Le Boomérang

 

Le boomerang est une arme ,  une fois lancée, revient sur le tireur si ce dernier n’a pas atteint son objectif.

 

L’Occident vit une période  d’insécurité,  amplifiée par les nombreux attentats  terroristes dont les presses  nous abreuvent chaque jour.

Tous ces événements  dégradent  l’apparente sérénité qui était celle du riche et dominateur monde  occidental.

 La mémoire collective, à l’occasion de cette perte de sérénité,  remét  en surface quelques périodes sombres de sa longue histoire  dans laquelle il est peut être possible de trouver une réponse à la  question  «  Pourquoi un tel grand nombre d’attentats  pour une seule période de mémoire d’homme ?»;

Il faut reconnaître que notre monde moderne a tellement accéléré son évolution, comparée à celle qui œuvrait au Moyen âge ; qu’il y a matière à déstabilisation dans les faits mémoriels  comme dans le psychisme collectif.

Pour les dirigeants contemporains Il est urgents de  trouver rapidement des raisons où responsabilités afin  d’enrayer le sentiment d’insécurité dans lequel s’enfonce la société.

, Comme toujours en pareil cas, les questions religieuses sont mises en avant, on tente de prouver que certaines d’entre elles  soutenues par  un  racisme collectif toujours vivace, possèdent une part de responsabilité  du malaise social.

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Faute de mieux, l’Islam est  tout désigné ,  présomptions provoquées par les conflits   religieux s’étendant dans nombreux points  au Moyen Orient, et en Afrique qui entrainent des réactions de méfiance  du monde occidental,  gendarme sévère  depuis des siècles.

Cette désignation rapide du méchant, si elle possède quelques raisons d’avoir été choisie, comporte son coté négatif, en ce sens qu’elle remet en surface une mémoire collective, dite inconsciente, capable de remuer l’engramme psychologique du mal fait, comme celui du mal subit, allant  chercher très loin les  origines.

Bien malin celui qui peut distinguer, sans se tromper, le pourquoi d’un présent pouvant être la conséquence d’un  passé très lointain, lorsqu’il est question par exemple, du génocide arménien. Qui peut certifier aujourd’hui, que ce génocide n’a  pas laissé de traces  chez certains individus parfaitement intégrés dans la société au sein de laquelle ils évoluent.

Notons au passage  que ce qui est dit du génocide   arménien peut être   valable pour la traite des noirs. Où bien encore pour  le massacre autorisé  des amérindiens.

 Le subconscient collectif n’oublie pas les grandes injustices endurées  comme celles faites à autrui.

Qui oserait demander aux  juifs de ne pas se souvenir  des sévices sanglants que cette communauté   a subit pendant   des siècles ?

Comment une collectivité  agressée en permanence, peut-elle ne pas générer une

dose de fantasme inconscient, transmissible de génération en génération,

            surtout s’il est demandé de ne pas oublier  pour se garer d’une répétition ?

          Voici donc  la grande  question qui devrait être  à l’ordre du jour.:

L’occident, ne serait-il pas en train de régler la facture d’un boomerang mal lancé dans les temps médiévaux. ? Les croisades comme bien des victoires où défaites militaires n’ont étés que fiascos pour  l’humanité.

          

 Il est pour le moins étrange que l’homme qui vient d’être libéré de  trente années de prison pour tentative d’homicide contre  le pape ,  considéré comme chef suprême des croisés.par l’apprenti meurtrier, que l’on dit   anormal,  comme tous ceux qui osent s’attaquer à une personnalité  en vue. La raison uniforme de tels gestes individuels est si vite avancée qu’elle ne possède que très peu  de réalité

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A  la suite d’un long parcourt terrestre où maritime parsemé de conflits, de pillages de  massacres de non croyants où de juifs, la 1ere croisade de Pierre l’Ermite s’empare de Jérusalem le 15juillet1099 , juifs , musulmans ,hérétiques et chrétiens dissidents  sont allégrement égorgés dans un apocalyptique bain de sang déclaré mérité. La ville mise à  sac, plus de cinq cent villages disparaissent de la carte mais cette victoire impose au pape Urbain II de lancer une croisade de secours en 1101 pour stopper la supériorité des Fatimides d’Egypte bien décidés à faire payer le massacre de  Jérusalem.

 

 Ne reste t’il pas quelques résidus dans le subconscient  des  générations  survivantes. à ce massacre ?

Il serait étonnant qu’il en soit autrement, étant donné que l’évènement cité a été multiplié  au long de cette période de reconquête religieuse.

L’homme est il capable d’oublier sans avoir au préalable pardonné ?

L’histoire démontre que bien souvent les bains de sang, même éloignés dans le temps sont à même de générer un antagonisme inconscient   raciste ou  religieux sur le long terme. Les raisons de nos maux de  sociétés ne sont  pas à chercher simplement dans le politique le social ou l’économique contemporain ,ce serait chercher en aveugle, ils se trouvent plutôt dans le culturel invisible inscrit dans le  grand livre des comptes humains, dans lequel sont   définis l’indicible et l’impensé, qui justifient la mise à  mort, l’injustice, et entretiennent le rejet de l’autre par une peur inconsciente .

Bien sur ce livre de comptes ne se trouve pas en librairie.

Souhaitons que le boomerang lancé bien légèrement  sur 8 croisades armées  contre le musulman ne nous revienne pas trop lourd du poids des douleurs, des vieilles haines séculaires qu’elles ont provoquées passées en héritage de pères en fils.

L’Occident ne pourra retrouver la sérénité qu’en supprimant de son vocabulaire la primauté de mots  imprimés dans son cérébral collectif, le pouvoir,le sacré, l’absolu ,la vengeance, la différence, et l’exclusive possession de la vérité, le tout  ne pouvant s’acquérir, s’entretenir et s’imposer que dans la haine. Le reste n’est que possibles ignorances de l’humain, par aveuglement obtenu à vouloir absolument  connaître pour mieux   maitriser.

Le genre humain, depuis la nuit des temps agit avec une responsabilité d’existence de boomerangs qui cherchent toujours leurs lanceurs, payeurs de factures. Ils sont incommensurablement plus dangereux que la  simple épée du petit Damoclès.

 

Gérard Henri Barrau