J’aime me promener

J’aime me promener où pleurent les gargouilles
Devant le frontispice, Notre-Dame, en vadrouille
Sculptures d’un autre âge, chimères ou démons
Elles ne disent rien, ne font pas les sermons
Elles pleurent et souvent en larmes des mots grouillent

Elles sont menaçantes, à me donner la trouille
Mais pour autant jamais je n’entre et m’agenouille
Plutôt rester dehors et gonfler mes poumons
J’aime me promener

Violet-le-Duc en fit à faces de grenouilles
J’en vois une là-haut, où cet oiseau gazouille
Et me siffle cet air, chanson de Salomon
Que j’entendis là-bas au château de Gramont
J’en ferai un poème. Ne serai pas gribouille
J’aime me promener




Le roi de cœur

Mon roi de cœur est le plus fort
Tant il possède de trésors
Et si survient le roi de pique
Je le coupe, lui fais la nique
Il s'en souviendra, ce retors

C'est un bon roi sous tous rapports
Et maintenant, étant au mort
Il se montre à toute la clique
Le roi de cœur

Ce grand seigneur est un cador
Il est pour moi la carte en or
C'est le Pérou, c'est l'Amérique
Et pour le sauver je m'applique
Car pour tout dire je l'adore
Le roi de cœur




Je t'aime, me dis-tu

Je t'aime, me dis-tu, je réponds « moi non plus »
De ton cœur je le sais, toujours je fus l'exclu
D'oubli, des jours sans toi, ces trop dures galères
Et des nuits loin de toi, Ô bien tristes misères
J'en suis noyé de larmes comme s'il avait plu

Ma vie touche le soir, en serai-je un élu ?
Non, je garde l'espoir, en planche de salut
De t'entendre bientôt me dire à découvert
Je t'aime

Je sais, les mots du cœur sont souvent farfelus
Je veux te retrouver, j'en suis bien résolu
Même si tu me mets des bâtons de travers
Effacerai l'oubli, les larmes, les hivers
Pour t'entendre me dire ces mots, de plus en plus
Je t'aime