Guy Sembic, dans son style, est avant tout un poète, c'est-à-dire un observateur né doublé d'une capacité extraordinaire à exprimer les petits bouts de rien, les émotions que nous avons tous ressentis dans notre solitude intérieure sans avoir pu (et voulu) en parler à personne. Par exemple dans "Pluie magique", qui met en scène la beauté féminine à travers le bruit des talons aiguilles sur un trottoir par temps de pluie, les visages ruisselants. Une scène mélancolique dont nous avons tous un jour "ressenti" la beauté. Il est très difficile de parler de ce texte, le lire peut seul nous en révéler la poésie, un peu comme "St-Girons plage" qui évoque une après-midi estivale dans une station balnéaire landaise. Quelques textes, recueillis dans Le chien vert ou partout ailleurs dans l'oeuvre de Guy Sembic, qui nous éclairent sur une facette essentielle de l'auteur : son amour de la vie et des femmes (souvent évoquées à travers de petits détails, parfois gentiment moqueurs comme dans "St-Girons plage", qui en révèlent la magie et la beauté). D'autres textes sont aussi, parfois, d'un érotisme beaucoup plus "raide", comme dans "Le vieux routard" commenté plus haut, mais la femme est toujours délicate et belle chez Guy Sembic, avec ses qualités immenses et ses petits défauts déclencheurs d'amour auprès de la gente masculine. "Pluie magique", ou quand la beauté ne jaillit pas de nos motivations, de nos idées, de nos projets, mais du petit détail qui nous échappe le plus souvent, et qui n'échappe pas à Guy Sembic.