Où es-tu donc, aimée, où veux-tu que je vienne
Pour adoucir nos cœurs isolés ? De si loin ?
De Normandie encore ? Ou bien du port malouin ?
Mais c'est comme d'aller de Paris jusqu'à Vienne !

Ta demeure était bien, autant qu'il m'en souvienne,
Non éloignée de Dieppe où les canards milouins
Étaient jadis légion, ainsi qu'aux bords du Loing
Prétend-on maintenant ? Mais fi qu'on en convienne !

Ces beaux canards, vois-tu, passent les continents
Mais nous, pauvres de nous, nous tous deux, maintenant,
Avons cœurs réunis mais distance pareille

Au parcours des canards. Mon maître – du Bellay –
Se plaignait de « tenir le loup par les oreilles »(1),
« Le cul entre deux chaises », dirais-je, s'il te plaît.

(1) J. du Bellay, Les regrets, sonnet XXXIII, v.14