Il y aurait d'abord une phrase : "Si tu méprises la vie, tu n'avances pas ; mais tu ne progresses pas non plus si tu ne prends pas la mort au sérieux". Selon moi une excellente définition de la sagesse. Le personnage de Gofun (peinte par Haru Asakaido alors qu'elle est près de mourir) est une artiste totale, capable de tout sacrifier à la beauté et à la sublimation de la vie. Tout n'est que blancheur (l'origine de l'univers, d'après le texte) chez elle, comme la céruse qui lui sert à la fois pour son art et pour son teint, et qui finira par la tuer. Mais, en fin de compte, "la mort ne fait que voiler la vie et les idées fausses qui l'entourent". L'un des éléments qui m'a le plus impressionné dans "Haru Asakaido", c'est le silence, la plénitude. Ces êtres sont à part, "illuminés" au bon sens du terme, ils ont cette capacité à voir plus loin que le commun des mortels. Grâce à Gofun, toujours, quand elle sert de modèle à Haru : "Avec la force de Gofun, elle pourrait parvenir sans peine à une création picturale s'écartant de la banale copie de la réalité objective". (Soit dit en passant, ne pourrait-ce pas être aussi une définition de l'art de J-L Flines ?) Le réel est saturé d'artifices, et seule la peinture peut nous ramener à l'essentiel. Haru, finalement, a appelé son portrait de Gofun "Gofun et le tatami du prochain rivage" ; j'aurais préféré le titre auquel avait pensé Gofun elle-même : "La porte de la Source". Porte que finira par franchir Haru elle-même au terme de l'ouvrage. Je n'en dis pas plus.