« Grany, dit Julia, tu penses que Robert aura encore gagné ?<br />
- C'est un bridgeur, mon chou, il sait lire les visages et voir les possibilités. Il sait quand on bluffe et quand on est sincère.<br />
- Tu crois qu'on va avoir de la visite ?<br />
- J'ai fait cinq litres de pâte et la jatte est prête pour une deuxième bolée.<br />
- Qui viendra, à ton avis ?<br />
- Je n'en sais rien, ma puce, nous verrons bien. Tu attends quelqu'un ?<br />
- Non, Grany, je suis trop bonne copine, qui voudrait de moi autrement ? Ce serait tout gâcher. »<br />
<br />
Grany la regarde, longuement, intensément<br />
« Qu'y a-t-il ? demande Julia.<br />
- Je t'aime, ma chérie.<br />
- Je sais, Grany, que ferai-je sans toi ? répond-elle en riant et en l'embrassant. »<br /></p>
<p>Un ange passe, un frisson sur l'échine et la senteur discrète du parfum d'une rose.<br />
<br />Un grand bien-être envahit Julia. <br />
Arrivée à la maison, elle ouvre la porte, condamne la serrure afin que la porte ne puisse se refermer : c'est Noël, jour de crêpes pour l'ami ou l'indigent.</p>http://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/post/2007/04/28/Julia-et-les-chics-types-Prologue#comment-formhttp://blog.bebook.fr/mahaut/index.php/feed/atom/comments/379