Première véritable expérience de l'écriture : 250 pages pour une histoire dont les coutures lâchent dès qu'on frotte un peu. Beaucoup de choses intimes diffusées trop maladroitement. Peu de rebondissement, des chemins sans issue. 7 autres romans ont suivi, des plus sombres aux plus légers. Et puis de nombreuses tentatives stoppées net en cours de route par manque de matière ou tout simplement à cause d'un disque dur qui s'est sacrifié sans me consulter (toujours sauvegarder, toujours).

Le genre , celui pour lequel j'ai la plus nette inclination : le polar, le noir de noir, celui qui saigne, qui suinte, qui descend toujours plus bas. Le roman social par essence, celui qui, derrière le prétexte de divertir, montre la noirceur de la société, de l'âme humaine aussi. Misanthrope ? Non, au contraire. Besoin d'évacuer, de décrire avec ma vision des choses. Et puis de l'humour, le mien. Sournois, il donne une bouffée d'air au lecteur pour mieux le faire plonger ensuite.

Le style : Parlé. De l'argot, que j'affectionne particulièrement puisque c'est par lui que vit une langue. Mon but en écrivant est que ça coule, que les mots décrivent, qu'ils permettent de visualiser la scène pour mieux se l'approprier. Des phrases courtes pour maintenir un rythme soutenu. En relecture, je raccourcis au maximum pour me contenter du principal. Je pense être capable d'écrire dans un style plus classique mais je n'éprouve que peu de goût pour la chose (si ce n'est la lire).

Place aux amateurs : Un îlot de verdure au milieu de ces romans trop sombres. De la fantaisie, de la légèreté, même si on retrouve des thèmes similaires à ceux des autres écrits. J'ai une tendresse particulière pour celui-ci. C'est un roman de gare sans profondeur que l'on doit lire d'une traite, sans lever les yeux pour admirer le paysage. Rien de particulier à dire ou à démontrer. Juste des références à quelques auteurs que j'affectionne particulièrement. Ce roman, je voudrais qu'il fasse louper la gare d'arrivée à ses lecteurs. Les autres aussi, en fait.

L'innocence même : L'un des plus sombres. Une base autobiographique sur laquelle je me suis appuyé pour donner de la matière. Et puis une descente rapide vers le fond. Celui-là aussi je l'aime bien. Le départ peut sembler long mais une fois le rythme donné la pente entraine sans qu'on s'en rende compte (avis des lecteurs qui sont allés au bout). C'est le deuxième roman que j'ai écrit, en deux mois, si je me souviens bien.

Zéphyr : Tentative de roman historique sur des sujets qui m'intéressent : les bataillons d'Afrique d'avant-guerre, la pègre de la même époque. Trop linéaire dans sa narration. Trop difficile à lire pour qui n'a jamais abordé l'argot de cette époque. Pas terrible, en fait. Dommage d'avoir désservi un sujet pour moi aussi passionnant. Peut-être un jour...

Encore un peu d'autoflagellation : Mes personnages, je les voudrais plus profonds, plus denses, plus multiples dans leur personnalité. Surtout les seconds rôles, deuxièmes couteaux de l'histoire. Ca viendra peut-être mais il faut du temps pour ça. Et puis il faut des lecteurs, quoi qu'on en dise. Je n'arrive plus à écrire seul, la pratique de l'art pour la beauté du geste m'a passé. J'ai à présent besoin qu'on me lise.

Personnellement, je considère l'écriture comme une forme de psychanalyse. Mais pour qu'elle amène un résultat, combien de pages faut-il noircir ? A partir de quel moment est-on capable de réellement lâcher du lest et aborder frontalement les sujets qui font pourrir de l'intérieur ?

A suivre...